email

Le boulevard énergétique congolais, en voie de concrétisation ?

A l’approche de l’échéance présidentielle, les réalisations s’emballent. Cela faisait longtemps que l’on avait pas vu une telle effervescence. Denis Sassou Nguesso soigne son image. Le secteur énergétique semble prendre son essor.

Remarque préalable qui n’excuse en rien les carences observables à ce jour
ou

Du comportement incivique des populations urbaines

Alors que les fournitures en énergie sont très insuffisantes on peut constater qu’un fait vient empirer la situation.
La rareté des installations électriques munies de compteurs à contraint la SNE [1] à mettre instituer un système de tarification forfaitaire injuste poussant au gaspillage.
Puisque les factures sont toujours les mêmes (que l’on reçoive ou non la prestation) à quoi bon s’inquiéter des ampoules et autres appareillages fonctionnant inutilement ? Dans l’immense majorité des foyers ainsi tarifés, personne ne se préoccupe d’éteindre durant la journée ou lorsque l’on sort d’une pièce. Le courant ainsi consommé fait forcément défaut auprès d’autres utilisateurs [2].
L’attitude des notables illuminant jour et nuit leurs demeures comme pour un spectacle « Son et Lumière » et qui abusent de leur position dominante pour éviter de payer leurs factures ajoute encore au problème.

Les partenaires

Deux partenaires tiennent le haut du pavé en matière énergétique :
 ENI, la société pétrolière italienne, qui finance la Centrale Electrique du Congo CEC à Ngoyo (Kouilou) et le secteur transport de là jusqu’à Brazzaville.
 La Chine qui a remis en état le barrage et la centrale électrique de Moukoukoulou et qui construit , sur la Léfini, le barrage d’Imboulou (Cuvette/Plateaux) et les lignes électriques qui en émanent.

Mouloukoulou

Les ponténégrins se posent de grandes questions depuis la remise en état du barrage et de l’usine de production. Depuis la fin des travaux aucune amélioration n’est constatée dans la fourniture de la précieuse énergie, les délestages ayant même tendance à devenir plus fréquents. Des quartiers qui étaient régulièrement approvisionnés ne le sont plus qu’un jour sur deux. Si, en contrepartie, les quartiers que n’étaient pratiquement jamais servis y avaient vu une amélioration, nous aurions pu parler d’une avancée vers l’équité. Il n’en est rien. En revanche, le secteur situé à gauche de la route de la raffinerie et en allant vers celle-ci depuis la route nationale 5, est alimenté à plein temps. Que Brune Jean-Richard Itoua, ci devant ministre de l’énergie demeure dans le secteur n’est que le fruit du hasard.
Le lac de retenue de Moukouloulou est en cours d’ensablement. Le volume d’eau stocké est insuffisant pour faire tourner l’ensemble des turbines à ce que l’on dit. IL serait nécessaire d’y réaliser des opérations de dragage,, mais que faire et où stocker les quantités phénoménales de matériaux à en extraire ? Seule l’éventuelle découverte de métaux précieux ou de gemmes exploitables dans ces alluvions permettrait d’en espérer l’extraction et le traitement.

Imboulou

La construction du barrage d’Imboulou, sur la Léfini fait couler beaucoup d’encre. Les uns présentent la mise en service de l’ouvrage en 2009 comme la panacée pour Brazzaville et le nord du pays. Les autres doutant de la suffisance de l’énergie produite et surtout de l’aptitude des chinois à remettre un ouvrage fonctionnel.
En ce qui concerne ce second point, en dehors de la grogne de la main d’œuvre congolaise payée très en dessous des minimums syndicaux, on est pas en mesure de juger de la qualité de l’ingénierie chinoise. Ce ne sont pas les rapports des bureaux de contrôle congolais qui nous rassureront sur ce point tant on connaît leur propension à la vénalité. Il nous faudra donc attendre la mise en eau et le début des turbinages pour nous faire une réelle idée de la qualité du travail fourni.
Promis pour 2009, sera-t-il fonctionnel avant les élections Présidentielle ? Les paris sont ouverts.

La Centrale Electrique du Congo

Ce séduisant projet, financé par Eni qui en assure aussi la maîtrise d’ouvrage, vise à produire de l’électricité à partir des gaz extraits du gisement pétrolier de Boundi, vendu par Zetah Maurel et Prom au pétrolier italien.
Après le semi échec de la première centrale à gaz de Djeno (aujourd’hui en cours de doublage) on espère un succès à cette entreprise qui sera sensée fournir 300MW à partir de ses deux premières tranches une troisième de 150MW supplémentaires étant optionnelle.
Les travaux de terrassement [3] du site devant recevoir les installations ont très largement débuté, le gazoduc Boundi Djeno est en cours de réalisation et les travaux de transport de l’énergie, confiés à ETDE, filiale du groupe Bouygues sont en phase préparatoire. Leur marché s’élèverait à 250 millions d’euros [4].
Le souhait de la présidence était celui d’une mise en service en 2009. Illusion évidente, les travaux à peine commencés, les entreprises se déclaraient déjà très en retard, les tracasseries administratives portant une large part de responsabilité dans celui-ci, comme à l’accoutumée.

Le boulevard énergétique

Cette promesse de Denis Sassou Nguesso semblerait donc en cours de réalisation si l’agitation actuelle ne se voit pas stoppée les élections passées.
Il faut sans doute relativiser notre enthousiasme. Si les niveaux production et transport de l’énergie peuvent au terme des travaux en cours être résolus, rien ne semble prévu pour le niveau final, celui de la distribution qui se fait à partir d’un réseau en ruines.
La vétusté des installations existantes ne permet certainement pas d’absorber le courant nécessaire aux usages domestiques.
Va-t-on vers la privatisation de cette distribution, impensable quand tout était à faire, on voit aujourd’hui de nouvelles perspectives. La SNPE [5] possède la production, la SNE [6] ne gardera-t-elle que le transport ? Vendront-elles le courant à un distributeur à trouver ?
Dans l’attente d’une telle éventualité on voit que le pays est encore loin de briller de tous ses feux.

Quid de la production ?

Si :
 L’énergie est disponible
 Elle ne peut être distribuée
N’est-il pas à redouter qu’elle ne soit uniquement employée à l’industrialisation du pays seulement envisageable si des mesure fiscales incitatives permettent l’implantation des investisseurs internationaux. L’avantage irait vers l’emploi mais les congolais devront alors encore attendre combien de temps pour remiser au grenier leurs lampes tempête et leurs groupes électrogènes ?

Laissez un commentaire
Les commentaires sont ouverts à tous. Ils font l'objet d'une modération après publication. Ils seront publiés dans leur intégralité ou supprimés s'ils sont jugés non conformes à la charte.

Recevez nos alertes

Recevez chaque matin dans votre boite mail, un condensé de l’actualité pour ne rien manquer.