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L’Après pétrole : le Congo n’a aucun projet économique viable

L’après pétrole

Le prix du baril de pétrole ne cesse d’augmenter. Les Congolais ne voient pas la couleur de la redevance. Pire, cette ressource minière n’est pas éternelle. Comment jouir d’une richesse hypothéquée par un régime extrêmement gourmand et flambeur qui, de plus, ne veut pas lâcher le morceau alors que cette richesse est appelée à s’épuiser, peut-ête même avant que ce régime klepto n’ait disparu ? Tel est le dilemme de notre pays.

Petro-Finance

Le dernier rapport de l’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE), lu à travers le prisme financier, est très satisfaisant pour l’Afrique. Ce continent a, en moyenne, réalisé une croissance économique de plus de 6 %, alors que les pays d’Europe affichent à leur compteur une régression d’un peu plus de 1 % au dessous de zéro.

L’embellie

En Afrique Centrale, sous région dont fait partie le Congo, cette embellie est estimé au voisinage de 14 %. Les analystes de l’OCDE présument que cette hausse serait due au prix du baril du brut, lequel de nos jours flirte avec les 60 dollars US. Un chiffre à graver dans les annales. Cependant cette nouvelle donne contraste avec les réalités quotidiennes de la population de ces pays, laquelle maintenue pendant de longue période en état stationnaire commence à reculer dans tous les aspects de la vie depuis une vingtaine d’année, le bord du gouffre n’étant plus du tout loin. L’écart devient de plus en plus criard entre les classes dirigeantes et le commun des Congolais : l’opulence insolente et la paupérisation écrasante.

La persifleuse rhétorique

Soumis à une répression tacite, le peuple, non dupe tout de même, mais trahi et désabusé par la corruption éhontée de ses représentants et le laxisme effronté de ses élus, n’a plus recours à aucun autre argument lorsqu’on lui fait avaler des discours à trois centimes du genre : « les revenus rapportés par la vente du pétrole servent à payer des dettes contractées auprès des créanciers, notamment les institutions du Bretton Woods, la Banque Mondiale et le Fond monétaire international. Et à créditer des comptes, au demeurant fictifs, pour les générations futures qui n’auront pas à jouir de cette richesse nationale. Etc. »

De l’ornière à l’usure

Aux yeux du gouvernement congolais, la population se résume aux seuls fonctionnaires de l’Etat, lesquels ont droit de bénéficier de la manne pétrolière par le versement de leur médiocre salaire mensuel. Les étudiants sont écartés de plus en plus de cette classe privilégiée qui jouit des richesses nationales. Aucune action concrète n’est menée afin de subvenir aux exigences de l’autre tranche, largement majoritaire et de satisfaire ses besoins les plus élémentaires. Le département de la Sangha demeure enclavée. Celui de la Cuvette Ouest est resté reclus. Les moyens de communication sont quasi inexistants. L’accès à l’eau potable et à l’électricité sont à la limite du possible. L’éducation et la santé à tous n’y sont pas considérés comme des aspects prioritaires.

Hydrocarbures et financement

La société nationale des pétroles du Congo (SNPC), qui au départ était supposée gérer et repartir les recettes résultant du pétrole à travers le pays n’est plus maintenant réduit qu’au simple rôle d’argentier de la présidence de la république et du clan au pouvoir. Elle se borne à financer des événements tels que le meeting africain d’athlétisme et la route de l’équateur, épreuve sportives auxquelles la population ne trouve pas son compte, sinon le toilettage du Congo au niveau international.

Divers

Dans un demi siècle le problème sera de nouveau amené sur la table. Le pétrole n’est pas inépuisable. Dans une quinzaine d’années, selon les experts, les Syriens n’en posséderaient plus que quelques gouttes. La diversification de l’économie devrait s’imposer au Congo ; pour se mettre au pas du nouvel ordre mondial. L’heure devrait être au passage d’une économie de type toujours primaire, mais adaptée au modèle informel, qui à son tour serait soutenu par les microcrédits, dans le but final de réduire la pauvreté et d’élever le niveau de la population. Cependant, la tragédie n’est pas que la politique gouvernementale n’est pas volontariste. Le drame est qu’elle n’a pas de plans d’actions pour donner un espoir nouveau aux Congolais.

Keila Samuel,
Brazzaville, ce 28 juin 2005

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