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Emmanuel Ngouélondélé à Pointe-Noire

C’est au siège du PAD à Loandjili qu’en l’après midi du dimanche 24 août 2008 s’est réunie une assistance essentiellement composée de militants et de représentants de la presse locale mais aussi nationale puisqu’on y comptait, entre autres, Jean-Claude Bongolo de « La rue Meurt » et Joachim Mbanza de « La Semaine Africaine ».

En préalable la déclaration suivante à été lue :

Déclaration du bureau politique du Parti pour l’Alternance Démocratique (PAD)

Suite à l’interdiction opposée par le préfet du département de Pointe-Noire par la lettre n°0785/MATD/DPN du 22 août 2008, le bureau politique du PAD a été amené à reporter pour une date ultérieure le meeting populaire prévu ce dimanche 24 août 2008 au stade Tata Loboko de l’arrondissement 3 Tié-Tié.

En effet, usant de manœuvres dilatoires, le préfet du département de Pointe-Noire, cumulativement premier responsable du PCT au Kouilou, a attendu douze jours, la veille au soir du meeting, pour faire déposer au domicile de la secrétaire générale du PAD une suite défavorable à notre requête régulièrement enregistrée à son cabinet le 11 août 2008.

Le bureau politique du PAD dénonce avec véhémence la volonté manifeste et constante du préfet du département de Pointe-Noire d’empêcher, par tous les moyens, la libre expression des partis d’opposition au pouvoir actuel dont il est un des acteurs fanatisés.

Par la pratique des dirigeants actuels de notre pays, particulièrement dans le département de Pointe-Noire, le processus démocratique engagé par la Conférence Nationale Souveraine a été dévoyé.
De ces pratiques dignes de l’époque révolue du parti unique, découle le désordre d’une administration à plusieurs vitesses où chaque préfet de la République interprète la loi au gré de ses humeurs et de ses fantasmes.

Ainsi, le Pad peut tenir librement ses réunions publiques à Brazzaville avec l’accord du préfet de ce département, pour se voir interdire ses activités par un autre préfet, trop zélé, à Pointe-Noire.

Toutefois, le Pad, attaché à la démocratie et à l’Etat de droit restauré par la Conférence Nationale Souveraine, ne se laissera plus abuser par la démocratie de l’intimidation érigée en méthode de gouvernement.

Le bureau politique du PAD rassure ses militants et sympathisants sur la conformité de toutes les démarches administratives relatives au meeting, aux dispositions de la loi n°21-2006 du 21 août 2006 sur les partis politiques en ses articles 11 et 16, et la loi n°23/60 du 11 mai 1960 sur les réunions publiques en ses articles 2 à 5.

Afin de ne pas succomber aux pièges de la provocation des autorités départementales de Pointe-Noire, le bureau politique du PAD a décidé, en toute responsabilité, de reporter le meeting et de s’adresser à ses militants au siège du parti, en présence de la presse locale.

Le bureau politique mettra tout en œuvre pour l’organisation très prochaine dans le département de Pointe-Noire, du meeting reporté.

Il apelle ses militants et sympathisants à rester mobilisés et déterminés au combat politique pour les changements qualitatifs tant attendus par le peuple congolais.

Fait à Pointe-Noire, le 24 août 2008
Le bureau politique du PAD

Panoramique de l’assistance

Avec à sa gauche Aimée Mambou Gnali et à sa droite Jean-Félix Demba Tello, le général Emmanuel Ngouélondélé, très détendu mais aussi très déterminé, a, sans se référer à la moindre note [1], précisé ses positions avant de répondre longuement aux questions de la presse (article à suivre).

L’essentiel de la déclaration du président du PAD, Emmanuel Ngouélondélé [2]

Après lecture du communiqué de protestation, le général est revenu sur

Gal Emmanuel Ngouélondélé

l’interdiction faite de la tenue de son meeting. Il a insisté sur l’absolue régularité de l’inscription du PAD en tant que parti politique et s’est insurgé contre le distinguo fait entre partis de la majorité et ceux de l’opposition pour demander : « Je voudrais poser la question à mes petits frères les journalistes, qui pourront peut-être me répondre : la démocratie au Congo c’est quoi exactement ? Je ne comprends pas, que se passe-t-il exactement ? Les partis politiques qui font partie de la mouvance présidentielle peuvent pour leur part passer à la télévision durant une heure, deux heures pour dire ce qu’ils ont à dire au nom de la démocratie et par les partis de l’opposition. Nous n’avons pas accès à la télévision. Si on nous envoie une équipe de la télévision congolaise, vous ne verrez que des images muettes. Je serais un ministre de la République, je serais responsable d’un parti de la mouvance présidentielle, tout passerait intégralement. Mais les partis qui sont soi disant de l’opposition, n’ont pas la possibilité de s’exprimer dans ce pays qui est prétendument une démocratie. Je ne vois pas où est la démocratie en République du Congo. »

