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De quelle histoire le General Mbot ose t-il nous parler ?

La réaction du général Mbot aux propos des leaders de l’opposition est la preuve que le pouvoir de Mpila ne ménagera aucun effort pour faire taire l’opposition congolaise. L’analyse minutieuse des dires du Ministre de la sécurité laisse transparaitre en filigrane ce secret de Lapalissade, je lui emprunte le mot, qu’est la doctrine de Sassou Nguesso avec la vision qu’elle a de la paix, vision dont nous avons d’ailleurs essayé très modestement de dépeindre les contours dans un précédent papier. Pour Mpila en effet, la paix est vue à travers le trou du fusil.
Monsieur Mbot vient d’étayer avec brio cette thèse à travers sa rhétorique de seigneur de guerres.

Je voudrais m’appesantir sur un mot ou plutôt une phrase, je le cite de mémoire : «  …les survivants écriront l’histoire…  ». Mr Mbot parle de survivants ce qui signifie que pour Mpila la confrontation avec l’opposition impliquerait automatiquement l’usage de la violence, mort d’hommes et chaos. Quelle lecture apocalyptique des antagonismes sociopolitiques ?

Aussi monsieur Mbot parle de désordre, je serais curieux de savoir ce qu’il entend par désordre dans un univers où la constitution pourtant taillée sur mesure est continuellement violée…alors s’il faut parler d’ordre dans un tel contexte je me demande qui aurait plus peur de père Fouettard.

Il faut aussi dire que le discours de Mbot apparaît comme un aveu d’échec et contredit tous ceux qui présentent le candidat Sassou comme l’homme de la paix au Congo. Autant, force est de constater que cette paix est pour le moins qu’on puisse dire très fragile au point où un simple meeting de l’opposition qui, nous dit –on ne serait pas représentative de la population car radicale, suffirait à la mettre en péril faisant ainsi sortir le général Paul Pot …oups …Mbot de sa torpeur. Soyons sérieux, qu’a t-il de périlleux que de demander une ceni pour les élections présidentielles de juillet 2009 ? Si péril il y a, il faudra le trouver dans la demeure de la nouvelle espérance qui a une peur phobique de la transparence.

J’ai écouté et lu comme nombre de mes compatriotes les propos des sieurs Poungui,Dzon,Marion…et il n’en ressort nulle part une incitation à la guerre, à la violence ou à une quelconque lutte armée sinon qu’une intention légitime de procéder à la désobéissance civile populaire qui est rappelons le, le refus de se soumettre à une loi, un règlement, une organisation ou un pouvoir jugé inique par ceux qui le contestent afin de faire modifier la politique des autorités. S’il est vrai que la désobéissance civique est pour la plupart du temps une démarche pacifique, les actes de violences et les débordements ne sont pour autant pas à exclure. Il faut aussi souligner que ces dits débordements ne sont toujours pas les faits des opposants ou manifestants. Ainsi dit c’est faire un grossier procès d’intention aux membres de l’opposition congolaise que de les accuser de fomenter une espèce de conflit violent…comme s’ils en avaient les moyens.

De plus, dans son verbiage Mr Mbot a osé parler de l’histoire…quel toupet ?

Il sied de lui rappeler qu’il n’y a pas plusieurs histoires à rédiger car l’histoire est déjà écrite et est connue de tous.
Il n’ya pas une autre histoire que celle d’un pays de 342000 km2, à cheval sur l’équateur aux richesses naturelles et humaines énormes, quatrième producteur d’or noir en Afrique sub- saharienne, et grand exportateur de l’or vert, pays béni de Dieu qui est aujourd’hui, non pas doré, mais un lieu de misère, de disette, de calamités et de chagrins, un pays pauvre très endetté.

Il n’ya pas une autre histoire que celle des femmes qui accouchent à même le sol dans des hôpitaux sans eau, sans électricité et sans glucosés faisant du Congo le pays ayant le taux de mortalité maternelle le plus élevé en Afrique noire ; plus élevé qu’en Guinée ou en Centrafrique.

Il n’ya pas une autre histoire que celle des écoliers entassés dans des salles de classe comme des bêtes, assis à même le sol face à un enseignant sous payé, et qui se soulagent dans les matitis faute de vestiaires.

Il n’ya pas une autre histoire que celle des fonctionnaires mal payés, des conditions de travail et avantages sociaux d’un autre âge ; du non respect des droits de l’homme et des arrestations et exécutions extrajudiciaires.
Il n’y a pas une autre histoire que celle des disparus du Beach.
Il n’y a pas une autre histoire que celle des caisses de l’état qui sont gérées comme des biens privés ; des enfants et neveux du chef qui sont à la tête de toutes les entreprises publiques ; des enrichissements sans causes, du vol systématique, de la prostitution d’état et la dépravation des mœurs…lobele niama.

L’histoire vous a déjà jugé Mr Mbot et a établit les responsabilités de chacun et la votre est énorme ! Et s’il y a des survivants pour faire appliquer les peines, je puis vous assurer que vous ne serez pas de ceux là. Ou que vous soyez cette condamnation vous collera à la peau car même dans le tombeau cette terre du Congo imbibée de sang des innocents, sang à la couleur cramoisie du pétrole pillé, vous sera très, très, très lourd.

Mon général, vos propos m’ont rappelé ceux d’un autre général qui était jadis dans la même position que vous dans un gouvernement de Mr Lissouba et qui avait un jour répondu ceci aux étudiants qui menaçaient de poursuivre leur protestation dans la rue « vous allez croiser l’armée ». Ce général n’est plus aujourd’hui que l’ombre de lui-même en exil. Ici je voulais juste vous dire comme l’ecclésiaste qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil, plus grands que vous, plus puissants, plus intelligents sont passés. Les mêmes bêtises, les mêmes arrogances, le même endurcissement pharaonique, la même ignorance des cris du peuple profond conduisent indubitablement vers les mêmes fins.

Ne vous méprenez pas mon général vous ne resterez pas là où vous êtes ad vitam aeternam, votre temps est arrivé de partir, les congolais ont sonné le glas.

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