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L’UA cherche 360 milliards pour rebâtir l’Afrique

Publié sur le web le 16 Juillet 2004

C’est le président nigérian, Olusegun Obasanjo, qui préside, depuis le 6 juillet 2004, aux destinées du Conseil des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine.

C’est lui qui, avec ses quatorze vice-présidents, aura la lourde mission de faire tourner la commission de l’Union africaine que préside le Malien Alpha Oumar Konaré. Il devra faire fonctionner le Conseil de Paix et de Sécurité (CPS), organe de prévention et de règlement des conflits dont la présidence est confiée au président sud-africain Thabo Mbeki. Obasanjo devra permettre au Parlement africain de fonctionner ainsi qu’à de nombreuses autres institutions politiques, économiques, sociales, culturelles et juridiques de prendre leur envol.

Tels sont les principaux résultats, pour ce qui concerne directement la vie et le fonctionnement de l’Union africaine, de la 3ème session ordinaire de l’Assemblée générale de la première organisation panafricaine.

Bien entendu, le président nigérian pourra compter sur la fougue d’Alpha Oumar Konaré, le président de la commission de l’Union africaine, qui a présenté et fait adopter un document appelé "Plan stratégique 2004-2007" qui mérite d’être connu.

La vision d’avenir

Pour la Commission de l’Union africaine, le passage de l’OUA à l’Union africaine constitue une accélération de l’histoire dans la bonne direction : celle de l’intégration continentale. S’il est bien capitalisé, ce changement rendra possible, malgré les indicateurs pessimistes du moment, l’émergence d’une Afrique prospère, en paix, et présente sur la scène internationale.

C’est à ce scénario que la Commission travaille depuis septembre 2003, à travers de larges concertations internes et externes. Le plan stratégique 2004-2007 est le produit de ces échanges. Il repose essentiellement sur les prémisses suivantes :

 La volonté politique des Etats membres de l’Union pour réaliser l’intégration est réelle ;

 L’Afrique n’a pas de futur si elle ne commence pas à concrétiser tout de suite cette volonté politique exprimée ;

 La Commission est cruciale dans la réalisation de ce projet politique, mais il s’agira d’une Commission forte et responsable ;

 L’Afrique souhaitée requiert que la Commission de l’Union africaine se dote de stratégies et de ressources plus consistantes et plus prévisibles ;

 Le principe de la subsidiarité doit prévaIoir, exploitant les avantages comparatifs de chaque niveau d’intégration (Etats, collectivités locales, Région, Continent) et de chaque acteur (classe politique, société civile, secteurs publics et privés).

Le programme 2004-2007

La Commission propose 24 programmes prioritaires, un programme phare UA-NEPAD, et un programme spécial "Initiatives africaines".

Les programmes prioritaires visent deux résultats :

 premièrement, harmoniser et améliorer la place de l’Afrique dans le monde, et dans tous les secteurs majeurs ;

 deuxièmement promouvoir le bien-être des populations du continent.

Ceci passe par :

 le renforcement et la rationalisation des relations entre les REC et la Commission ;

 par l’élaboration d’une doctrine et d’outils diplomatiques, capables par l’anticipation, l’harmonisation, et une communication et des réseaux plus pertinents, de mieux défendre les intérêts du continent.

Les programmes phares NEPAD visent à accélérer la mise en oeuvre de 15 grands projets structurants pour tout le continent tels que la production locale de génériques notamment dans les domaines du Sida et du paludisme, la réalisation des programmes routiers (Dakar-Djibouti, Transsaharienne), celle de programmes ferroviaires (Le Cap-le Caire, Le Transmaghrébin). S’y ajoutent, entre autres, la mise en place des brigades régionales ainsi que les projets énergétiques (Inga, Gazoduc Alger-Lagos).

Le programme spécial Initiatives africaines vise à faire approprier le processus d’intégration par les citoyens d’Afrique et de la Diaspora tout en encourageant la créativité au service du continent. Il apporte un soutien consistant à l’innovation, à la création scientifique et culturelle.

Le coût du programme 2004-2O07

Le coût annuel du programme de la Commission est d’environ 600 millions de dollars US, répartis entre le fonds de la paix (200 millions de dollars US), le fonds de facilité pour la mise en oeuvre des projets NEPAD (200 millions de dollars US) et les programmes départementaux (200 millions de dollars. Ce montant est sans commune mesure avec les budgets habituels de l’OUA. La Commission, à cet effet, propose que les Etats consentent un pourcentage plus conséquent que par le passé de leur budget (0,5% de leurs recettes). D’autres méthodes de financement complémentaire sont proposées.

En définitive cependant, il s’agit de rendre possible l’existence d’un continent plus en paix, pouvant vendre ses ressources à un prix valorisant, capable d’offrir plus et mieux de santé, d’éducation et d’emplois à sa jeunesse.

Vaste programme ambitieux qui, malheureusement, risque de butter sur les conflits de leadership entre chefs d’Etat en Afrique. Car, à Addis-Abeba, l’absence de bien de dirigeants comme le libyen Muammar Kaddafi et l’Algérien Abdelaziz Buteflilka dont les pays font partie des "gros pourvoyeurs" que vise Alpha Oumar Konaré n’est pas passé inaperçue. Ces conflits seront, à coup sûr, les premiers obstacles à vaincre pour réunir ce budget de 600 millions de dollars (360 milliards FCFA) là où l’UA peinait déjà à trouver 40 millions de dollars (24 milliards FCFA) pour sa survie.

César Etou

http://fr.allafrica.com

Source : Plan stratégique de la Commission de l’UA pour la période 2004-2007

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