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DECLARATION DE REIMS

Le 4 avril 2009 s’est tenu à Reims, sous le patronage de l’IRIMEP (Institut de Recherche International pour une Médiation Economique et Politique), en partenariat avec les Acteurs Libres de la Société Civile Gabonaise, les Amis de la République du Congo Brazzaville et de nombreuses organisations francophones, un Forum pour appeler à l’établissement d’un Nouveau Partenariat entre l’Europe et l’Afrique.

La ville de Reims est le symbole d’un monde qui a su dépasser ses divergences. Après deux guerres mondiales effroyables qui ont détruit l’Europe en général et Reims en particulier, les Français et les Allemands sont parvenus à se réconcilier dans la cathédrale des sacres le 8 juillet 1962.

Les batailles de la Marne ont fait de nombreuses victimes européennes mais également « Indigènes », c’est-à-dire africaines. Ils se sont battus pour la liberté de l’Europe. Aujourd’hui, 4 avril 2009, les descendants de ces anciens « Indigènes » se sont réunis à Reims pour affirmer leur droit à être libérés de l’esclavage de la dictature, de la mauvaise gouvernance, de l’hyper-corruption, de l’injustice et de tant d’autres maux dont souffre l’Afrique dans une indifférence sans équivalent dans le monde.

Le nouvel ordre international que la planète entière espère ne peut se faire en défaveur du continent africain qui possède les plus importantes matières premières et la population la plus jeune au monde. Refuser aux Africains le droit de bénéficier d’une part conséquente de la richesse de leur sous-sol en encourageant des systèmes de prédation sans humanité, fermer les yeux devant les conditions inhumaines dans lesquelles vivent les populations du continent noir, autoriser des pouvoirs illégitimes à organiser le malheur de leur propre peuple ou poursuivre l’aide au développement, l’effacement des dettes et des prêts accordés par les Institutions Financières Internationales sans contrôle ni garantie de transparence s’apparente à un génocide passif des Peuples Africains qui sont ainsi obligés de choisir entre immigrer ou supporter de vivre dans la misère sur une terre immensément riche.

Nous, Acteurs de la Société Civile Africaine et Européenne,

Nous, Personnalités et Intellectuels d’Europe, du Gabon, du Congo-Brazzaville, de la RDC, du Tchad, de République Centrafricaine, du Mali, de Mauritanie, etc.

Nous, Partis Politiques,

Nous, citoyens et citoyennes d’Europe et d’Afrique,

 Affirmons que l’Europe et l’Afrique ont une histoire commune séculaire faite de blessures mais aussi d’apports respectifs. Après l’esclavage, la colonisation et la Guerre Froide ont favorisé en Afrique l’émergence de mauvais dirigeants. L’heure est venue de dépasser une vision archaïque des Peuples Africains. Il appartient à l’Union Européenne de prendre les initiatives nécessaires pour que le Nouveau Partenariat entre l’Europe et l’Afrique repose sur des bases de Droit, de Justice, de gouvernance moderne et de partage équitable des richesses nationales.

 Affirmons que l’économie mondiale se prive de capacités nouvelles et susceptibles de la régénérer. Les populations africaines représentent un immense potentiel en termes de consommation. L’Afrique centrale est une des zones les plus riches du monde. Le Nouveau Partenariat profitera rapidement à l’Europe et à l’Afrique si des mesures appropriées sont prises et si les Etats africains sont dirigés par une nouvelle génération de leaders compétents.

 Affirmons que la communauté internationale ne peut accepter que les populations africaines de pays très riches soient réduites à un état animal et dont l’unique préoccupation est la survie quotidienne.

 Affirmons que la mal-gouvernance, le détournement de fonds et le pillage généralisé des pays africains sont un crime contre l’humanité.

 Affirmons que les pouvoirs corrompus n’ont pas à bénéficier sans conditions d’aides financières des Institutions internationales.

 Affirmons que l’argent de la richesse nationale et celui de la communauté internationale ne peut pas être utilisé à des fins douteuses comme le commerce des armes ou l’enrichissement personnel de quelques personnes.

 Affirmons que la redistribution des richesses en faveur des populations du continent africain est une condition majeure des bonnes relations entre les Etats européens et les Etats africains.

 Affirmons que les pays européens n’ont pas intérêt à fermer les yeux sur les violations des processus démocratiques en Afrique. L’Afrique et l’Europe ne peuvent pas accepter le principe des successions dynastiques automatiques et imposées.

