email

Il y a deux ans mourait André Milongo…

Nous sommes aujourd’hui 23 juillet 2009. Cela fait donc très exactement deux ans qu’André Milongo-Ntsatouabantou nous a quittés. Le fondateur de l’Union pour la démocratie et la république, UDR-Mwinda, a incarné jusqu’à sa mort l’image d’un homme de modération sur lequel, ensuite, les laudateurs et panégyristes ont tissés les lauriers que l’on sait.
Homme de dialogue, homme de paix, seul homme de gros calibre congolais à n’avoir jamais inventé de milice armée comme instrument de pouvoir, réputé bon gestionnaire, bref, des qualités de modération qui seyaient mal à l’époque agitée que fut celle de notre sortir de la Conférence nationale souveraine. Comme Premier ministre ou comme président de l’Assemblée, membre du Conseil national de transition, André Milongo fut confronté à des défis prévisibles qui dénotaient l’impatience de ceux qui, à tout prix, voulaient voir – ou faire – autre chose que Denis Sassou N’Guesso.

André Milongo lui-même se lancera dans la course des présidentielles, par deux fois. En 1992, il arrive 4è, loin derrière Pascal Lissouba, le vainqueur. En 2002, principal candidat de l’opposition, il désarçonne tout le monde en renonçant à la dernière minute à se présenter dans une élection que remportera Sassou N’Guesso III. Beaucoup y verront une faute. D’autres une stratégie d’entente sournoise pour laisser Sassou N’Guesso libre de toute gène politique.

Les critiques contre André Milongo privilégient cette deuxième version, tressant de l’homme une image de politique mou, influençable, ayant « collaboré » tantôt avec Sassou qui le mit à l’abri lorsque les exaltés du MCDDI voulurent en découdre avec lui et avec leur autre « cousin » Monseigneur Ernest Kombo, tantôt avec Lissouba qui le « poussa » à signer une rallonge de son mandat en 1997, pour qu’il obtienne les deux ans supplémentaires que ne lui accordaient pas la Constitution. Toujours les critiques invitent aussi à la prudence, côté gestion de Milongo, faisant valoir qu’il fut le premier à user de la ruineuse stratégie du pétrole gagé pour payer des fonctionnaires…

Tout est-il qu’aujourd’hui, on a du mal à trouver dans le paysage politique congolais le lieu d’incarnation de ce que furent les qualités d’homme de modération d’André Milongo. D’autant que ce qui reste de son parti est fractionné entre une branche qu’anime Guy-Romain Kinfoussia qui se place volontiers dans la frange de l’opposition auto-dite « radicale » (un terme que Milongo n’aurait certainement pas endossé) et son fils Stéphane Milongo, animateur (avec Mme Laurentine Milongo ?) d’une UDR-Mwinda « authentique » (autre terme dont on aurait eu du mal à voir Milongo user !).

Le label survit certes, mais l’implosion du parti a aussi marqué son recul. Et, tout comme l’autre parti rival du Pool, le MCDDI, l’UDR-Mwinda doit d’abord gérer une crise de légitimité interne pour ne pas brouiller davantage cette image qui l’installe, dans l’opinion, « ni dedans, ni dehors ».

La République a « englouti » de nombreuses figures légendaires de notre histoire au cours des derniers mois. Ambroise Noumazalaye, Thystère Tchicaya, Augustin Poignet, Maurice-Stéphane Bongo Nouara, Ernest Kombo, Taty Loutard… La liste est longue. Nous avons déjà écrit quelque part notre regret de les voir quitter cette scène palpitante scène de la politique congolaise sans nous laisser leur part de vérité. André Milongo est parti en ne laissant qu’une réputation. Il est vrai qu’elle peut se révéler aussi importante que des mémoires.
Benda Bika

André Milongo

André Milongo est né le 20 octobre 1935 à Mankondi (District de Boko). Il est mort à Paris le 23 juillet 2007 à l’âge de 72 ans.
• Maîtrise de l’Université de Nancy, puis études à l’ENA
• Trésorier-payeur général du Congo (1964-1969)
• Fonctionnaire de la Banque africaine de développement (1976-1983)
• Fonctionnaire de la Banque mondiale (1986-1990)
• Retour au Congo à la faveur de la Conférence nationale souveraine (1991)
• Fondateur de l’Union pour la démocratie et la république (UDR-Mwinda)
• Premier ministre de la période de transition entre 1991 et 1992, et président de l’Assemblée nationale et membre du Conseil national de transition (CNT - 1997)
• Candidat à la présidence en 1992 (4è), et de nouveau en 2002 (se retire moins de 48 heures avant le scrutin estimant « les conditions de transparence du scrutin pas garanties »).
CP

Laissez un commentaire
Les commentaires sont ouverts à tous. Ils font l'objet d'une modération après publication. Ils seront publiés dans leur intégralité ou supprimés s'ils sont jugés non conformes à la charte.