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Pulsions de mort

Des corbillards pour soulager les souffrances des Brazzavillois

Pulsions de mort et Nouvelle Espérance.

Qui oserait douter que la Nouvelle Espérance aime les Congolais à mort. Nous apprenons dans La Semaine Africaine du 22 janvier 2008, sous la plume de Pascal Azad Doko, que les Pompes Funèbres de la mairie de Brazzaville sont très contentes pour avoir reçu dix nouveaux corbillards. Ces dix véhicules de transport en commun, lit-on, "
soulagent, un tant soit peu, les souffrances des populations
bazzaviloises"
.
Qu’on ne s’y trompe pas. Ces automobiles donnent ipso facto un "un coup de jeunesse au parc de corbillards déjà vieillissant des Pompes funèbres municipales de Brazzaville."
Dans un pays où le système de santé semble à jamais enterré, c’est ce qui s’appelle "attaquer le problème en aval".

A en croire l’auteur de l’article, le directeur des Pompes Funèbres est content de ce cadeau macabre. Il meurt d’autant plus de joie pour ce don providentiel qu’il y a un an il reçut déjà de "nouvelles machines
de menuiserie, pour la fabrication
des cercueils."
. On ne peut pas donc pas dire que la municipalité manque d’attention pour ses adminitrés.
Le directeur des Pompes Funèbres Municipales,
Blaise Fayette Mikano, n’a en effet pas eu de mots assez tendres pour remercier Hugues Ngouelondelé, "ainsi (que) toute la délégation qui
l’accompagnait "
pour ce non moins funeste cadeau fait aux Congolais qui, comme chacun sait, détiennent de solides statistiques sur le registre funéraire. Le taux de mortalité est très élevé au Congo et, l’espérance de vie, selon les nouvelles données, ne dépasse guère les 50,5 ans. Autant dire qu’il s’agit d’une véritable aubaine pour les marchands de la mort qui font le sujet de l’article de La Semaine Africaine.

La Nouvelle Espérance aime les Congolais à mort

Puis, notre directeur des "croque-morts" a rappelé le don de machines de menuiserie fait il y a un an "pour un meilleur rendement" de l’industrie de la mort, l’une des rares à être prospère en ces temps de dure récession économique.
Voici quelques mois encore, comble de malheur, ces services mortuaires "accusaient un déficit criard en corbillards." Aujourd’hui ce n’est plus qu’un mauvais souvenir qu’il faut inhumer dans le cimetière de l’histoire. Avec les nouvelles voitures, le retard est désormais comblé.
Le maire de Brazzavlle, Hugues Ngouelondelé, la mort dans l’âme, a tenu à honorer la cérémonie de son immense présence. C’est d’ailleurs lui-même, en sa qualité de député-maire, qui "a, officiellement,
remis ces véhicules à la direction des Pompes
funèbres municipales"
ce jeudi 10 janvier 2008. Etaient présents à cette vitale cérémonie : "Blaise Fayette Mikano,
(les) membres du bureau exécutif du conseil, (les) directeurs
et chefs de services municipaux."

Ces dons vont alléger les dificultés des menuisiers dans la " fabrication des
cercueils
", une denrée rare alors qu’augmente chaque jour la demande.
La joie de tout le monde était d’autant moins feinte que les nouveaux catafalques roulants viennent rajeunir
un parc, déjà "vieillissant".
La direction des Pompes Funèbres ressent une " fierté" et suscite un "réel soulagement au sein des populations
de notre ville-capitale"
a dit, non sans émotion, Blaise Fayette Mikano, qui ne manque pas d’humour...noir.

Pour ce préposé à la gestion du funèbre en milieu urbain, ces véhicules de la mort " viennent à point
nommé, à l’orée de cette nouvelle
année 2008"
. Ils participent d’un geste qui représente un "cadeau
de nouvelle année"
et s’inscrivent dans la
"volonté du président de la République,
Denis Sassou Nguesso, dans la réalisation de
son projet de société « La Nouvelle Espérance »."

Ces messieurs de la Nouvelle Espérance, ayant lu Socrate, ont en tête le syllogisme à trois propositions : tout homme est mortel, or les Congolais sont des hommes, donc il y a du fric à se faire à leurs corps donnant.

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