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TotalFinaElf : le bras de fer congolais

Les relations entre la compagnie française et le Congo-Brazzaville ne baignent pas dans l’huile et le gouvernement congolais mène la vie dure au pétrolier. François Malye et Marc Nexon La brouille est sérieuse entre TotalFinaElf et l’une de ses plus belles chasses gardées : le Congo-Brazzaville, troisième pays producteur de l’Afrique de l’Ouest, derrière le Nigeria et l’Angola. Refus de permis d’exploitation, contrôle fiscal, investissements contestés : le gouvernement congolais mène la vie dure à la compagnie française. Enjeu : une somme de plus 500 millions de dollars réclamée par Brazzaville au pétrolier.

Le litige traîne depuis cinq ans, mais la crise a éclaté le 9 janvier. Ce jour-là, le conseil des ministres du Congo a refusé à TotalFinaElf le droit de poursuivre l’exploration de ses fonds marins. Du jamais-vu pour la compagnie, engagée dans le pays depuis un demi-siècle ! Et un coup dur pour ses intérêts, qui représentent les deux tiers de la production pétrolière du Congo.

Brazzaville reproche à TotalFinaElf d’avoir surinvesti sur sa principale plate-forme pétrolière, N’Kossa, mais aussi d’avoir racheté à « vil prix » les parts de l’Etat congolais dans l’ex-filiale d’Elf, une transaction effectuée sous le régime du président Pascal Lissouba. D’où le dédommagement exigé. « Nous ne sommes pas contents de cette situation, martèle Jean-Baptiste Tati-Loutard, le ministre congolais des Hydrocarbures. Nous supportons ce contentieux depuis cinq ans, c’est très lourd pour nous. » « Nous étions arrivés à un accord en novembre, renchérit un haut fonctionnaire congolais. Total a réuni son comité exécutif et les faucons l’ont emporté puisque le groupe est revenu sur ses propositions. »

Au siège de la compagnie, on réfute en bloc les accusations. « Nos amis congolais refont l’histoire. Qu’ils portent l’affaire devant le tribunal arbitral international s’ils s’estiment lésés ! » Autre argument : le faible rendement des champs en exploitation. « La production pétrolière diminue de 13 % par an ; la géologie est difficile et la fiscalité très lourde. Du coup, l’activité peut devenir très fragile si le prix du baril chute à 17 dollars », explique Christian Lamarre, le responsable du Congo chez Total. Traduisez : « Le Congo n’est pas la terre promise, qu’il arrête de se plaindre ! »

Face à l’inflexibilité de TotalFinaElf, le gouvernement de Sassou-Nguesso use les nerfs de son adversaire. Il le soumet ces jours-ci à un contrôle fiscal corsé et brandit la menace ultime : « Les Américains arrivent [ChevronTexaco], prévient un hiérarque congolais. Nous préférons travailler avec ceux que nous connaissons bien, mais tout dépendra de l’attitude de Total... »

François Malye et Marc Nexon

© Le Point 07/02/03 - N°1586.

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