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L’Afrique centrale veut enrayer le trafic illicite des diamants

BRAZZAVILLE, 16 nov (AFP) - 18h05 - Les pays producteurs de diamants d’Afrique centrale ont fait un nouveau pas mardi dans la lutte contre le trafic de diamants en annonçant la création d’un organisme régional de contrôle des pierres précieuses, qui constituent une de leurs principales richesses.

Dans une déclaration publiée à l’issue d’une réunion de deux jours à Brazzaville, les ministres des Mines se sont "engagés à contrôler avec efficacité le commerce des diamants bruts en Afrique centrale afin de juguler la contrebande et la fraude transfrontalière sous toutes ses formes".

"Première étape vers la mise en place d’une organisation africaine du diamant", le nouvel organisme sera placé sous la tutelle de la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (CEEAC), indique cette déclaration dite "de Brazzaville".

Les ministres ou leurs représentants d’Angola, de Centrafrique, de la République démocratique du Congo (RDC), du Congo et du Gabon, qui assistait à la réunion en tant qu’observateur, se sont également déclarés déterminés à "appliquer toutes les recommandations formulées dans le rapport des experts" établi à la veille de la réunion de Brazzaville.

Ils ont notamment plaidé en faveur d’un "meilleur suivi de la circulation des diamants et leur contrôle aux frontières" et de "lutte contre la corruption et la concussion dans la filière".

Comme l’ont répété ces experts à l’occasion de la réunion de Brazzaville, le secteur des diamants reste, en Afrique centrale, encore largement victime d’une contrebande favorisée par la faiblesse des législations nationales, des contrôles aux frontières ou par les guerres civiles.

Avec une production annuelle de 6 millions de carats, l’Angola perd ainsi environ un million de dollars par jour à cause du "garimpo", le trafic illégal de diamants, a indiqué son ministre des Mines, Manuel Africano.

Au Congo, les autorités estiment de leur côté que les deux tiers des diamants exportés de son territoire sont importés frauduleusement de pays voisins comme la Centrafrique, la RDC ou l’Angola.

La production du Congo, essentiellement artisanale, est officiellement de 50.000 carats par an, alors que ses exportations annuelles varient de 3 à 5 millions de carats.

Faute de n’avoir pu justifier un tel écart entre sa faible production et ses exportations, Brazzaville a été exclu en juillet dernier du processus de Kimberley, qui interdit le commerce des diamants produits dans des pays en conflit ou des diamants susceptibles de financer les guerres.

Lors de deux jours de la réunion de Brazzaville, experts et ministres ont tous souligné l’importance d’un meilleur contrôle des circuits de production des diamants, qui constituent l’une des princicipales richesses à la disposition des pays d’Afrique centrale.

"La concertation des ministres a montré que l’Afrique centrale doit faire que ses diamants servent au financement du développement et non des guerres", a insisté le ministre congolais des Mines, Philippe Mvouo.

Dans cet objectif, le Congo, qui assure la présidence en exercice de la CEEAC, doit "tout mettre en oeuvre" pour que l’organisme de contrôle régional voit rapidement le jour, a indiqué à l’AFP, un conseiller du ministère congolais des Mines, Louis Marie Djama, qui a présidé la réunion des experts.

Les participants à la réunion de Brazzaville n’ont fixé aucune date pour sa naissance.

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