email
Kafkaïen

Koffi contre Koffi

L’impensable est arrivé dans l’art. Un courtisan du régime de Sassou (Koffi Olomidé) a porté plainte contre sa caricature (Koffi de Brazza).

Soulignons ici l’hypocrisie des chroniqueurs de musique brazzavillois. Qu’attendent-ils d’un système capable de forcer une jeunesse affamée de remplir un stade de foot pour les beaux yeux de Roga-Roga ? Aujourd’hui ça verse des larmes de crocodile sur le sort d’un musicien comédien alors que ce dernier n’aurait jamais été inquiété par Koffi Olomidé si Sassou avait posé son véto. On oublie un peu vite que Koffi appela à voter Sassou. Or Sassou n’est pas ingrat de ce point de vue. Il sait renvoyer l’ascenseur. Donc Koffi à Brazzaville est en terrain conquis. C’est son fief, sa mine d’or...

Une affaire ténébreuse

ACTE I scène 1 : Antoine Christophe Agbepa Mumba dit Koffi Olomidé nie toute implication dans la cabale contre son sosie de Brazza. Koffi désavoue les membres du Bureau ovale et leur interdit toute prise de parole.

On croit la tragicomédie close.

ACTE II scène 1 : Koffi convoque à la barre Mouandza Lounianga Faustin Prosper alias Koffi de Brazza. Incroyable mais pas faux.

Le public est en émoi, surtout les chroniqueurs. Koffi a osé franchir le Rubicon. Le con !

Koffi a joué d’un instrument qu’il aime bien : le violon (prison en argot) .

Souvent ça sonne faux puisqu’il perd généralement ses procès. Comme contre Suzuki 4x4 ou dans l’affaire des danseuses kidnappées à Paris.

« L’homme est coutumier des voltefaces » commente, au micro de Christel Maswaku, Adricha le porte-parole de Wenge Maison-mère en Angola.

« Koffi de Brazza aurait dû imiter Nyoka Longo ou Madilu Système. Pourquoi avoir choisi le plus méchant ! » regrette l’ambassadeur de Wéra en Angola.

Libanga na molili

Au bout du compte dans le premier ACTE, Koffi Mopao, gros plaisantin, s’était abrité derrière son petit doigt. La pierre, c’était lui qui l’avait lancée depuis son bureau ovale. Ensuite il a fait l’innocent.

Les raisins de la colère

Le mobile de la bile de Koffi ? Ce n’est pas une question d’argent comme le soutient le Bureau Ovale. En dépit du fait qu’il croque le milliardaire de Ma Campagne, Koffi de Brazza ne roule pas sur l’or. Ca ne lui rapporte rien, nada, nkatu..

« C’est l’effet miroir » dirait Freud. Koffi qui se sait beau n’a jamais supporté l’image de singe que lui renvoie en pleine gueule son mime brazzavillois.

Mouandza Faustin Prosper a eu raison de lui en deux ans seulement de caricature. Mopao a craqué. Que diraient les hommes politiques caricaturés par les Guignols depuis des années ?

Au contraire, nombre d’entre eux en réclament car ne pas figurer parmi les caricatures équivaut à une mort politique..
Il paraît que rien ne vaut une campagne politique qu’un mannequin pastiché aux guignols de l’information.

Ce postulat ne semble pas admis pour Koffi, lui qui se dit « Danger » (caïd insurmontable en argot lingala) c’est-à-dire condamné à être aimé, adulé ; déifié, mythifié malgré tout.

De ce fait quand Koffi de Brazza a osé transgresser la sacro-sainte règle, la riposte de Danger Rambo Mopawo Sarkozy, Benoît XVI ne s’est pas fait attendre.

Il a simplement traduit le sosie en Justice. Non pas à Kinshasa mais chez lui à Brazzaville.

Marteau-pilon

Utiliser un tribunal comme celui de Brazzaville dirigé de main de maître par un certain Oko Ngakala pour faire taire un artiste brazzavillois c’est non seulement écraser une mouche avec un marteau-pilon mais également « coucher chez l’ennemi » car après tout Koffi de Brazza est chez lui à Brazzaville et comme dirait Glwadys Mindouli, c’est une affaire « Entre Congolais ».

En somme, le « likofi », le coup de poing de Koffi a été perçu comme de l’artillerie lourde pour des peccadilles.

« Ce n’est pas élégant » ont estimé, unanimes, ceux qui ont découvert cette chronique de chiffonniers.

Mais que cherche Koffi de Kinshasa ? Sûr de son Droit, la requête de Mopao repose sur un ultimatum : que Koffi de Brazza efface tout ce qu’il a posté sur les réseaux sociaux.

Rien que ça.

Et le plus inquiétant c’est que le plaignant peut avoir gain de cause. Car, comme on sait, le Congo de Sassou est un modèle inachevé d’Etat de Droit. Jean-Marie Michel Mokoko et Okombi-Salissa peuvent en témoigner. Marclel Ntsourou et Guy Brice Parfait Kolélas aussi... à titre posthume.

