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Impfondo : rien n’est prêt pour le 15 Août

Ville nouvelle

A moins de 15 jours du 15 août 2005, la ville d’Impfondo censée abriter les festivités ressemble encore à un vaste chantier sorti d’un western. Célèbrera-t-on les 45 ans de l’Indépendance au milieu des bulldozers et des bennes à ordure ou se rabattra-t-on, in fine, à...Oyo ?

Impfondo et Bacongo : même destin

Même si les disciples de la Nouvelle Espérance sont des "maçons" (leur maître en tout cas) , pour être franc, personne ne parierait qu’ils sont capables d’opérer le miracle de bâtir une ville nouvelle (Impfondo) en deux semaines c’est-à-dire avant le 15 août 2005.

A moins d’un mois de l’échéance, les autorités de la ville d’Impfondo pressentie pour accueillir le défilé du 15 août 2005 ne pourront pas dire qu’elles sont prêtes pour servir de théâtre aux festivités des 45 ans de notre Indépendance. Selon le député Upads Joseph Kignoumbi Kia Mboungou, cité par Mwinda, 20% seulement des travaux ont été effectués dans le cadre de la « municipalisation accélérée » de cette ville.

Avis aux naïfs qui donnent quitus à Sassou pour reconstruire Bacongo après qu’il ait rasé les vieilles habitations de ce quartier historique plein de vitalité. Si à Impfondo, malgré les sommes colossales générées par la rente pétrolière, rien n’a été construit, ce, en dépit des engagements solennels, on ne voit pas pourquoi à Bacongo (de surcroit zone politique qui lui est foncièrement hostile), ce dernier jouerait le rôle herculéen que joua le baron de Haussman, illustre rénovateur de Paris de la fin du 19è siècle.

Artère où se déroulera le défilé

A vrai dire « ville » est un concept bien prétentieux pour parler d’Impfondo et, le député Kignoumbi est bien indulgent, à mon sens, quand il parle de 20% de boulot réalisé. En vérité, rien, ou pratiquement rien n’a été encore fait à quelques jours de la date butoir du 15 août.

Sauf miracle, il faut craindre que les festivités du 45 ème anniversaire de l’indépendance du Congo ne soient annulées. Il reste au gouvernement congolais (si le cœur lui en dit ) l’option d’une fête nationale au beau milieu d’un chantier bordélique car l’état des travaux est incroyablement peu avancé. Osera-t-il le faire ? Malheureusement, le ridicule n’a plus jamais effrayé ces dirigeants. En d’autres termes, nos amis de la Nouvelle Espérance ne seront freinés par aucune pudeur. Courir le risque d’exposer aux officiels étrangers l’état misérable de la localité d’Impfondo ne les empêchera pas de dormir.

Impfondo : bout de piste

Etat des lieux

Imaginez (comme chez les cow-boy ) une grande avenue bordée de hangars et de taudis construits en toute hâte par des chercheurs d’or en attendant de les abandonner une fois le filon épuisé : c’est la physionomie qu’offre l’artère principale censée servir de cadre au grand défilé du 15 août. Vous auriez dit également des baraquements de quelque exploitant forestier pingre et décidé de ne pas planter définitivement sa tente dans les parages. Le long de l’axe principal pousse une forêt primaire, niche probable des célèbres gorilles bolobo. Le bruit des caterpillards a dû repousser dans les profondeurs de la masse forestière les Pygmées campant à l’orée de la ville. Seul signe patent de la modernité : les lampadaires plantés tous les cents ou cent cinquante mètres. Aucune maison à étage ; aucun squelette d’une probable tribune officielle. La route est en terre battue. On cherche en vain un tronçon goudronné. Je plains les "koro koro" qui vont marteler cette latérite si jamais il pleut le jour J.
Pensez à un vaste terrain vague sur lequel quelques bulldozers ont effectué des travaux de terrassement puis, imaginez sur le côté des crevasses boueuses : c’est la future piste d’atterrissage de l’aéroport d’Impfondo. Il faudra un sacré professionnalisme au pilote qui osera poser son zinc sur cette piste suicidaire.
Soudain surgit une piste bitumée, prolongement de la piste boueuse. On a peine à imaginer des coucous se posant sur ce terrain qu’on confondrait avec un segment du transamazonien au Brésil car on cherche en vain la tour de contrôle caractéristique de toute installation aéroportuaire. La piste est sans fin et semble mener nulle part.

