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Cote d’Ivoire

Cote d’Ivoire : tentative de médiation reportée et menace de crise humanitaire

ABIDJAN (AFP) - Une crise humanitaire de grande ampleur menace la Côte d’Ivoire, a averti vendredi le Programme alimentaire mondial (PAM), et, alors que les troubles entrent dans leur troisième semaine, une rencontre entre un ministre sénégalais et les mutins ivoiriens a été reportée.

Le PAM a annoncé dans une conférence de presse se préparer une "crise humanitaire de grande ampleur" en Côte d’Ivoire mais aussi dans les pays voisins, craignant des déplacements massifs de population dans la sous-région.

Le PAM a suspendu ses opérations d’assistance au développement en Côte d’Ivoire pour lui substituer une aide d’urgence aux personnes déplacées, craignant une "situation comparable à celle des Grands Lacs", en référence à l’Afrique des Grands lacs, où le génocide rwandais de 1994, puis le conflit en République démocratique du Congo (RDC), avaient entraîné des déplacements de plusieurs millions de personnes.

La reprise d’une tentative de médiation dans la crise ivoirienne n’a finalement pas eu lieu vendredi : la rencontre prévue entre le ministre sénégalais des Affaires étrangères, Cheik Tidiane Gadio, et des représentants des rebelles ivoiriens a été une nouvelle fois reportée et devrait se tenir samedi à Bouaké (centre).

Selon l’adjudant-chef Tuho Fozié, porte-parole des rebelles de Bouaké, un certain nombre de représentants des mutins qui devaient discuter avec le ministre étaient absents.

Au cours de cette rencontre, le ministre, dont le pays assure la présidence de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), devait présenter de "nouvelles propositions" aux rebelles dont l’offensive, annoncée hier pour les 10 ou 11 octobre, n’a pour l’instant pas eu lieu.

La situation militaire semble même figée sur le front depuis 48 heures. Aucun combat n’a été signalé vendredi à Bouaké, qui était calme. Mais des familles chassées par la faim et la peur continuaient d’essayer de quitter la ville, où il devient de plus en plus difficile de se procurer de la nourriture.

"On a faim, on a faim", ont répété aux journalistes les mères de familles, qui tentaient de quitter la ville, suivies de leurs enfants. Elles disent ne pas fuir les combats - aucun accrochage n’a été signalé depuis mercredi - mais bien le manque de nourriture et d’argent.

Une "opération d’urgence régionale" va être lancée par le PAM, a annoncé l’agence onusienne au cours de sa conférence de presse. Les "premières victimes de cette crise sont les déplacés qui descendent du nord de la Côte d’Ivoire (sous contrôle rebelle) ainsi que les étrangers de l’ouest" qui sont chassés de chez eux, a souligné Arnold Vercken, directeur général adjoint du PAM pour l’Afrique de l’Ouest.

La France a affirmé vendredi qu’elle n’était pas prête "à se décourager même si la route peut rester longue" vers la paix en Côte d’Ivoire, selon le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

"Nous soutenons les efforts de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest et de sa présidence sénégalaise", a-t-il indiqué à la presse, précisant que les médiateurs de la CEDEAO étaient transportés par l’armée française.

"Nous sommes mobilisés pour prévenir l’enlisement de la situation. C’est vrai, ce conflit a trop duré (...), mais nous ne voulons pas nous substituer aux Africains", a-t-il ajouté. "La solution la plus appropriée reste politique", a rappelé M. Rivasseau, précisant que "la France n’a pas de relation avec les rebelles".

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