
Présenté comme l’ennemi public numéro 1, Dongou Zidane (à son actif la bagatelle de 200 milliards dérobée au au Trésor Public), n’est de toute façon que la clairière qui cache la forêt des criminels économiques qui ont mis le Congo la tête sous l’eau. L’acharnement sur ce triste sir alors que les voleurs sont légion dans ce pays, paradoxalement « riche mais pauvre » (dixit Jean-Baptiste Placca) est l’expression de deux poids deux mesures. D’un côté on essentialise, de l’autre on encense.
Armel Silvère Dongou Zidane présente le profil idéal du bouc-émissaire chargé de tous les péchés dans ce monde de brutes.
L’attention publique désormais focalisée sur le gars de Gam-City, les autres malfrats peuvent alors voler en douce et dormir du sommeil du juste. Deux poids, milles mesures.
Armel Zidane est-il Arsène Lupin, volant aux riches redistribuant aux pauvres ? Son domicile ne désemplissait pas de mendiants allant quémander la pitance.
Au voleur !
S’en prendre à Zidane dans un système politique où le vol est sport national, c’est tout de même fort de café que ceux qui s’y adonnent à longueur de journée sont les mêmes qui crient au voleur ! André Oko Ngakala qui n’a jamais levé le petit doigt contre Sassou le chef de gang a (coup d’épée dans l’eau) lancé un pitoyable mandat d’arrêt international qui a fait pouffer de rire même Satan surnommé le maître de la ruse et du mensonge.
Depuis 1997, date du second coup d’état de Sassou après celui du 18 mars 1977, les milliardaires mbochi ne se comptent plus. Jean-Jacques Bouya, Dominique Okemba, Jean-François Ndenguet, Gilbert Ondongo, Christel Nguesso, Albert Ngondo , Sara Okemba (liste non exhaustive) ont développé une boulimie insatiable qui n’a jamais donné lieu à une information judiciaire.
Le sang de cette cohorte de canailles n’a fait qu’un tour quand Dongou Zidane, un non-Mbochi, un Gangoulou, est entré dans la danse, raflant la timbale. Un sentiment d’admiration malsaine les a subitement habités. « To yokanaki boyé té » chanta Youlou Mabiala dans Saleh, car Zidane a triché.
D’une façon globale, le monopole de la gabegie jusque-là détenu par l’axe Oyo-Boundji-Owando (OBO) est désormais remis en cause par le Frolibaba (Front de Libération des Batéké et des Bagangoulou) las de jouer les hommes à tout faire des Saigneurs Mbochis nonobstant le fait que ce sont les Okombi Salissa (un Téké) qui ont fait le sale boulot dans le coup d’état de 1997 qui a ramené Sassou au Pouvoir.
Un intru dans la meute
Dongou est entré par effraction dans la tribu-classe des voleurs Mbochi. C’est là que le bât blesse. Concurrence déloyale ayant suscité un sentiment de jalousie chez ces individus persuadés d’avoir l’exclusivité du tiroir-caisse, le geste de Zidane Dongou est aussi un superbe coup de Jarnac qui devrait forcer le respect dans la logique formelle des voleurs.
Non ! Pas vous !
De même que Jacques Okoko eu du mal à cacher son agacement quand il s’indigna en 1978 : « même les Téké veulent diriger ce pays », Jean-Dominique Okemba, Mbochi d’Oyo, s’est offusqué quand Sassou dans un élan d’élargissement a proposé d’élever Dongou Zidane au rang de Directeur adjoint du Trésor Public (vache à lait du clan Nguesso). Le Trésor est une Institution monopolisée depuis des années par Albert Ngondo, un Mbochi. Aussi JDO a catégoriquement mis son veto : « Non ! Pas un Bagangoulou ». La meute d’Oyo a alors opté à l’unanimité pour Ollésongo, un fils du coin, à qui le poste va échoir si jamais Ngondo devient indisponible, car nul n’est éternel.
Nkeni-Alima
Appuyant leur vision politique du Congo de 2026 sur le slogan « Sassou ou rien », les ressortissants du nouveau Département Nkéni-Alima (selon la nouvelle représentation fantasmagorique du Congo) département fief Téké, ses ressortissants ont récemment apporté leur soutien massif à la candidature de Denis Sassou Nguesso à sa propre succession.
En terme de vassalité des Téké (à leur corp donnant) on ne peut faire mieux.
On ne saura jamais à quel moment les Téké dits les Nga ntsié ont basculé dans la soumission et validé la domination Mbochi.
Les bords de l’Alima
En 1981, une thèse soutenue à l’Université Paul Valery de Montpellier par l’historien Jérôme Ollandet (Les contacts téké/embossi) a examiné les rapports entre les deux sociétés au siècle dernier. Les échanges, selon Ollandet, étaient commerciaux et matrimoniaux .Aucun rapport de servitude ne fonctionnait au détriment d’une partie. Au contraire les contacts étaient harmoniques.
A la fin des années 70, traumatisés par la violence déployée par Sassou dans l’assassinat de Marien Ngouabi, les Téké s’étaient, depuis, tenus à carreau.
La petite phrase okokoiste « Même les Batéké veulent de pouvoir » a été le coup de semonce et le coup de grâce sur des tentations de révolte.
Dans les rapports Téké/Mbossi, la dynamique de l’écrasement est allée crescendo après le coup d’état du 18 mars 1977. Florent Ntsiba, éminence grise Téké, est demeuré second couteau dans la hiérarchie du pouvoir nordiste. Toujours cet axiome : il faut tacler les Téké dans l’accès au Pouvoir.
Marcel Ntsourou en fit les frais lorsque JDO (toujours lui) s’est fait du mauvais sang à l’idée que le grade de général soit attribué à un colonel Téké.
Totem et tabou
Exit la thèse de J. Ollandet. Un axiome de l’ensauvagement fonde désormais la vision nordiste de la kleptomanie : Les Mbochi peuvent voler, pas les Téké (stricto et lato sensu).
Dongo Zidane a transgressé ce tabou. Ca n’a pas été du goût de ceux qui ont la kleptomanie chevillée au corps. Comme le coup de l’âne de la Fable assené au lion affaibli par l’Age, le canaille mbochi n’a pas accepté l’audace de Dongo Zidane. Aujourd’hui il paye son affront.
C’est moins le vol que le braconnage dans la chasse gardée d’Oyo qui a mis le pouvoir Mbochi en furie.
Les conséquences abyssales du détournement colossal de Dongou Zidane sur les finances du Congo, c’est ce dont Sassou et sa meute se fichent.
Thierry Oko