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Coup de tabac à Libreville - 21/4/2005

Parti d’un banal préavis de grève, le conflit qui agite depuis deux mois la
Société des cigarettes gabonaises (Sociga) a dégénéré en un règlement de
comptes entre le ministre du Travail et le directeur français de
l’entreprise, aujourd’hui menacé d’expulsion.

L’"affaire" débute en février, lorsqu’une trentaine d’employés de la
Sociga, une filiale du groupe britannique Imperial Tobacco, dépose un
préavis de grève pour exiger le départ du directeur technique de
l’entreprise et une augmentation de salaires

Selon les représentants syndicaux, ce responsable technique congolais
multiplie les "injures" et les "humiliations" à l’égard des salariés. Et
sitôt déposé leur préavis de grève, ils débrayent ostensiblement en sa
présence.

Une réaction illégale, réplique le directeur de la Sociga Jacques-Yves
Laugé, qui refuse de se séparer d’un directeur, "un excellent technicien".
Il fait constater par huissier l’arrêt de travail de ses salariés pendant
le préavis et informe aussitôt la direction du Travail.

Mais comme les grévistes font la sourde oreille à ses appels à la reprise,
M. Laugé licencie le 7 mars dernier 28 salariés. Onze sont toutefois
réintégrés les autres sont remplacés et l’usine redémarre à la mi-mars.

La Confédération syndicale gabonaise (Cosyga) crie au scandale. "Nous avons
saisi le ministre du Travail le 17 mars car la Sociga ne respecte pas la
loi qui est de ne jamais licencier le personnel en grève", explique un de
ses représentants, Tonda Mikiela. "Nous réclamons la réintégration de tous
les employés et la réouverture de négociations", martèle-t-il.
L’Etat gabonais, qui détient 10% du capital de la société, entre alors dans
la danse et le ministre du Travail s’indigne de cette "violation
caractérisée" de la trêve sociale signée en septembre 2003. Il invoque la
défense de l’emploi, leitmotiv du chef de l’Etat Omar Bongo Ondimba à huit
mois de l’élection présidentielle.

Le ministre Jean-Boniface Asselé convoque alors une réunion de conciliation
le 6 avril. M. Laugé, également président de l’Association des Français au
Gabon (AFG) et membre influent du patronat gabonais, refuse d’y participer.
"On ne voulait pas que les journalistes soient là", argumente-t-il.

Pour le ministre, l’affront est insupportable. Juste après l’incident, il
dénonce devant les caméras de télévision le comportement inacceptable de
certains "colons" blancs...
"M. Laugé ne pourrait pas se comporter comme cela en France (...) C’est une
insulte au gouvernement", s’indigne par ailleurs son directeur de cabinet,
Thierry Nang Ondo.

La riposte est immédiate. Puisque M. Laugé a "nargué" le gouvernement
gabonais, selon M. Nang Ondo, et que son autorisation de travail a expiré
il y a plus d’un an, il sera expulsé.

Depuis une semaine, les deux camps s’observent. Le directeur de la Sociga a
présenté des excuses au ministre et se dit prêt à le rencontrer à nouveau
pour négocier. Le ministre du Travail n’a pas pour l’instant répondu.

SOURCE : www.afriquecentrale.info

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