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Carnet noir

Catastrophe du Stade Ornano : « Circulez, il n’y a rien à voir » (Thierry-Paul Ifoundza)

Catastrophe du Stade Ornano : « Circulez, il n’y a rien à voir » (Thierry-Paul Ifoundza)

Dans la nuit du 20 novembre dernier, une quarantaine de jeunes congolais, voire plus, ont trouvé la mort dans un mouvement de foule au stade d’Ornano, lors d’une séance de recrutement dans l’armée.

Pour Thierry-Paul Ifoundza, médecin-pneumologue basé en France, écrivain et président de l’association ACB-J3M France, rien de stupéfiant à cette hécatombe : il suffit de remonter le temps pour savoir que les autorités congolaises restent à jamais dans l’amateurisme le plus abject possible.

Pourquoi rien ne vous choque dans ce nouveau drame ?

Thierry-Paul Ifoundza  : à l’aune des drames passés que le Congo a connus, on ne peut plus s’émouvoir de l’hécatombe du stade d’Ornano face à Nganga Edouard . Je me souviens des explosions de Mpila en 2012, à Ouenzé. J’avais fait le déplacement en compagnie d’autres médecins congolais de l’étranger et, une fois sur place, c’était un abasourdissement. Une convulsion. En fait, les autorités congolaises de fait n’ont jamais intégré la notion de prévention de risques dans leur mode de gouvernance, fut-elle mafieuse. Sans honte ni autocritique, elles tentent de minimiser l’ampleur des catastrophes humaines en dissimulant le nombre réel des victimes et des sinistrés. Combien étaient-elles les victimes de ces explosions ? Combien sont-elles les victimes du stade d’Ornano ?

Pour vous, les autorités congolaises sont irréductibles à la vérité…

TPI  : c’est la nature même des régimes politiques autocratiques ! Plus encore au Congo-Brazzaville où les autorités congolaises se complaisent dans la magouille et le noir. De fait, pour ces types au pouvoir au Congo, tout drame est une fatalité, alors circulez, il n’y a rien à voir. Et ce n’est pas la mise en scène pathétique du procureur de la République qui infléchira cette funeste attitude.

Donc pour vous il n’y aura pas d’enquêtes à la suite du drame du Stade d’Ornano ?

TPI : il faut être naïf pour espérer une véritable enquête sous le Congo de Sassou. Toujours juste ses affidés pondront-ils des phrases déphasées ici et là pour montrer au monde entier qu’ils peuvent rendre compte de la vérité. Mais au-delà de cette indolence complaisante, calculée même, se pose la question de l’employabilité des jeunes congolais. Dans la mesure où le Congo ne sait pas définir le verbe « créer  », la seule institution qui embauche, c’est l’armée. Le drame de lundi présente cependant l’avantage de mettre les autorités congolaises face à leurs incuries, cupidités et magouilles, si tant est qu’elles soient capables de remise en cause. Comment en 2023, peut-on encore organiser des séances de recrutement physiques nocturnes ? L’internet n’y existe pas ? Si tel est le cas, on ne doit plus parler de la fameuse fibre optique que les différents ministres rabâchent comme une symphonie.

Que peuvent faire les Congolais pour entrevoir une lueur d’espoir ?

TPI  : je fonds en larmes quand je constate cet effet-spectateur de mes compatriotes. Aucune protestation populaire, peut-être à cause de la brutalité et la violence du régime de Sassou… Cependant tout a une limite…

Propos recueillis par la Rédaction

Dr. Thierry-Paul Ifoundza, Président de l’association ACB-J3M France

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