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Kata Kata ou les crimes rituels à Ouesso

L’institution de la violence rurale s’est illustrée à Ouesso sous le terme de kata kata, une onomatopée qui veut sans doute dire « trancher systématiquement avec hargne » puisque le mode opératoire des bandits de grands chemins incriminés est la machette. C’est ce que nous rapporte l’hebdomadaire brazzavillois Le Troubadour (n°19 du lundi 27 mai 2013). Le phénomène a pu être stoppé grâce au colonel de police, Jules Monkala Tchoumou. On aurait dit que les gredins le faisaient sur le mode « je veux ton bien, je l’aurai ». Or non. Ce n’était pas pour dépouiller leurs victimes. Ces misérables commettaient leurs forfaits sur commande, pour des raisons, a-t-on cru comprendre, magico-religieuses.

Quid des kata kata ?

Il s’agirait de jeunes « Bantous » et (qui l’eut cru) de « peuples autochtones » (Pygmées) agissant en bandes organisées. Comme quoi, rien n’est plus fantaisiste que l’image d’Epinal de peuples pacifiques en ce bas monde. Que les paisibles Pygmées et les brutaux Bantou aient fait alliance dans le crime, voilà qui est étonnant.

Les kata kata renvoient à l’autre phénomène terrifiant dont les kinois et, désormais les brazzavillois, font les frais ces temps-ci : les koulouna. Travaillant à l’aide de coupes-coupes, les koulouna sont des jeunes désœuvrés issus de la misère urbaine de Kinshasa. Brazzaville étant la ville la plus proche de Kinshasa, elle est victime de la contagion des maux qui minent l’incroyable mégalopole rdécéenne.

Les enfants de Moukondo

Ces attaques à la machette rappellent également ce que les Brazzavillois ont connu dans les années 1980 : les enlèvements des enfants de Moukondo. La rumeur parlait de prélèvements d’organes sur des gamins dont on était sans nouvelles. Selon toujours la rumeur, les auteurs de ces barbaries avaient des positions politiques élevées, voire même très élevées (suivez notre regard)

Sociologie de la Sangha

Dans cette Sangha forestière où a longtemps sévi le phénomène andzimba (secte mystico-religieuse) et dont les marécages sont soupçonnés abriter Mokilimbémbé (descendants de dinosaures du jurassique ), il suffit d’un rien pour déclencher les mythologies les plus effroyables. Les kata-kata ont manifestement été assimilés à une mutation andzibiste assortie d’une once de koulouna. Si à ce syncrétisme il faille ajouter le fléau du chômage que la fameuse « municipalisation accélérée » n’a pas pu enrayer, toutes les conditions pour faire de la région un frein aux objectifs affichés par le Chemin d’Avenir de transformer le Congo en un pays émergent en 2024 ( pas avant) (cf. Mwinda) semblent réunies. Dans les années 1970, Côme Manckassa mesura l’impact des mariages concurrentiels sur la production économique de la région et, le sociologue nota des changements réels. Malheureusement, depuis la gestion PCT, le département connaît d’importantes régressions.

Méthodologie du sang

Les hors-la-loi procédaient à des attaques des paysannes dans les champs. Se servant d’armes blanches, les bandits de Ouesso blessaient mortellement leurs victimes dont ils recueillaient précieusement le sang. Il s’agirait de « crimes rituels ». Les bandits s’en prenaient particulièrement aux femmes dans les plantations de manioc, de café et de cacao, principales richesses de ce Département frontalier du Cameroun. Conséquences : les produits vivriers s’étaient faits rares à Ouesso la capitale régionale.

Crimes rituels ? Cela ne vous rappelle-t-il rien ? L’ombre des andzimba n’était effectivement pas loin dans cette façon d’opérer des assassins. Ce n’était ni du viol ni du vol.

Alors pourquoi Pygmées et Bantous ont-ils terrorisé la région ?

Le modus operandi ( une méthodologie sanglante ) milite pour la piste des prélèvements d’organes.

D’ailleurs ça n’a pas raté. De vieux fantasmes médico-métaphysiques ont été réveillés. Les connexions ont été faites entre les crimes rituels de Ouesso et les disparitions d’enfants de Moukondo au milieu des années 1980, sous Sassou.

Contacté au téléphone, l’avocat, Me Philippe Youlou, est catégorique : si dans la Sangha il est question de trafic d’organes humains, alors il s’agit de crime contre l’humanité, un crime imprescriptible au même titre que la solution finale perpétrée par les nazis sur les Juifs.

Les commanditaires

A en croire la police, les criminels (huit au total) travaillaient pour le compte de notabilités politiques. Pour preuve, le maire de Ouesso, Siméon Mobondé, serait en état d’arrestation et déféré à Brazzaville. Bénéficiant de la présomption d’innocence, le mis en examen attend d’être interrogé afin de déterminer s’il n’y a pas d’autres complices. Il semblerait que le préfet de la Sangha serait également tombé à...Pointe-Noire. Comme nombre de crimes aboutissent dans cette ville !

En effet, des notables Vilis seraient impliqués dans cet horrible commerce ; comme autrefois dans la terrible affaire des déchets radioactifs.

Selon RFI (dimanche 1er juin 2013), des autorités au sommet de l’Etat seraient mêlées à ces trafics.

Comme jadis à Moukondo ?

Appétit insatiable

La vente des organes humains participerait d’un business international et rapporterait gros. Quand on connaît l’appétit insatiable des autorités politiques congolaises, l’hypothèse de la connivence avec les agents du pouvoir n’est pas si fallacieuse que ça.

Peuples autochtones, aspects ethnographiques
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