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Accélération de l’érosion marine le long de la côte congolaise

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Un article de Jean Hombre Misoga, paru ici même le 2 octobre 2003 KOUILOU LE LITTORAL EN QUESTION, nous alertait sur le problème de l’érosion marine le long de la côte congolaise.
J’ai pu constater que le phénomène se poursuit dangereusement. J’apporte ici un complémént d’information illustré.

Voici quelques mois que je n’étais pas allé me promener du coté des plages. Hier, j’étais invité au nganda "Le Manzi" à Matombi (au nord de Pointe-Noire). Cet établissement près bien tenu appartient à un quinquagénaire sympathique et affable que je connais fort bien, monsieur Albert Mbou, géotechnicien chez SOCOFRAN. Il a mis à disposition depuis un peu plus de deux ans un lieu agréable et très fréquenté.J’ai été extrêmement surpris de constater que depuis l’ouverture, sa parcelle a perdu plus de vingt mètres au profit de l’océan. De nombreux arbres et installations sont partis à la mer.

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Certes la côte n’est pas rocheuse, les sols sont fins et de maigre tenue, un banc d’argile rouge en protège toutefois un peu la base.

Si l’érosion marine est inexorable, pourquoi ses effets sont-ils de plus en plus sensibles ? On ne peut croire que cette progression d’environ 10 mètres par an ait toujours existé, cela voudrait dire que le littoral a perdu 1 kilomètre en un siècle, autrement dit, que la baie de Loango s’est creusée durant ce temps. Impensable. Il y a donc accélération du phénomène.

Je suis allé faire quelques pas sur la plage à marée haute, et j’ai pu constater,

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alors que l’océan était calme, que le ressac venait frapper la petite falaise de limons mal protégée par son assise argileuse. De nombreux arbres récemment déracinés entravent la progression et de récentes protections mises en place à grands frais par les riverains sont d’ores et déjà déchaussées.

Entre Loango et Holmoni, la plaine littorale est extrêmement étroite. De plus en plus urbanisée entre la route et la plage, à contrario des textes législatifs qui réservent cette zone à des installations à vocation touristique, on peut craindre sa disparition pure et simple dans la décennie à venir. La route de bas Kouilou est elle-même en péril à moyen terme, comme le

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disait l’article de Jean Hombre Misoga.

A la Pointe Indienne, de nombreuses cases malgré de très onéreux travaux de protection ont déjà été emportées et de plus nombreuses encore sont en danger.

Ce sont des dizaines de kilomètres de côte qui sont concernés. Quelles pourraient être les mesures conservatoires pour enrayer la progression de l’océan ? Pour l’instant les mesures prises par les riverains ne concernent que les effets de l’érosion, il vaudrait sans doute mieux s’attaquer à leurs causes.

La mise en place d’un récif artificiel, ne

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permettrait-il pas par la création d’un lagon de calmer les ardeurs de l’océan ? Une telle réalisation permettrait, probablement par la fixation d’algues, de coquillages et de coraux, ainsi que par la création d’abris, de favoriser le rempoissonnement par des espèces littorales endogènes. Relançant les activités de pèche artisanale. En créant un plan d’eau calme et sûr, la côte ne deviendrait-elle pas plus attirante au tourisme ?

De tels travaux seraient onéreux et certainement difficiles. S’il s’avérait que la cause de l’accélération de l’érosion soit due, comme certains le prétendent à l’abaissement des fonds marins en raison des vides causés par

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le pompage du pétrole permettant à la houle de venir frapper plus fort le rivage (est-ce là une explication scientifique valable ?), ne faudrait-il pas exiger des exploitants pétroliers le financement de ces travaux suivant la règle du "casseur payeur" ?

On voit mal en effet l’état Congolais finançant des travaux de protection du littoral, tant l’exigence en chantiers du pays est pléthorique.

Une étude océanographique devrait sans doute être diligentée pour étudier les causes, les effets et apporter des solutions viables et durables à ce problème qui va bien vite devenir crucial.

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Légende des photos :
 Photo 1 : La terrasse du Manzi. On voit au second plan une dalle partiellement emportée. Il y a un an un abri couvert permettait de dîner à l’ombre à l’endroit même où l’on voit les vagues.
 Photo 2 : La falaise de limons et sa base argileuse
 Photos 3 et 4 : L’impact sur la végétation
 Photo 5 : La terre restant en équilibre sur cette buse d’assainissement permet de juger le la vitesse de progression du phénomène.
 Photo 6 : Dérisoires protections mises en place par un particulier.
 Photo 7 : Protections plus lourdes récemment mises en place et déjà inopérantes.

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