Et Koffi de Mbinza est chez lui en Sassouland comme un requin dans l’eau. L’auteur de l’album « Monde Arabe » est capable de faire des ravages comme dans « Les dents de la mer ».

Koffi de Brazza n’a qu’à bien se tenir.

Sisyphe

Il ne reste pas moins que dire à Mouandza Loumwinga Faustin Prosper de ne plus rien dire sur sur son idole adorée, autant demander à Sisyphe de remonter la pierre au sommet du rocher. Or le mythe dit que la roche retombe à chaque tentative.

Espiègle, il n’est pas sur que Koffi de Brazza se laisse intimider par Rambo. Qui a bu boira. A chaque star sa doublure. Koffi de Mavoula remettra le couvert. Qui a pu, pourra. Oui mais Koffi de Kin estime que Koffi de Mfoa le pourrit. « Vous avez vu les imitations ! » ont gémi les « juristes » du Bureau Ovale. Rambo ne se reconnaît pas. « Non, je ne suis pas lui ! » juge le bel ami Koffi offensé.

Oyé, oyé, soutien

Petit Werrason (sosie de Werrason) très indigné a douté que son « collègue et ami » Koffi de Brazza obtempère aux sommations de grand Koffi. « Comme par coup de baguette magique l’imitateur va aussitôt changer de style ? »

Pour le double de Werra, le doublon de Koffi doit continuer ses parodies. Advienne que pourra. « Il a mon soutien » a clamé le double de Werrason. Il lui ressemble comme trois gouttes d’eau.

Des Juges aux ordres

L’idiot et schizophrène nommé Oko Ngakala André, procureur de la République n’a jamais inquiété les délinquants du clan Nguesso. Sa proie ce sont les faibles comme ce surveillant général du collège Nganga Edouard présumé coupable de viol par abus d’autorité et de harcèlement sexuel. Des voleurs d’œufs quoi ! Jamais les voleurs de bœufs.
Qu’il ait reçu la plainte du griot Koffi, ça ressemble à la fois à la collusion, au conflit d’intérêt, au délit d’initié et au trafic d’influence.

Quand le rat de brousse franchit le seuil de la maison, il y est invité par le rat domestique. L’audace de Mopao relève de la complicité interne, de la collision, de la collusion et de la corruption. La théorie du complot tient la route. En dictature le métier de caricaturiste est une hérésie. L’acte est aussi dangereux que caricaturer le Prophète en Islam.

Ce Koffi de Brazza, on le voyait venir avec ses gros sabots. « De Koffi à Nguesso, le pas de la parodie est vite franchi » a estimé Thierry Moungala.

Ouverture de parenthèse : le PCT devra payer les droits d’auteurs à Charlemagne pour avoir repris sans autorisation au cours d’une réunion du Parti la chanson paillarde des Chevaliers de la Table ronde. Aux ayants droits de Mobutu aussi pour avoir repris les chants de propagande du groupe Kaké. Parenthèse fermée.

Contrôle

« Je contrôle les autorités de Brazzaville » se serait vanté le griot kinois avant de traîner devant le prétoire son sosie brazzavillois.

L’influenceur Héritier Deneskins au micro de Christel Maswaku n’a pas eu de mots assez durs pour fustiger l’arrogance de Koffi en se prenant comme un ministre sans portefeuille de Sassou. Pire : son portefeuille est plein grâce au pétrole congolais. Il a investi dans l’immobilier kinois avec la bénédiction du chef de l’Etat du pays où vit et galère Koffi de Brazza.

« Au début on a pensé à un fake-news, que, de toute façon, la plainte serait irrecevable » s’est étonnée avec colère la chroniqueuse Paule Ekibat sur le plateau de Hugues Vogel Decybel.

« Non Koffi n’y est pour rien » a tenté de faire croire sa nouvelle épouse Cindy le coeur elle-même aussi doublée par Cindy le Poumon dans les gags du vrai faux Koffi - rive droite.

ACTE II scène 1 : Sans surprise, par un matin de saison sèche, Koffi de Brazza a été froidement entendu au bureau du procureur, lundi 3 juillet 2023.

C’est dire combien l’amuseur public de Kinshasa contrôle réellement la classe politique d’Oyo. Koffi ministre de la Justice du gouvernement Collinet Makosso ou doublon de Zéphirin Mboulou ministre de l’Intérieur ? Va savoir.

La rapidité de l’éclair

Entre l’ultimatum du Bureau Ovale et le passage à l’acte de Mopao, les choses sont allées vite.

Ca s’appelle Justice-éclair ; l’inverse du « châtiment au pied boiteux » d’Horace ou la lenteur de la Justice. La procédure de Koffi a été rapide au Congo de Sassou. C’est à la tête du client. Sassou n’a jamais caché sa sympathie envers le chanteur.

On sait pourquoi cette diligence.

