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Henri Djombo, le triple A

Dans le cadre du lancement du Programme national d’afforestation et de reboisement (PRONAR), visant la plantation d’un million d’hectares d’arbres en dix ans, le 6 novembre dernier, quelque 166.000 arbres ont été plantés à Yié dans le Pool, à 60 km de Brazzaville. A Loudima, dans le sud-ouest, ce sont 750 hectares d’acacias et d’eucalyptus qui ont été plantés, et 300 hectares à Kintele. A Ngouha II, quelque 200 hectares de limba ont été plantés par le SNR (Service national de reboisement).

Le ministre du Développement durable, de l’Economie forestière et de l’Environnement, Henri Djombo, a été le cerveau de cette magnifique opération, avant de s’envoler pour la Tanzanie où il a été élu président de l’Accord de Lusaka, une instance qui s’attelle à protéger les ressources biologiques du continent africain. Une mission de plus pour celui qui est déjà président de l’UNEAC et de la Fédération de tennis de table.

Si les agences de notation - redoutées en ces temps de crise de la dette dans la zone euro - devaient attribuer une note à un ministre du Congo - l’Everest des ministres pléthoriques et inutiles - c’est aucun sans doute à Henri Djombo qu’irait le triple A. Et pour cause : l’homme est un marathonien. Et, avec les foulées d’un coureur de fond, il court d’un sommet à un autre dans le seul but de rendre visible la préservation de la forêt congolaise et de sa biodiversité.

A Yié, sans verser dans un christianisme écologique intégriste, Henri Djombo a prêché une exploitation sinon intelligente, du moins rationnelle et raisonnable de la forêt. Le ministre s’est alors appuyé sur le Pronar, ce vaste programme qui consiste à atténuer, surtout, « la pression anthropique qui s’exerce sur les forêts naturelles par la réduction de la déforestation  ». Il s’agit-là d’un programme qui doit conduire le Congo vers le paradis de l’économie verte.

Napoléon à un agronome qui reboisait : « combien de temps met un arbre pour atteindre sa taille normale  ? »

« Vingt ans Sire. »

« Alors il faut vite planter  » recommanda l’Empereur.

La forêt, c’est une question de temps et d’argent.

« Le Pronar bénéficiera également des appuis des mécanismes financiers internationaux dédiés aux forêts et au climat. Les études de base en cours sont menées avec le concours de la Banque mondiale et de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture » a ajouté le Ministre Henri Ndjombo, avant de s’envoler pour la Tanzanie en se disant, comme Napoléon, qu’en matière de reboisement il ne faut pas traîner les pas.

L’appel à lutter contre "le terrorisme environnemental"

Oui, c’est par cette métaphore vibrante que le ministre Henri Djombo a pris ses fonctions de président de l’Accord de Lusaka, le 11 novembre dernier. Cet accord anti-braconnage vise à punir le commerce de la Faune et de la Flore sauvage. Autrement dit : le commerce païen des espèces protégées. Ce faisant, tel Saint Paul en terres païennes, Henri Djombo veut mener des actions concrètes auprès des pays africains réputés laxistes en la matière. En somme, passes de la théorie aux actes. L’objectif du ministre est de leur signifier qu’en vérité, l’heure est venue d’entendre raison. Sinon, bonjour l’apocalypse des ressources biologiques !

Chez notre ministre de la Forêt, pas de langue de bois.

« Il va falloir que les Africains trouvent, en l’Accord de Lusaka, un instrument indispensable pour lutter efficacement contre cette forme de terrorisme environnemental  » a-t-il déclaré. Le Développement durable : un combat de tous les jours, au même titre que ceux de la culture et du sport.

Un homme multiple

Comme maître Jacques, le ministre a plusieurs casquettes.
"A-t-il le temps de dormir ?" se demandent ceux qui le regardent courir. Eh oui, comment fait-il ? Non seulement il dirige un grand ministère, mais il est aussi président de l’UNEAC (union nationale des écrivains et artistes congolais) et de la Fédération de Tennis de table du Congo. Aussi est-il plus dans les avions qu’à Brazzaville.

Henri Djombo est-il fâché avec la lecture à l’image de la classe politique congolaise ? Pas sûr. L’homme ne cultive pas uniquement des forêts ; il se cultive aussi. Car le ministre est auteur de plusieurs romans. Un amoureux de théâtre. Loin de ramer dans le sous-bois de la connaissance, son œuvre vole au contraire vers la canopée de l’intelligence.

L’homme de lettres fait feu de tout bois. Ne pas écrire ni lire, c’est comme s’il avait été amputé d’une main. Justement, ses mains lui servent de pratiquer le tennis de table. Et il se démène pour faire triompher ce sport méconnu des Congolais. Combien d’enfants de la rue ne trouvent-ils pas leur bonheur dans ce sport grâce à Henri Djombo ? « C’est vrai, tout sport sert de moyen d’intégration de jeunes désœuvrés » avoue un opposant au pouvoir congolais. Et d’ajouter à propos de l’homme politique : « Sans être exempt de reproches, Henri Djombo est peut-être le ministre qui essaye de se surpasser ; il a en lui un embryon d’humanisme ; il fait du Congo le premier pays au monde dans la lutte contre la déforestation.  » Tout est dit.

En fait, pour cet admirateur de Montaigne, « un homme honnête est un homme mêlé ». Multiple aussi. Ouf !

Viviane Bantsimba

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