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L’Onu reste indésirable au Darfour, où au moins sept rebelles ont été tués

KHARTOUM (AFP) - Le Soudan campait mardi sur son refus de tout déploiement de casques bleus au Darfour, où les combats entre rebelles et forces gouvernementales ont fait au moins sept morts durant les dernières 24 heures.

« Les combats ont commencé hier (lundi) vers 08H00 à Oum Sidr », à une cinquantaine de kilomètres au nord d’Al-Facher, chef-lieu du Darfour du nord, a déclaré à l’AFP Ahmad Youssef, porte-parole du Front de salut national (NRF, rebelle).

« Sept combattants ont été tués et 10 autres blessés », a-t-il ajouté, faisant état de pertes « nombreuses » dans les rangs des forces gouvernementales.

Le porte-parole de l’armée à Khartoum n’était pas joignable pour commenter ces informations.

M. Youssef, qui a assuré qu’aucun civil n’avait été touché dans les affrontements, a précisé que l’armée avait utilisé des hélicoptères, en plus des troupes sur le terrain.

De son côté, Khalil Ibrahim, le dirigeant du Mouvement pour la justice et l’égalité (JEM), qui fait partie du NRF, a assuré qu’Oum Sidr était tombée aux mains des rebelles, dans des propos rapportés par le quotidien indépendant Al-Soudani.

« Malgré notre avancée militaire, le Front estime que la solution politique et le dialogue entre toutes les forces du Darfour sont le seul moyen pour régler le problème et pour empêcher une intervention internationale au Darfour », a dit M. Ibrahim.

Le NRF, créé fin juin par des rebelles du Darfour hostiles à l’accord de paix signé en mai entre le principal groupe rebelle, le Mouvement de libération du Soudan (SLM) et le gouvernement, compte, outre le JEM, une faction dissidente du SLM et un mouvement dénommé Alliance démocratique fédérale du Soudan (SFDA).

L’accord de mai n’a pas réussi à ramener le calme au Darfour (ouest), en proie depuis 2003 à un conflit meurtrier, les rebelles exigeant un partage plus équitable des richesses.

Face à la poursuite des violences, le Conseil de sécurité de l’Onu a voté fin août la résolution 1706, qui prévoit le transfert à des casques bleus des responsabilités de la force de l’Union africaine (UA), sous-financée et mal équipée, actuellement déployée au Darfour.

Le Soudan rejette catégoriquement un tel scénario, estimant qu’il s’agit d’une violation de sa souveraineté. Un député du Congrès national (CN, au pouvoir) a réitéré mardi la position de son pays, accusant le chef de l’Onu Kofi Annan d’être à la solde de Washington.

« Je n’ai pas été surpris par les propos de Kofi Annan devant le Conseil de sécurité. Annan est le fer de lance du complot monté par les Etats-Unis contre le Soudan », a déclaré le président de la commission législative du Parlement, Ismaïl Haj Moussa à la radio officielle d’Oumdourman.

Selon lui, ce « complot a commencé comme une campagne politique au sein de l’Onu et prend actuellement la forme d’une intervention militaire ».

M. Annan, a condamné lundi devant le Conseil de sécurité les violences au Darfour du nord. « Des milliers de forces gouvernementales ont été déployées dans ce secteur, en claire violation de l’accord de paix ».

Tout en dénonçant « fermement » cette escalade, M. Annan, qui dit craindre surtout pour la situation humanitaire dans cette région également touchée par la sécheresse, a appelé le gouvernement à « cesser son offensive immédiatement ».

Lundi, le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé que plus de 350.000 Soudanais n’avaient pas reçu d’aide alimentaire en août au Darfour du nord, à cause de l’insécurité.

Washington, qui avait poussé pour l’adoption de la 1706, a continué de son côté d’exercer des pressions sur Khartoum pour lui faire changer de position.

La secrétaire d’Etat, Condoleezza Rice, a ainsi indiqué lundi avoir dit à son homologue soudanais, Lam Akol, reçu à Washington, que l’amélioration des relations bilatérales dépendait de l’acceptation par son pays d’une force de l’Onu au Darfour.

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