 Affirmons que l’Union Européenne ne peut s’abriter derrière les notions de souveraineté des Etats pour justifier une inaction en faveur des Peuples Africains. Elle a les moyens de pression pour faire évoluer la gouvernance en Afrique tels que la stabilité du Franc CFA grâce à l’Euro, institutions bancaires (le Club de Paris, l’AFD, le FMI, …) ou les coopérations multiformes civiles ou militaires.

 Affirmons que fermer les yeux sur les violations massives des Droits de l’Homme qui frappent les citoyens ordinaires en Afrique est un scandale inacceptable par la communauté internationale : meurtres et crimes rituels, non respect des droits élémentaires dans des prisons surpeuplées, assassinats politiques, menaces, intimidations, achat de consciences, violences physiques et morales,…

 Affirmons que le principe d’une Justice indépendante en Afrique comme en Europe est une nécessité dans l’intérêt des citoyens. Les pouvoirs arbitraires ne peuvent violer les droits des avocats et les Etats africains doivent respecter les chartes, les conventions et les textes qu’ils ont signés. La Justice doit être au service de tous et non l’instrument d’un groupe.

 Affirmons que les médias africains doivent être libres et que tout citoyen doit avoir accès à une information réelle et non déformée.

 Affirmons que les citoyens africains ont le droit de se constituer en association, de s’engager en politique ou de militer dans un syndicat sans que les pouvoirs politiques ne considèrent ces engagements comme une atteinte à leur autorité.

 Affirmons que les Chefs d’Etat africains n’ont pas vocation à s’éterniser au pouvoir. Cela est contraire aux intérêts légitimes des populations.

 Affirmons que les religions, les spiritualités et les mouvements philosophiques n’ont pas le droit de garder le silence face la grande pauvreté des Africains due à la corruption et à la mal-gouvernance. Les responsables religieux, les leaders spirituels et les responsables de groupes de pensée ne doivent pas être complices des génocides même passifs qui frappent les africains.

 Affirmons que la Société Civile Africaine est essentielle pour l’émergence d’un Nouveau Partenariat entre l’Europe et l’Afrique. Elle doit être protégée, reconnue et défendue.

 Affirmons que l’Etat en Afrique ne peut être la propriété d’une personne, d’un clan ou d’un groupe mais bien une réalité commune au service de tous.

 Affirmons que le citoyen africain n’est pas un instrument à la merci d’une personne détentrice de l’autorité de l’Etat. Il a le droit d’exprimer ses convictions et ses idées librement sans être emprisonné, persécuté ou victime de toute forme répression.

 Affirmons que les régimes africains doivent être jugés par la communauté internationale sur l’utilisation de la richesse nationale et sur leurs capacités à mettre en place des investissements structurants.

 Affirmons que la restitution des biens mal acquis est un principe inaliénable du droit international et qu’il faut le faire respecter.

 Affirmons que les populations africaines ont le droit de vivre dans des conditions humaines et qu’il est inacceptable que des pays extrêmement riches laissent leurs citoyens vivre dans des conditions d’extrême misère.

 Affirmons que des chefs d’Etat, des dirigeants ou des leaders politiques ayant accédé au pouvoir par la violence ou pratiquant la violence envers leur propre peuple, de manière active ou passive, doivent être poursuivis devant les tribunaux internationaux et empêchés de se représenter à une élection.

 Affirmons que les populations africaines, et en particulier les enfants, doivent avoir accès en priorité à l’éducation et aux soins. Tout gouvernement ne remplissant pas ce devoir doit être remis en cause.

Convaincus que le Nouveau Partenariat entre l’Europe et l’Afrique est un acte de réconciliation entre deux mondes qui devraient s’entendre et s’allier, nous exprimons par cette déclaration un cri du cœur des peuples d’Afrique : Tous les Hommes sont frères, considérez-nous avec humanité !

Nos ancêtres les anciens esclaves ont rêvé d’être libres et l’esclavage a été aboli.

Nos parents ont rêvé de la décolonisation et nos pays sont devenus indépendants.

Nous rêvons d’être libérés d’un nouvel esclavage qui nous est imposé par nos propres frères.

Nous rêvons d’être libérés d’une pauvreté que nous n’avons pas choisie.

Cette liberté nous la verrons !

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