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Irak : les armes n’étaient qu’un prétexte !

En pleine polémique sur les arguments avancés par les États-Unis pour lancer l’intervention en Irak, le secrétaire adjoint à la Défense Paul Wolfowitz minimise dans un entretien à paraître dans le magazine Vanity Fair l’importance des présumées armes de destructions massives irakiennes dans le déclenchement du conflit.

En pleine polémique sur les arguments avancés par les États-Unis pour lancer l’intervention en Irak, le secrétaire adjoint à la Défense Paul Wolfowitz minimise dans un entretien à paraître dans le magazine Vanity Fair l’importance des présumées armes de destructions massives irakiennes dans le déclenchement du conflit.

Paul Wolfowitz affirme que des « raisons bureaucratiques » ont conduit à se concentrer sur l’arsenal supposé de Saddam Hussein -dont les Américains n’ont toujours pas trouvé la trace- mais que l’une des principales raisons de la guerre était en réalité la nécessité d’un retrait des troupes américaines d’Arabie Saoudite. Des propos qui ont choqué les détracteurs européens de la guerre en Irak.

« Pour des raisons bureaucratiques, nous nous sommes fixés sur un problème, les armes de destruction massive, parce que c’était la seule raison sur laquelle tout le monde pouvait être d’accord », déclare Paul Wolfowitz dans Vanity Fair.

Mais pour lui, les États-Unis avaient d’autres raisons d’entrer en guerre contre l’Irak, dont l’une, « énorme », même si elle est passée presque « inaperçue » : l’obligation de maintenir des troupes américaines en Arabie Saoudite pour protéger ce pays tant que Saddam Hussein était au pouvoir. Or la présence militaire américaine alimentait la colère des fondamentalistes islamiques, dont Oussama ben Laden.

Dans les deux semaines qui ont suivi la chute de Bagdad, les États-Unis ont annoncé qu’ils retiraient la plupart de leurs 5000 militaires d’Arabie Saoudite et qu’ils allaient installer leur principal centre de commandement régional au Qatar.

Ces objectifs n’ont toutefois pas été bien expliqués publiquement, au moment où les États-Unis cherchaient à se trouver un soutien international pour l’Irak.

L’administration Bush s’est au contraire concentrée sur l’échec de Saddam à se conformer aux résolutions des Nations unies exigeant le démantèlement des armes chimiques, biologiques et nucléaires présumées.

Mais l’incapacité des forces américaines à localiser de telles armes a soulevé des doutes en Europe et dans le monde concernant le danger réel représenté par l’Irak pour la sécurité mondiale.

Plus tôt cette semaine, le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld avait laissé entendre que Saddam pourrait avoir détruit de telles armes avant le début de la guerre.

Les commentaires des deux hommes ont ravivé la controverse sur la nécessité de la guerre au moment où le président américain, George W. Bush, part en Europe pour une tournée destinée notamment à apaiser les tensions entre alliés créées par le conflit.

L’ancien ministre danois des Affaires étrangères Niels Helveg Petersen s’est dit vendredi choqué par les affirmations de M. Wolfowitz. En Allemagne, le Frankfurter Allgemeine Zeitung estimait que l’Amérique était en train de perdre la bataille en matière de crédibilité. À Londres, l’ancien ministre des Affaires étrangères Robin Cook a affirmé qu’il doutait que l’Irak avait de telles armes.

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