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Disparus du Beach : la justice congolaise veut entendre des officiers

BRAZZAVILLE, 28 jan (AFP) - 13h10 - La justice veut entendre une vingtaine d’officiers congolais pour le rôle qu’ils auraient joué dans les disparitions de réfugiés qui rentraient en 1999 de la république démocratique du Congo (RDC), a-t-on appris mardi de source judiciaire à Brazzaville.
Aucun de ces officiers subalternes, pour la plupart de la police et de la garde républicaine, n’a répondu à une première convocation programmée la semaine dernière et une deuxième leur a été adressée par un juge d’instruction.

Ces officiers doivent être autorisés par leur hiérarchie pour comparaître, selon la loi congolaise.

"Nous pouvons inculper certains d’entre eux s’il existe de lourdes présomptions sur eux", a indiqué la source qui n’a pas précisé les fonctions de ces officiers au sein de la police ou de la garde républicaine.

Entre mai et juin 1999, des dizaines de Congolais auraient été arrêtés au beach fluvial de Brazzaville par les forces de sécurité, puis portés disparus, alors qu’ils rentraient d’exil de RDC où ils avaient fui les affrontements dans la capitale et dans la région voisine, le Pool (sud), opposant les troupes gouvernementales et les miliciens ninjas.

Ils étaient soupçonnés d’être des ninjas ou d’avoir commis des exactions contre les populations civiles.

Le rapatriement de ces réfugiés dans leur pays s’était déroulé sous l’égide du Haut Commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) avec l’accord des gouvernements de RDC et du Congo-Brazzaville.

Selon le comité des familles des disparus, le nombre de personnes arrêtées serait de 353.

Le comité estime que la plupart de ces réfugiés ont été arrêtés avec la complicité d’officiers supérieurs de l’armée ou de la police.

Les autorités congolaises affirment au contraire que le nombre des personnes portées disparues serait inférieur à celui avancé par le comité des familles, puisqu’au départ de RDC plusieurs réfugiés candidats au retour avaient renoncé à rentrer au Congo.

Trois rescapés de ces arrestations, réfugiés en France, ont porté plainte, au tribunal de Meaux (banlieue parisienne), contre le président Denis Sassou Nguesso, le ministre de l’intérieur, le général Pierre Oba, le commandant de la garde républicaine, le général Blaise Adoua et l’inspecteur général des armées, le général Norbert Dabira.

De son côté, la justice congolaise a ouvert une instruction pour faire la lumière sur cette affaire.

Le gouvernement congolais a demandé à la Cour internationale de La Haye de dessaisir la justice française de ce dossier, estimant qu’elle n’est pas compétente pour l’instruire.

Il a promis qu’un procès serait organisé à Brazzaville pour que les auteurs de ces arrestations et disparitions soient condamnés.

"Nous voulons entendre les officiers qui étaient en activité entre le 4 et le 5 mai 1999 parce que c’est au cours de ces deux journées qu’un grand nombre de réfugiés a été arrêté", a précisé la source judiciaire.

Plusieurs membres des familles des disparus ont déjà été entendus par un juge d’instruction.

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