Koffi Olomidé est le plus grand pourvoyeur libidinal de la débauche des adeptes du « Lé dja lé nwa » et le clan Nguesso passe pour le plus gros client des fantasmes véhiculés par le saltimbanque de Mont-Fleuri dans ses chansons soupe-au-lait.

Roga-Roga

Nombre de chroniqueurs, d’artistes, d’amis et d’anonymes étaient présents au Tribunal pour épauler l’humoriste.

Toutefois le sentiment patriotique tant vanté par l’homme qui a retourné Massamba-Débat ne s’est pas trop vu ce lundi.

Ce lundi du mois de juillet on a noté en fait l’absence remarquable de Roga-Roga parmi les soutiens de Koffi de Brazza alors que l’ami Zébira fut le premier à monter au créneau quand Mopao tira à balle réelle sur le comédien brazzavillois peu avant « Massamba-Débat ». Les soutiens de la première heure sont souvent des leurres.

Les véritables intentions de Koffi de Brazza

A notre avis, Antoine Agakpé dit Koffi a tiré sa plus mauvaise carte. Car tout mielleux que Koffi de Brazza puisse paraître envers son « idole » depuis qu’il a commencé ses caricatures, l’artiste parodiste est en définitive un redoutable pit-bull.

Sa cruauté a subtilement fait surface immédiatement après l’ultimatum du tristement célèbre Bureau Ovale.

Comme pour montrer qu’il pissait littéralement sur son idole Kinoise, Koffi de Brazza a riposté aux chiens de garde du Bureau ovale par une petite vidéo où il tourne en dérision le métier d’avocat.

Comme Jacques Okoko, sonné par la plaidoirie de Me Mbemba, jura en 1978 ne plus jamais manger d’avocat (fruit), Mouandza Prosper dit Koffi de Brazza a utilisé une cocasse métaphore fruitière pour se foutre des avocats que le Bureau Ovale a promis lancer contre notre compatriote si jamais il persistait de plagier leur patron Antoine Koffi.

Mopao est très mal barré.

Le paradoxe de la blague qui tue

Enfant on a tous vécu le phénomène des méchantes blagues. Au cours d’une dispute, plus tu montrais ta colère envers tes moqueurs, plus ceux-ci doublaient la « charge ».

Rambo Mopao a commis la première bêtise fatale de sa vie.

Il a fourni le fouet à Koffi de Brazza (devenu star grâce à la bêtise de Benoît XVI) de le chicoter, de jouer avec ses nerfs.

Ca ne fait que commencer. En somme, « qu’il ne s’arrête pas ». Surtout pas. Quelle que soit la décision des Juges iniques de Mpila. Koffi de Brazza gagnerait à continuer ses caricatures. Antoinette Sassou Tchibota, Claudia Sassou, Sassou Mathurin sont tous fous à mourir du saltimbanque de Mbinza Ma Campagne. Alors ils riront jaune puisque plus on interdit, plus on pousse à la transgression du tabou.

Stupides comme une oie, les militants PCT de Mpila déguisés en juges donneront sûrement raison à leur griot d’outre-fleuve.

Mais quel que soit le verdict d’André Oko Ngakala, la chute de Koffi de Kin est on ne peut plus entamée.

Koffi de Brazza est soutenu par une foule de sympathisants, de mélomanes, d’artistes endossant, une fois n’est pas coutume, la tunique du patriotisme. Tout le monde, sauf Roga-Roga. Le vainqueur de Massamba-Débat n’a pas été aperçu sur l’esplanade du Palais de Justice de Brazzaville ce lundi 3 juin 2023.

Ce sera le combat du pot de terre contre le pot de fer.

« Sosso a méli ngando »

David contre le Goliath de la rumba kinoise. La Bible nous renseigne sur l’issue du combat.
Koffi persona non grata à Brazzaville et au Fespam.
C’est ça le meilleur verdict suite à sa stupide procédure.

Du grand Mopao on peut parler aussi du grand pillage qu’il a commis dans la musique brazzavilloise.
Baguin Mokugna chanta dans Négro-Band « Antoine yo moyibi ». Mon ami Koffi a copieusement pillé la rumba de Essous Jean-Serge et Antoine Moundanda.

ACTE III fin.

Autodafé, pyromanie

Il y a comme une odeur de bûcher autour de l’ancienne idole des jeunes des années 80 du siècle dernier. Longtemps adulé, le monument du tchatcho est en passe d’être déboulonné. A croire que cette affaire tombe à pic. Voilà une occasion donnée aux fans du roi de la rumba de sonner le glas de la chute.

Bref, vous l’avez compris, « Koffi on ne vous aime plus au pays du Koffi de Brazza. »

L. Ekirangandzo

Laissez un commentaire
Les commentaires sont ouverts à tous. Ils font l'objet d'une modération après publication. Ils seront publiés dans leur intégralité ou supprimés s'ils sont jugés non conformes à la charte.