
Le Conseil national de l’Initiative pour la Démocratie au Congo (IDC), a tenu, le samedi 14 mars 2020, à Brazzaville, sa session inaugurale.
201 délégués venus de tous les départements du pays ont pris part aux travaux à l’issue desquels Michel Mampouya, ancien ministre, deuxième vice-président du Conseil économique et social, mais aussi président du Parti pour la sauvegarde des valeurs républicaines (PSVR), a été élu coordonnateur général de cette plate-forme politique en remplacement de René Serge Blanchard Oba. Il revient donc à Michel Mampouya de coordonner et orienter l’action politique de l’IDC, surtout de la préparer à la prochaine élection présidentielle qui, selon le calendrier du pouvoir illégal de Brazzaville, aura lieu en 2021. Donc dans un an seulement.
« Nguiri ooo, Nguiri ooo ! Wu ningini kutu ! »
Dans son mot de circonstance ou de remerciement, le nouveau coordonnateur général de l’idc a, entre autres, appelé l’Opposition toute entière à l’unité d’action autour de la revendication du dialogue national inclusif, seule voie de salut pour notre pays.
Les échos de cet appel sont parvenus jusqu’à nous. Et, ils ne nous laissent pas indifférent même, en tant que Congolais.
Mais, avant de répondre à cet appel et de dire ce que nous, nous voulons faire et non ce que nous attendons de l’Opposition politique congolaise toute entière, permettez-nous, Monsieur le Coordonnateur, de vous dédier ce petit refrain : « Nguiri ooo, Nguiri ooo ! Wu ningini kutu ! » Pour tout simplement vous dire que nous acquiesçons à votre demande d’unité de l’Opposition congolaise. Ca fait un bail que nous attendons cette unité, mais en vain.
Cependant, pour bien articuler notre texte que nous voulons être une contribution, nous disséquons le message du président Michel Mampouya en trois thématiques : l’unité d’action, la revendication du dialogue national inclusif, et le dialogue comme étant la seule voie de salut pour notre pays.
Unité d’action
Le verbe unir utilisé qui veut dire mettre ensemble nous pousse à croire que le Coordonnateur de l’Idc est conscient de l’existence de deux ou plusieurs composantes de l’Opposition qu’il faudra maintenant assembler. Mais, ce travail exige l’élaboration d’une bonne stratégie et l’acquisition des outils nécessaires pour réaliser ce qui semble être l’une des priorités du Programme d’activité de Michel Mampouya.
Cependant, pour réussir à mettre ensemble toutes les composantes de l’Opposition politique congolaise, une discipline, une stratégie et une méthode de travail s’imposent. Les outils de travail sont offerts par la technologie qui permet de travailler même à distance.
Nous avons dit discipline, oui ! L’IDC doit premièrement se mettre au même pied d’égalité que toutes les autres composantes de l’Opposition : associations et partis politiques ainsi que les individualités ; deuxièmement, ne pas demander aux autres d’adhérer à sa politique ou sa vision ou encore son projet. Mais, faire que tout cela soit défini ensemble. Troisièmement, créer avec les autres composantes de l’Opposition, un espace composé des représentants de toutes les tendances. C’est cet espace qui doit orienter et coordonner le travail à faire.
Toutes les tendances de l’Opposition doivent être représentées. Quatrièmement, vu le temps qui est passé, l’Opposition congolaise ne doit plus vivre au rythme des battements du cœur de Denis Sassou Nguesso c’est-à-dire ne jouer qu’à la défensive ou l’attentisme. L’Opposition doit maintenant attaquer. Au football, on ne gagne pas un match, en ne jouant qu’à la défensive. L’équipe doit attaquer et marquer les buts. Or, jusque-là l’Opposition congolais, dans toute sa diversité, ne fait que jouer à la défensive, se borner à réagir à la politique du pouvoir de Brazzaville.
Le rôle de l’Opposition congolaise a été réduit à celui d’un journaliste de la presse présidentielle qui ne fait qu’analyser et commenter les discours du président de la république. C’est pourquoi nous pensons que le premier travail à faire ensemble est celui de rédiger un Projet de Société du Congo (voir la définition du concept dans notre livre Jean-Marie Michel Mokoko, Mon président, 205 pages, 2019, Edilivre). Il ne s’agit plus d’écrire un Mémorandum dans lequel on expose un point de vue sur une question donnée.
Dans la rédaction du Projet de Société, chaque composante de l’Opposition peut faire des propositions écrites (20 pages saisies à l’ordinateur, maximum). Elle pourra aussi se servir des réseaux sociaux (chaines de télévision, journaux en ligne) pour faire connaitre toutes les contributions au Congo et dans la diaspora. Une commission dont les membres peuvent être au Congo et à l’étranger se chargera de prendre en compte toutes les contributions. Cette Commission rédigera le Projet de Société qu’il faudra imprimer et distribuer largement à tous les Congolais pour leur montrer d’avance le Congo dans lequel nous voulons vivre après Denis Sassou Nguesso.
