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Des opposants empêchés de tenir une conférence de presse

Brazzaville, Congo (PANA) - La police congolaise a interdit
samedi à Brazzaville, une conférence de presse d’un groupe
d’opposants, candidats à l’élection présidentielle du 10 mars
2002, en leur refusant l’accès à la salle d’un hôtel, a constaté
la PANA sur place.

Interrogé par la presse, le commissaire central de la police, le
colonel Edgar Mougani, a affirmé que ce groupe "n’a aucune
existence juridique ou légale".

"Ce cartel n’existe pas. Il n’a aucune existence légale parce
qu’il n’a jamais été enregistré nulle part. Les opposants
feraient mieux d’attendre l’ouverture, le 20 février, de la
campagne électorale.

"J’ai donc interdit cette conférence de presse parce qu’il s’agit
d’une atteinte à l’ordre public", a expliqué l’officier.

Quatre des cinq opposants, Jean Félix Demba Ntelo, Anselme
Mackoumbou-Nkouka, Côme Manckassa, Martin Mbéri, se sont ensuite
retirés dans les jardins de l’hôtel pour rendre publique une
déclaration dans laquelle ils ont dénoncé l’illégalité du scrutin
présidentiel.

Le cinquième opposant, André Milongo, signataire de la
déclaration, était absent.

"L’élection présidentielle prévue le 10 mars 2002 est entachée
d’irrégularités flagrantes. Elle est illégale. Elle ne tire sa
légitimité ni de la constitution issue du référendum du 20
janvier 2002, celle-ci n’étant pas encore promulguée, ni publiée,
ni de l’acte fondamental qui régit la période de transition
depuis le 24 octobre 1997.

La tenue de l’élection présidentielle doit s’asseoir sur l’acte
fondamental. Or ce texte ne contient aucune disposition relative
à l’élection présidentielle. Il y a donc incontestablement une
impasse juridique qui entraîne ipso facto le caractère irrégulier
et illicite de l’élection", ajoute la déclaration lue devant les
journalistes par M. Mackoumbou-Nkouka.

Selon la même déclaration, la cour suprême qui a proclamé les
résultats définitifs du référendum constitutionnel, nommé les
trois médecins chargés d’examiner l’état physique et mental des
candidats et validé les candidatures, n’a pas la compétence pour
le faire parce que l’acte fondamental ne lui reconnaît
que le "contrôle de la conformité des lois à l’acte fondamental".

Vendredi, la cour suprême, jouant le rôle de juge
constitutionnel, a invalidé deux des douze candidatures, celle
d’Antoine Miété et de Pierre Moukala, deux personnalités proches
de l’opposition. Il leur est reproché de n’avoir pas versé la
caution de 5 millions de FCFA prévue par la loi électorale.

En revanche, la cour a validé les candidatures de MM. Milongo,
Mackoumbou-Nkouka, Demba Ntelo, Mbéri Mankassa, Bonaventure
Mbizy, Angèle Bandou, Joseph Kignoumbi Kia Mboungou et Denis
Sassou Nguesso, le président sortant.

"La cour suprême s’est disqualifiée d’elle-même en
s’attribuant des compétences de conseil constitutionnel qui ne
sont pas prévues dans l’acte fondamental", souligne la
déclaration.

Pour les signataires de la déclaration, "l’élection
présidentielle du 10 mars ne peut conférer au futur vainqueur ni
la légalité, ni la légitimité". "Cette élection est une véritable
imposture", ont-ils ajouté.

Les signataires ont demandé au président Sassou Nguesso de
"proposer une autre date pour une élection présidentielle légale
et apaisée, subordonnée à la mise en place d’un nouveau texte
constitutionnel".

Ils ont suggéré la mise en place d’une équipe d’experts nationaux
et internationaux pour aider le Congo à trouver une solution à
cet "engrenage juridique sans issue".

"Si à l’impasse juridique s’ajoutait une impasse politique, le
pouvoir politique ne répondant pas à leurs préoccupations, les
candidats de l’opposition à l’élection présidentielle seront au
regret de ne plus coopérer avec le gouvernement sous quelque
forme que ce soit", préviennent les signataires.

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