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Elections Municipales : excès de zèle de certains militaires à Lumumba

Par Shéhérazad

Les élections locales se sont déroulées dans un grand calme nonobstant le faible taux de participation qu’elles ont connu. Pourtant, quelques incidents se sont quand même produits. Un en particulier dans l’arrondissement 1 de Pointe-Noire nous laisse perplexes. Nous avons bien du mal à comprendre pourquoi et comment trois observateurs d’une liste indépendante dans l’exercice de leur fonction et parfaitement en règle ont été molestés, arrêtés, pillés et incarcérés sans le moindre chef d’accusation. Devant l’enjeu plutôt minime, nous ne pensons pas qu’il puisse s’agir d’une tentative de fraude, doit-on y voir une bavure de certains militaires en excès de zèle ?

Les jeunes gens, comme nombre d’autres observateurs du même bureau de vote, ont pris une pause à la mi-journée pour aller se restaurer.
C’est en regagnant leurs bureaux de vote l’un au site de la Direction Agro-pastorale et les deux autres au Cercle Africain, que ces trois personnes ont été appréhendés par trois militaires portant des bérets rouges.
Ils sont traînés devant le bureau de vote de la Direction agropastorale.
Ils demandent en vain être présentés aux responsables du bureau afin qu’ils attestent de leur mandat.
On les embarque en direction du QG de la CODOEL de Lumumba

En route,
ils se font dépouiller de leurs téléphones portables et du maigre numéraire en leur possession, soit le remarquable magot de 6.300 frs cfa.
Deux d’entre eux sont bastonnés pour avoir refusé de donner leurs chaussures.
Les militaires, nous allions écrire leurs ravisseurs, leur refusent le droit de leur produire l’autorisation dont ils sont porteurs [1]
On leur demande de l’argent pour les relaxer. Un étranger embarqué pour la seule raison qu’il a assisté à la scène est libéré contre la somme de 100 000FCFA.

Arrivés au QG,
On les présente in petto en tant que fraudeurs, toujours sans qu’ils aient eu la possibilité de produire leurs documents.
Ils sont déshabillés et fouillés,
Sur eux, on retrouve :
 Deux cartes d’identité appartenant à deux d’entre eux ;
 Leurs trois attestations supra citées ;
 Un papier de pointage des votants ;
 La liste nominative des 20 candidats en lice dans l’arrondissement,

Malgré l’arrivée d’un de leurs mandataires, ils sont conduits manu militari dans les locaux de l’Etat-major par la police militaire dépêchée sur les lieux.
Il s’ensuit un interrogatoire à l’issue duquel, les parties s’aperçoivent qu’il s’agit d’un quiproquo les militaires ayant cru mettre la main sur des documents compromettants quand il ne s’agissait que d’attestions légales. Ils avaient aussi supposé que le papier de pointage des votants la liste des résultats finaux du scrutin alors qu’il n’était que 14 heures.
Face à cette confusion ; le Président local de la CODOEL ordonne au colonel affecté à la commission de relaxer les prévenus. Flairant une vilaine affaire, le commandant de la police militaire passe outre et juge préférable de les transférer à la gendarmerie où les jeunes demeureront sous les verrous trois jours durant sans qu’on prenne la moindre déposition.

Interrogés à leur sortie du gnouf [2], ils parlent de machination.
Selon eux, après leur arrestation, ils ont été conduits vers Matombi où on leur a demandé d’avouer sous peine d’être passés par les armes. LA méthode n’ayapnt pas porté ses fruits, ils ont été conduits à la Gendarmerie où le commandant de compagnie s’est indigné de leur situation. La presse audio-visuelle en mal de sensationnel a été dépêchée sur les lieux pour les détenus quand ils bénéficiaient le la présomption d’innocence. Ce commandant a fait preuve d’une parfaite connaissance de la jurisprudence en interdisant purement et simplement le tournage du reportage.
Le commandant, approché par les mandants des trois observateurs, a déclaré devoir vérifier les renseignements donnés auprès de la CODOEL Lumumba. Cette vérification devant suffire à la relaxe des détenus qui lui paraissaient déjà encombrants. Pourtant, il décide de les maintenir en prévention.

Pourquoi ces trois personnes sont-elles restées en prison durant 58 heures quand le Président de la CODOEL Lumumba avait donné l’ordre de les libérer ? Pourquoi ces ordres n’ont-ils pas été délivrés auprès du Commandant de la Gendarmerie qui n’attendait que cela pour agir. Puisque les deux parties avaient reconnu le caractère non délictueux de cette affaire ; pourquoi avoir fait appel à la télé pour chercher à la médiatiser ?

Sans la persévérance des colistiers de ce parti qui ont remué ciel et terre, leurs représentants auraient été déférés à la Maison d’Arrêt selon les dires de leurs geôliers.

Pour Francky Paka , Aubin Moussoyi et Clemson M’fourga , justice doit être faite. Le Procureur de la République devrait se saisir de cette affaire arbitraire afin que cela ne se reproduise plus jamais.

A noter : Dans la même circonscription, un électeur a été arrêté puis relâché après avoir tenté de voter une seconde fois. Toujours dans la même circonscription, un président de bureau de vote a disparu à 17 heures avec une urne contenant des bulletins. Il l’a ramenée à 2 heures du matin sans être le moins du monde inquiété. Ces deux cas n’ont été mentionnés sur aucun procès-verbal. Et personne n’est allé en prison pour cela.

Shéhérazad

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