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Thaïlande : les putschistes reçoivent l’investiture royale

BANGKOK (AFP) - Les généraux désormais au pouvoir à Bangkok ont été officiellement investis vendredi dans leurs fonctions à la tête du pays, conformément à un décret , lors d’une cérémonie diffusée par la télévision.

La veille, les auteurs du coup d’Etat en Thaïlande avaient interdit les réunions politiques et s’étaient arrogé de nouvelles prérogatives, alors que le Premier ministre renversé annonçait prendre un « repos mérité » après avoir appelé à de nouvelles élections.

En grand uniforme blanc de cérémonie, le chef de la junte au pouvoir, le général Sonthi Boonyaratglin, s’est agenouillé vendredi devant un portrait du roi posé sur un autel fleuri, puis il s’est incliné en signe de respect.

Peu avant un officier avait lu le décret royal nommant le général Sonthi à la tête de l’exécutif intérimaire, baptisé « Conseil pour la réforme démocratique sous la monarchie constitutionnelle ».

Tous les autres officiers de la junte, également habillés de blanc, épée sur le côté, se sont inclinés ensemble devant le portrait du monarque Bhumibol Adulyadej, immensément révéré.

Les militaires ont par ailleurs commencé à désarmer des milliers de gardes forestiers en possession de fusils dans les parcs nationaux du pays, a annoncé vendredi un responsable de l’armée.

Plusieurs des proches lieutenants de l’ex-chef du gouvernement sont détenus à Bangkok, d’autres ont été limogés. M. Thaksin a finalement jeté l’éponge depuis Londres, au moins provisoirement, prenant acte de son renversement avec le soutien tacite du vieux roi et l’approbation d’une majorité des habitants.

« Nous espérons que le nouveau régime organisera rapidement des élections législatives et maintiendra les principes de la démocratie, pour l’avenir de tous les Thaïlandais », a indiqué M. Thaksin, avant d’apparaître un sourire aux lèvres dans un quartier huppé de la capitale britannique où il s’est réfugié.

Les Etats-Unis ont annoncé qu’il réexaminaient leur aide à la Thaïlande en raison du coup d’Etat militaire.

Dans une série de déclarations officielles lues par un présentateur à la télévision, les auteurs du coup d’Etat ont soufflé le froid après avoir promis la veille qu’ils rendraient rapidement le pouvoir à des civils.

Ils ont d’abord confirmé leur volonté de contrôle de l’information. Les responsables de chaînes de télévision ont été convoqués au quartier général de l’armée, alors que certains officiers se sont plaints de SMS envoyés par des téléspectateurs.

Ils ont ensuite interdit aux partis politiques d’organiser des réunions ou de mener toute autre activité.

« En vue de maintenir la loi et l’ordre, les réunions de partis politiques et l’organisation d’autres activités politiques sont interdites », a indiqué le présentateur.

Celui-ci est réapparu dans la soirée pour lire un nouveau communiqué selon lequel les auteurs du coup d’Etat s’autorisaient désormais à promulguer les lois en l’absence du Parlement suspendu.

« Dans l’intérêt du pays, étant donné qu’il n’a plus d’Assemblée ni de Sénat, les lois requérant une adoption par l’Assemblée et le Sénat seront promulguées (par l’exécutif militaire intérimaire) », a indiqué le texte.

La reprise en main s’est également manifestée dans la convocation jeudi de deux ex-ministres proches de M. Thaksin.

Au total, au moins quatre lieutenants de M. Thaksin restaient détenus dans la soirée.

Enfin, les auteurs du coup d’Etat ont annoncé jeudi avoir limogé quatre personnalités, dont le chef des services de renseignements et les numéros deux et trois de la police.

Le général , 59 ans, auteur du coup d’Etat de mardi, a assuré bénéficier de l’assentiment du roi Bhumibol, 78 ans, très vénéré en Thaïlande, pour conduire l’exécutif intérimaire, qu’il a baptisé « Conseil pour la réforme démocratique sous la monarchie constitutionnelle ».

Tandis qu’il asseyait son autorité dans la capitale, celle-ci a retrouvé jeudi une apparence quasi-normale malgré la présence des soldats.

Ecoles, banques et édifices publics ont rouvert et le nombre de chars a été réduit devant le siège du gouvernement : quatre s’y trouvaient jeudi, premier jour non chômé depuis le renversement de M. Thaksin, contre une dizaine la veille.

Les blindés positionnés sur la principale artère de Bangkok menant aux ministères ont eux aussi été retirés pour que la circulation puisse reprendre.

Des soldats apparemment plus décontractés que mardi patrouillaient toujours dans les rues de la capitale du royaume qui n’avait pas connu de putsch depuis 15 ans.

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