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Bois suspect originaire d’Afrique confié à la police,

Greenpeace porte plainte contre un importateur belge

04/04/2005 - Importations peu regardantes de bois africain, jusqu’à quand la Belgique pratiquera-t-elle la langue de bois ? Greenpeace a découvert du bois suspect chez un importateur belge de bois tropicaux, installé à Anvers, la société Somex. Ce bois est produit par Ingénierie Forestière (Ing-F), une société camerounaise dont les pratiques forestières douteuses sont largement connues. Greenpeace s’apprête à confier une partie du bois litigieux à la police et porte plainte contre l’importateur.

Lors d’une de ses missions en Afrique, Greenpeace a apporté la preuve qu’Ing-F a pratiqué des abattages hors des limites autorisées. Les dépassements observés sont de l’ordre de 72%, la zone de coupe ’légale’ étant de 2.500 hectares. D’autres infractions ont été, par ailleurs, mises en évidence par Global Witness, observateur indépendant doté de mandats officiels. En menant cette action à Anvers, Greenpeace entend dénoncer la langue de bois utilisée par le secteur en Belgique qui fait régulièrement de belles déclarations mais n’entreprend rien pour éviter de favoriser ces pratiques destructrices.

Une société productrice peu fréquentable

Ingénierie Forestière n’existe que depuis quelques années mais affiche un beau palmarès en matière d’illégalités. Comme l’attestent différents rapports, rédigés par l’observateur indépendant Global Witness, mandaté par le gouvernement camerounais, le département britannique de la Coopération au développement et la Banque mondiale, Ing-F - qui était jadis aux mains du fils de l’actuel président camerounais - semble s’être spécialisée dans l’exploitation forestière illégale. Plusieurs amendes délivrées par le ministère des Eaux et forêts attestent par ailleurs de la réalité des pratiques douteuses d’Ing-F.

L’an dernier, Greenpeace a mené une mission d’information au Cameroun, dans l’arrondissement d’Essé où Ing-F a obtenu un permis d’abattage pour une superficie de 2.500 ha, ce qui correspond à une vente de coupe. Greenpeace a réuni les preuves matérielles (publiées dans un rapport disponible via le service de presse) que l’exploitation forestière a dépassé de 1.820 ha les limites autorisées.
Le bois a par ailleurs été marqué de manière frauduleuse.

Au Cameroun, des ventes de coupe ont été accordées pour une superficie totale d’environ 1.000.000 d’hectares. Si des pratiques comme celles d’Ing-F se généralisent avec notamment des dépassements importants des surfaces exploitées, elles ne manqueront pas d’hypothéquer la survie du massif forestier camerounais.

Des importateurs peu regardants

Aux yeux de Greenpeace, le secteur du bois en Belgique a perdu beaucoup de sa crédibilité. D’un côté, il fait montre de bonne volonté en faisant mine d’accepter les plans européens pour lutter - via les importations - contre les pratiques forestières destructrices ; de l’autre, il maintient ses relations commerciales avec des sociétés de piètre réputation.

Greenpeace a en sa possession du matériel photographique prouvant que du bois produit par Ingénierie Forestière se trouvait en août 2004, dans les entrepôts de l’importateur concerné par l’action anversoise. Il ne s’agit donc pas d’un cas isolé. Du bois produit par Ingénierie Forestière a également été trouvé à Aalbeke, chez l’importateur de bois Vandecasteele.

Les importateurs belges de bois déclarent par ailleurs ne plus commercer avec Hazim, une société libanaise également impliquée dans des faits criminels mais poursuivent leurs activités avec Cristal, une filiale d’Hazim implantée au Congo-Brazzaville où des pratiques frauduleuses sont également de mise. Il semble par ailleurs que des liens puissent être établis entre Ing-F et Hazim.

"Cela fait des années que nous demandons au secteur belge du bois de se fournir auprès de sociétés de coupe pratiquant une gestion forestière responsable et de se préoccuper au minimum de la provenance du bois importé, affirme Veerle Dossche de Greenpeace, et rien ne change. Dans le cas qui nous occupe aujourd’hui, nous ne sommes pas près à transiger, il n’y aucun doute sur la réputation des sociétés incriminées, conclut Veerle Dossche. »

Suffisamment de belles paroles ont été entendues mais les engagements véritables se font attendre. Greenpeace demande à l’importateur belge Somex de cesser immédiatement toute activité commerciale avec Ingénierie Forestière, Hazim et les sociétés qui renvoient à cette compagnie libanaise.

Le bois suspect confié par Greenpeace à la police provient du bassin du fleuve Congo qui constitue le second massif de forêts tropicales après l’Amazonie. Des éléphants des forêts et des grands singes tentent d’y survivre dans un environnement de plus en plus menacé.

© copyright : http://www.greenpeace.org/

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