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Irak

Incertitude persistante sur les conditions du retour des inspecteurs

WASHINGTON (AFP) - Le retour en Irak des inspecteurs en désarmement de l’ONU restait suspendu samedi à un accord au sein du Conseil de sécurité sur une résolution qui définirait les conditions de leur mission et les termes d’un éventuel recours à la force souhaité par Washington.

Alors que le président américain George W. Bush réaffirmait sa volonté d’agir rapidement pour frapper le régime de Saddam Hussein, les Européens rappelaient que le Conseil de sécurité de l’ONU avait, seul, la responsabilité de trouver une solution à la crise irakienne.

Dans son allocution hebdomadaire radiodiffusée, M. Bush a appelé samedi le Congrès américain à voter une résolution ferme sur l’Irak, qui "montrera aussi la détermination des Etats-Unis et aidera à pousser les Nations unies à agir".

Il s’agit d’envoyer "un message clair à Saddam : son seul choix est de se conformer totalement aux demandes de la communauté internationale. Et le temps pour le faire est limité", sinon, "le recours à la force deviendra inévitable", a déclaré M. Bush.

"Les retards, l’indécision et l’inaction ne sont pas des options pour l’Amérique car cela pourrait conduire à une horreur soudaine et à grande échelle", a-t-il affirmé.

Le chef des inspecteurs en désarmement de l’ONU, Hans Blix, en visite vendredi à Washington, a soutenu la demande américaine d’une nouvelle résolution de l’ONU sur l’Irak, semblant écarter un retour de son équipe dans ce pays avant l’adoption d’un tel texte, qui divise le Conseil de sécurité.

De son côté, la Russie a insisté samedi sur la nécessité d’un démarrage rapide de la nouvelle mission des inspecteurs. "Il est important que ce départ ait lieu à la date prévue", a dit le chef de la diplomatie russe Igor Ivanov, affirmant que l’envoi en Irak d’un "groupe d’avant-garde" des inspecteurs en désarmement de l’ONU était prévu le 19 octobre.

La position de Moscou est partagée par les Européens dont les ministres de la Défense, réunis à Rethymnon, en Grèce, ont souligné qu’un rapide retour en Irak des inspecteurs de l’ONU restait la "priorité" des Quinze, selon le ministre grec, Yannos Papantoniou.

"La solution du problème irakien est dans les mains du Conseil de sécurité des Nations unies", a insisté le Haut représentant de l’UE pour la politique extérieure, Javier Solana.

Washington, suivi par Londres, souhaite faire adopter par le Conseil de sécurité une résolution unique fixant les conditions des inspections en désarmement et les conséquences auxquelles Bagdad s’exposerait en cas d’insubordination, à savoir un recours automatique à la force.

Neuf voix sur les quinze du Conseil sont nécessaires aux Etats-Unis et à la Grande-Bretagne pour faire approuver leur projet. Parmi les dix membres non permanents, seuls quatre (Bulgarie, Norvège, Colombie, Singapour) pourraient le soutenir, selon des diplomates de l’ONU.

Et les désaccords sur la marche à suivre persistent.

La France soutient une approche en deux temps : d’abord une résolution sur le régime des inspections, puis, en cas d’infraction de l’Irak, une seconde résolution autorisant l’usage de la force. Entre-temps, "rien ne fait obstacle aujourd’hui à la poursuite des préparatifs de la mission des inspecteurs", a dit le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, François Rivasseau.

Dans la région du Golfe, le chef de la diplomatie irakienne, Naji Sabri, a entamé vendredi à Manama une tournée dans plusieurs pays - fortement sollicités par Washington - dont Bagdad espère obtenir au moins la neutralité en cas de frappe américaine.

"Nous tenons aux consultations avec les dirigeants arabes sur l’étape qui s’annonce et qui verrait les Américains prendre non seulement pour cible l’Irak mais tous les Arabes", a déclaré samedi à l’AFP un responsable irakien. M. Sabri devait encore se rendre dans les Emirats arabes unis, au Qatar et à Oman.

Pour sa part, le président égyptien a exprimé son opposition à un changement de régime à Bagdad imposé de l’extérieur. "Une invasion de l’Irak et son occupation (...) pourraient mener à une guerre civile violente dans les différentes régions d’Irak, du nord au sud en passant par le centre, en raison de la diversité ethnique et communautaire", a déclaré M. Moubarak.

Parmi les pays voisins directement concernés par la situation en Irak, la Turquie a elle aussi fait part de son inquiétude. "Nous sommes absolument opposés à une opération militaire dans notre région", a affirmé samedi le Premier ministre turc, Bulent Ecevit.

Il a également démenti des informations de la chaîne privée turque NTV selon lesquelles Washington aurait officiellement demandé à Ankara l’autorisation d’utiliser les bases aériennes turques d’Incirlik, Batman et Diyarbakir pour une possible opération contre l’Irak.

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