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Industrialisation

La méthode du ministre Emile Ouosso pour attirer les investisseurs à Maloukou

Où donc Ouosso a-t-il eu l’idée d’aller faire « salongo » dans la zone économique spéciale d’Ignié située à près de 80 km de Brazzaville dans le Département du Pool ? Le 23 juin 2021, devant caméras et badauds, il s’est attaqué aux herbes de Maloukou.

Le bonhomme a probablement été stimulé par le farniente du énième mandat de l’Empereur Sassou en ces lendemains de changement gouvernemental et de remaniement ministériel.

Retroussons les manches

Il fut une époque où, dans le cadre du populisme, de la démagogie et de la propagande révolutionnaire, les hommes tombaient la veste, retroussaient les manches et, munis de pelles, de râteaux et de brouettes, descendaient faire la manutention, mimant les classes laborieuses comme jadis Mao Zedong dans les campagnes chinoises.

Même Makosso

Emile Ouosso (d’autres écrivent Ouesso) a voulu faire sa révolution culturelle comme au beau vieux temps mobutiste car c’est, paraît-il bien vu d’effacer parfois la frontière entre les nantis et les sans dents. Par mimétisme, signalons que le ton a été donné par le nouveau Premier Ministre, Anatole Collinet Makosso, (né après les Indépendances selon ses biographes) qui a commencé son mandat par des « descentes sur le terrain » (Salongo). A titre d’exemple, imaginez Jean Castex, Premier Ministre de Macron, se muant en cantonnier sur les Champs Elysée sous prétexte qu’il faut tuer son Ego ! Quelle comédie !

Emile Ouosso, plusieurs fois ministre de Sassou, comptant à son actif (d’après ses biographes) un parcours scolaire « sans faute. » est donc allé sur le terrain couper les matiti. Motif : rendre le site propre afin de séduire les hommes d’affaires. Réputé excellent économiste, ancien étudiant à Bucarest, Ouesso s’est souvenu de ses cours de manipulation des masses et de marxisme-léninisme, confortés par des stages pratiques dans les sovkhoses et les kolkhozes de Ceausescu, défunt ami de Sassou.

Biographie

Qui est cet opportuniste nommé Emile ? On peut lire à son sujet : « Emile OUOSSO – Ministre de l’Équipement et de l’Entretien Routier. 66 ans. Officier dans l’Ordre du Mérite Congolais. Économiste. Administrateur en chef des SAF. Administrateur de sociétés. Ancien Consul de Roumanie au Congo. B. P. 631 – Pointe-Noire – CONGO. »

Brouettes et machettes

Le 23 juin 2021, Emile Ouosso a mobilisé caméras de télévision et une forte délégation. Direction Maloukou où Sassou compte créer une zone franche. Voulant épater la galerie, le ministre poursuivait le fameux slogan « l’exemple doit commencer au sommet » car il est bon que les chefs se fassent aussi une idée de ce que le peuple endure. A Igné, muni d’une machette, le camarade ministre, s’est attaqué, devant la presse, au chiendent qui colonise le terrain. Mais n’est pas manuel qui veut. Car bavant comme un escargot, soufflant comme une locomotive, exténué comme un forçat, notre ministre s’est arrête net après une dizaine de coups de coupe-coupe devant la presse. Le travail c’est la santé, dit-on.

Que ne fera-t-on pas pour l’avenir du Congo ? Que ne ferait-on pas quand on n’a rien à faire et quand on est riche comme Crésus. Car toujours selon ses biographes, Ouosso est aussi milliardaire que le ministre Henri Ndjombo. Le « pauvre type » à fait sa fortune dans le bois, l’une des deux mamelles de l’enrichissement personnel au Congo (l’autre étant le pétrole)

Economiste, Emile Ouosso doit être le seul à penser qu’en arrachant la mauvaise herbe qui a envahi Maloukou, son geste pourra attirer les entreprises étrangères attendues cruellement dans cette ZES faisant partie d’un quartet dont les trois autres structures sont situées à Pointe-Noire dans le Kouilou et à Ollombo dans Les Plateaux-Cuvette, près d’Oyo et dans La Sangha à Ouesso. Qui peut-il convaincre qu’il suffit de couper l’herbe environnante pour s’attirer les bonnes grâces des investisseurs (aussi bien nationaux qu’internationaux) ? La racine du problème est ailleurs, cher zélé économiste !