Le dialogue national inclusif, c’est du passé !
A un an de l’élection présidentielle, nous pensons que le dialogue national inclusif, la Conférence internationale et la Conférence nationale souveraine sont devenus des leurres. Prendre l’une de ces voies, nous obligera à accepter les propositions de Pascal Tsaty Mabiala qui veut que l’on reporte les élections et prolonge le mandat illégal de Denis Sassou Nguesso. Parce que, à un an de l’élection présidentielle, on ne peut pas tout faire : dialogue national ou Conférence internationale ou encore Conférence nationale souveraine, recensement et élection présidentielle. Soyons réalistes !
Le temps est trop court ! Et, les Congolais n’ont plus besoin de tous ces machins. Ils veulent en découdre autrement avec Denis Sassou Nguesso et tout son système. Le chasser lui et ses complices comme des mouches. Il n’y a plus rien à perdre avec lui. Le vent de la révolution va bientôt souffler au Congo. Ne soyez pas incrédules !
C’est pourquoi nous pensons que la revendication du dialogue national inclusif que vous proposez, Monsieur le Coordonnateur, risque de ralentir l’élan des Congolais. Les Congolais sont prêts à descendre dans la rue. Ils n’attentent qu’un acte qui va choquer la conscience nationale et faire déborder le vase pour que le tsunami politique ait lieu au Congo. Ce n’est qu’une affaire de temps.
Gardez votre souffle et tenez-vous tranquille, Mon Vieux, les Congolais n’attendront pas cette fois-ci un appel ou l’ordre d’un leader politique. Le soulèvement sera spontané quand l’heure arrivera. Un fruit peut tomber sous le coup du vent. Il peut être cueilli par l’homme ou un animal. Comme aussi il peut tomber parce qu’il est tout simplement pourri. Or, le pouvoir de Brazzaville fait fasse à toutes ces trois possibilités. Il se trouve dans tous ces états.
Pourtant, les Congolais peuvent prendre rendez-vous le jour de l’annonce de la candidature de Denis Sassou Nguesso, ou celle de son fils Christel Denis Sassou Nguesso, ou encore celle d’un autre « médiocre » du Parti Congolais du Travail. Laissez Sassou Nguesso finir son mandat aussi illégal soit-il. Mais, prenons rendez-vous en 2021. D’ailleurs, laissons-lui le temps de mener la guerre contre son propre camp pour que les contradictions au sein du pouvoir et du clan accélèrent le pourrissement du fruit.
Les grands rendez-vous après 2021
Quand on va à la guerre, il faut s’armer de courage et croire déjà à la victoire. C’est pourquoi, nous nous permettons de proposer les grands rendez-vous d’après 2021. Dans notre agenda, nous retenons la Conférence Nationale Souveraine et la Conférence internationale sous l’égide de la Communauté internationale.
La Conférence nationale souveraine, les Congolais en auront besoin pour proposer et légaliser le Projet de Société qui a été conçu par l’Opposition ; répertorier les crimes de sang, de démocratie et économiques commis par les dignitaires du pouvoir de Brazzaville, et voir ceux qui peuvent faire l’objet des poursuites judicaires au Congo ou devant les tribunaux internationaux ; les affaires qui peuvent être réglées par la Commission Paix et Réconciliation.
La Conférence Internationale sous l’égide de la Communauté internationale, les Congolais la voudront nécessairement pour présenter le nouveau Projet de Société , demander son assistance dans la préparation des élections générales, le rapatriement de l’argent public volé et caché dans les paradis fiscaux, l’ouverture des procès des grandes affaires comme celles des disparus du Beach, des Bien mal acquis, du génocide du Pool, la guerre de 1997-2000, et l’Opération Mouébara.
Mais, aussi la résiliation du contrat actuel du Congo avec le Fmi, et la renégociation d’un autre contrat. Tout ceci sous-entend qu’il faudra, après la fin du système Sassou, avoir à tout prix une période de transition pour rédiger la nouvelle constitution et organiser des élections générales.
Cependant, pour aller aux élections générales, et du fait que les médiocres ne seront plus au pouvoir parce qu’ils seront soit en exil à l’étranger soit dans les prisons, les composantes de l’Opposition ont deux choix, il y a un premier choix : organiser les Primaires de l’Opposition pour choisir le seul et unique candidat à l’élection présidentielle.
Deuxième choix : laisser les associations et les partis politiques ainsi que les individualités s’organiser eux-mêmes. Car, il ne faudra pas mettre fin à la diversité des politiques.
Voila, Monsieur le Coordonnateur de l’IDC, la voie que nous vous proposons, particulièrement, et à tous les Congolais pour faire une unité d’action, et mettre fin au système de Sassou Nguesso.
Serge Armand Zanzala, journaliste et écrivain