Ville cruelle

Localité dont je n’avais jamais vu une seule image, je pensais Impfondo une cité louable ayant subi des mutations urbaines depuis que les spiritains, par le biais de Mgr Augouard, y foulèrent le sol au début du XXè siècle. Erreur. On aurait pensé que l’espoir viendrait avec la Nouvelle Espérance quand Sassou eut l’idée de "municipaliser" cette capitale septentrionale. Malheureusement c’était sans compter avec la fourberie de nos amis du PCT, qui après avoir mis un réseau de corruption sur place, ont fait semblant ensuite de jouer le jeu des appels d’offre. Les Chinois, pressentis, ont, tout de suite, reculé sur la pointe des pieds : trop de zones d’ombre. Les marécages de la vasière avaient trop l’allure d’une mare aux diables et, les experts de ce grand pays émergent (le dragon de l’extrême-orient), n’avaient pas de temps à perdre dans les chinoiseries de ces drôles d’Africains qui comptaient bâtir une Versailles en pleine forêt équatoriale et, encore, en moins d’un an !

Le diamant "katangais"

Difficile de comprendre que "frater" Sassou, néo franc-maçon, n’ait jamais intériorisé l’esprit des bâtisseurs de Cathédrales si remarquable aux "frères de lumière" du moyen-âge occidental. Que lui a-t-on appris donc dans ces loges dont les membres prêtent serment devant des symboles aussi significatifs que le compas, la truelle et l’équerre ? Qu’y apprend-on sinon avoir un esprit constructif aussi bien sur le plan matériel que sur le plan spirituel puisque, l’enjeu final est de réaliser le dessein du Grand Architecte !!!

Les faits sont têtus. Les faits sont là : Impfondo sera peut-être prête dans deux ans, mais pas dans deux semaines. Et pourtant, Impfondo eut été le St-Graal que "l’homme des masses" aurait montré à ses adversaires pour les faire taire définitivement. Au lieu de cela, la capitale de ses amis "katangais" ne lui aura servi qu’à enterrer définitivement la pierre philosophale grâce à laquelle il aurait pu faire briller sa "nouvelle espérance" présentée comme un diamant. Pour atteindre cette noble fin, ce n’était pas les moyens qui lui manquaient puisque, à en croire les échos de la bourse, le cours du pétrole est monté à 60$, c’est-à-dire à son niveau le plus haut.

Impfondo : piste d’aviation

La Nouvelle Espérance ne fait que voler d’échecs en échecs. Voici un an, nos finances subirent une profonde coupe sombre lorsque, devenu soudain mythomane, Sassou résolut de délocaliser l’organisation de la fête nationale à Pointe-Noire. Les Brazzavillois n’ont pas encore fini de payer les pots cassés de cette folie au sommet de l’Etat. Ils furent dépossédés d’un transformateur de la société nationale d’électricité (SNE). Depuis cette mésaventure, la pénurie d’électricité s’est aggravée dans la capitale. Mais, à la décharge de Sassou, disons que Lissouba fut le premier mégalomane à avoir organisé un défilé de 15 août sur la ville côtière. Juin 2005 : Route de l’Equateur, projet qui a davantage ruiné l’économie d’un pays déjà par terre. Juillet de la même année : Fespam, projet de prestige organisé dans une ville où le taux de chômage bat des records continentaux inégalés et où l’éducation et la santé sont considérées comme des domaines mineurs.

Nombres

Je reconstruirai ce Temple en trois jours dit Jésus aux Pharisiens ébahis. Plus loin Jésus ajouta : ce que j’ai fait vous serez capable de le faire en plus grand. A condition (car il y a une condition) d’observer les commandements de mon Père. L’un de ses commandement le voici : "point tu ne tueras". Impfondo, comme le Temple de Jérusalem, aurait pu être reconstruit en trois (cent soixante cinq) jours. C’est ça le miracle fondé sur la foi qui déplace les montagnes, abat les forêts, assèche les marécages, érige de nouvelles Jérusalem. Le sang de 356 Congolais a été versé. Vous organisez des procès où tout n’est que parjure. A quoi doit-on s’attendre sinon à des ruines ?

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