Maloukou Tréchot

Inauguré en 2009, le site de Maloukou aurait pour vocation de réaliser un maillage industriel dans la périphérie nord de Brazzaville, en pays batéké, dans le Département du Pool selon les paradoxes des découpages administratifs dont les petits malins ont le secret. Pourquoi avoir choisi le Nord du Pool et non le sud du Pool, par exemple sur le site de Kombé où le projet route-rail entre Kinshasa et Brazzaville est plus réaliste et moins onéreux ?

Qu’à cela tienne. Sauf que depuis que la première pierre a été posée par Sassou en personne, en 2009, la zone économique compte à peine une quinzaine d’usines (dont 4 sont fonctionnelles) sur une vaste étendue de 557.000 m2 envahie aujourd’hui par l’herbe sauvage, le tout sur fond d’expropriations foncières et de déguerpissements par le tristement célèbre Pierre Mabiala (alias Pierrot le fou ) puisque des Congolais poussés par l’extension urbaine de Brazzaville avaient acquis des parcelles de terrain dans le lieu-dit d’Igné bien avant que la fantasmagorie de la ZES de Maloukou ne naisse dans la tête de Sassou comme avant lui dans la tête de Mobutu car, rive gauche du fleuve, a échoué une ZES éponyme, MALUKU (avec la phonétique belge) où il était question de sidérurgie.

Sans eau ni électricité

Aujourd’hui, en 2021, plus d’une dizaine d’années après la pose de la première pierre, la zone de Maloukou, rive droite, n’est pas électrifiée tandis que le réseau de distribution d’eau de la SNDE est inexistant. On a l’art de mettre la charrue avant les bœufs. Comment industrialiser sans courant électrique ? Nos amis du Chemin d’Avenir, ont misé sur les groupes électrogènes en attendant qu’un jour le barrage d’Imbouilou en RC ou Inga en RDC n’achemine son courant à Maloukou , mais ça reste des vœux pieux auxquels ils sont les premiers à ne pas croire.

L’économiste Ouosso, formé en Roumanie, ne semble pas être au courant que les investisseurs du monde entier misent leurs capitaux dans des pays où règne un climat de paix et où les risques de marasmes économiques sont absents. C’est moins la savane des Plateaux Batéké qu’un arsenal politico-juridique qui inciterait les entreprises à investir à Maloukou à Pointe-Noire ou n’importe où au Congo.

Dirigé par de gros criminels financiers et par une classe politique qui s’assoient sur les critères de la démocratie et de la bonne gouvernance, le Congo est loin d’être un pôle d’attraction économique.

Pour l’heure, la ZES de Maloukou fait figure de désert industriel où barrissent des d’éléphants blancs que les apprentis-sorciers d’Oyo exhibent dans leur cirque.

A l’actif de Ouosso

Long de 1500 kms à son arrivée, ce fort en thème promit élargir le réseau routier du Congo en le dotant de 1500 km de routes supplémentaires. Emile est peut-être gentil, mais en 2021, on ne peut que faire le constat d’un échec patent. A son actif seulement : 70 km de route non asphaltée offert à la région du Pool entre Louingui et Ntombo Manianga en passant par le district de Loumo jusqu’à la frontière avec la RDC.

70 kms de routes non bitumées : vous conviendrez que c’est une goutte d’eau à côté des 3.000 km promis à son arrivée au gouvernement de Sassou et que, avec des individus comme Ouosso, les Kongo, eux-aussi ont des raisons de se préoccuper de leur « avenir des Mbochi. »

Etat des lieux

La banqueroute a eu raison des projets du chemin d’avenir. Et la colossale dette de Sassou envers La Chine a mis un brutal frein à la Silicon Valley de la lointaine banlieue nord de Brazzaville.

G. B

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