Conscient que les alliances familiales entre sa famille et la famille présidentielle puissent le rendre suspect auprès d’une certaine catégorie de congolais, il a tenu à s’en expliquer : « Je suis considéré par les congolais comme quelqu’un que le président Sassou commet chaque fois pour venir les divertir. Chaque fois que je parle on dit : « Oh, les histoires de Ngouélondélé là, mais c’est Sassou à chaque fois qui l’envoie pour venir divertir les gens. » en raison de mes enfants qui sont unis avec ceux du président Sassou.
Mais comment ? Le monsieur qui a pour mission de recevoir les instructions du président de la République, pour venir vous divertir, quitte Brazzaville, vient à Pointe-Noire pour tenir un meeting. Alors, comment comprenez-vous qu’un préfet de la République, qui respecte tant le peuple, l’empêche de tenir un meeting quand sur ordre du président de la République il serait là pour venir le divertir ?
C’est vous qui le dites dans toutes les localités du pays, « 
Oh ! Ngouélondélé est en train de fatiguer les gens. C’est un parent de Sassou.  ». Oui, les mariages ont fait ça. A cause de ça, si je vois que des choses ne vont pas et que je le dis, alors là c’est : «  Non, Ngouélondélé est un parent de Sassou… ». Vous avez la preuve aujourd’hui que j’ai raison, celui qui vient divertir, est empêché de venir faire son travail de divertissement.

Il s’en prend violemment aux préfets : « Les préfets de la République qui ont pour mission de protéger le peuple en défendant les institutions de la République, pas en bourrant les urnes, (on peut porter plainte contre, moi, je suis prêt à répondre de mes propos.)… Je le dis en tant que président de notre parti : l’activité de nos préfets aujourd’hui est extraordinaire, alors qu’il faut avoir reçu une formation spécifique pour devenir préfet ou sous préfet, il suffit aujourd’hui d’appartenir à tel ou tel parti politique pour le devenir.
Le travail d’un préfet est de veiller au bien être des populations : comment diriger sa préfecture, l’état des routes, l’état des dispensaires, l’état des collèges, l’état des écoles, l’état d’esprit de la population, les épidémies qui circulent et qui prévalent dans la préfecture, il en est de même pour les sous préfets. On ne s’occupe pas de ça, on s’occupe que de la politique et des salaires, j’entends que l’on s’occupe de son salaire, on s’occupe de ses privilèges, et on ne s’occupe pas des problèmes de la République.
Alors moi, général Ngouélondélé, président du PAD, s’il m’était donné de devenir préfet, je ne prendrais pas, parce que si être préfet c’est s’occuper de son salaire, se livrer aux petits business, parce que c’est ça malheureusement au Congo, les préfets sont dans le business.
 »

« Si le problème du chômage n’est pas regardé, si le problème de l’impunité qui est devenu un problème particulier dans notre pays, la corruption dans notre pays… Jamais dans notre pays en 48 ans d’indépendance, le pays n’a atteint un taux de corruption tel celui qui prévaut aujourd’hui… .
Je ne veux pas faire de la politique parce que la politique est devenue tellement dégueulasse, parce que si vous mélangez la politique à l’argent, si vous voulez privilégier l’argent à la politique, je ne suis pas preneur. En raison de ce que je viens de vous dire, à savoir le taux de corruption dans le pays, à savoir le niveau de l’impunité dans notre pays, à savoir toutes les injustices qui prévalent dans notre pays, à savoir la détresse de notre peuple et le désarroi des jeunes, je me suis levé exceptionnellement pour faire de la politique…
 ».

« Le Congo n’existe plus, on recrute en utilisant l’argent… »

« Nous avons réduit le Congo à deux zones, le nord n’est plus un point géographique, le sud n’est plus un point géographique, le nord et le sud sont devenus deux points politiques, nous sommes en train de nous entretuer au nom d’appartenances géographiques. Qu’on arrête cela, on doit en finir… Il faut qu’on sorte de nos tribus… »

« Je suis officier général de gendarmerie et me voici malheureux parce que contraint aujourd’hui de faire de la politique en raison de la situation de notre pays. Faire de la politique, pas pour moi, je n’ai pas besoin d’argent, parce que nous allons tous laisser l’argent. On peut piller le pays, l’argent restera ici quand nous rentrerons là-bas…
Ne pillons plus notre pays…
 »

« Dieu nous a tout donné. Le Congo est un pays extraordinairement vert, du sud au nord, de l’est à l’ouest le Congo est un pays totalement vert. Nous avons sous-sol bourré de choses que nous ne connaissons pas encore. Nous avons tout, nous avons un pays béni…
Il n’y a pas une seule préfecture qui n’ait pas une rivière, mais nous manquons d’eau potable…
Pointe-Noire notre ville économique n’a pas d’électricité…
Depuis que nous sommes indépendants on avait pas connu ça…
Nos congélateurs vont fonctionner comment ? Si on a de la viande à conserver le gouvernement nous dit qu’on a qu’à le faire bouillir…
 »

« Lorsqu’un peuple est affamé, il est à la merci de ceux qui ont l’argent. J’ai pitié de vous, de nous. »

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