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L’enseignement public en République du Congo

Au pays de Denis Sassou Nguesso, l’enseignement comprend trois catégories de formateurs à savoir, les enseignants fonctionnaires, comme on le comprend, sont les fonctionnaires de l’Etat, les appelés volontaires sont les enseignants sortis des institutions et autres écoles et qui, faute d’une intégration à la fonction publique, donnent des cours moyennant une petite bourse que leur accorde l’Etat, enfin les vacataires, sont des jeunes formés dans d’autres domaines que l’enseignement et qui, se trouvant au chômage ont pris la craie pour combler le déficit criard en enseignants que connaît le pays. Ce sont ces deux dernières catégories qui menacent de débrayer si leur statut n’est pas revu.

Les enseignants vacataires relèvent de la seule organisation interne d’une structure scolaire qui constate un déficit en enseignants. Dans certains cas, avec l’implication des parents d’élèves. Ce sont ces derniers qui prennent financièrement en charge ces formateurs non reconnus par l’Etat. Il est fait obligation aux parents de verser une quotte part par mois ou par trimestre. Après tout, ce sont leurs enfants et l’école au Congo Brazzaville a bien cessé d’être gratuite depuis la fin tragique de notre défunt Président immortel Marien Ngouabi (paix éternelle à son âme). Les appelés volontaires et les vacataires se tuent à la tâche dans l’espoir que l’Etat finira par se souvenir des services rendus et se montrera reconnaissant en les reversant dans le ministère de l’enseignement, espoir que leur font miroiter les responsables de l’enseignement.
Les vacataires ne sont parfois pas rémunérés. Les parents qui ploient sous le poids de la pauvreté n’arrivent souvent pas à respecter les engagements pris en début d’année. L’école publique, comme on le sait, accueille les enfants des parents démunis.
Dans d’autres cas, les parents respectent le contrat. Cependant l’argent collecté prend une autre direction, à savoir celle des poches des responsables de l’établissement scolaire. « Le salaire de l’enseignant est tellement insignifiant que celui qui a l’aubaine d’occuper un petit poste de responsabilité est tenté d’escroquer même plus pauvre que lui. », nous dit un syndicaliste professeur certifié des lycées. Les vacataires du collège Kwame Nkrumah à Pointe-Noire par exemple, n’ont pas perçu la prime du dernier trimestre de l’année scolaire 2006-2007. La gestionnaire aurait vidé la caisse avant de partir en vacances. Ici, les 3000 élèves cotisent pour une somme de 500F chacun par trimestre, soit une coquette somme d’un million cinq mille FCFA. Pourtant, tout n’est pas supposé revenir aux enseignants. Au nombre de 9, les vacataires de Kwame Nkrumah perçoivent une prime de 30 000F, soit 90 000F par trimestre, un total de 810 000F, une somme très éloignée d’un million cinq mille.
Selon les informations reçues, un des vacataires, furieux et mécontent de n’avoir pas perçu son dernier trimestre, a emporté et détruit tous les registres de l’établissement. Conséquences de cet acte de révolte, le conseil d’administration de fin d’année a été retardé de plus d’un mois et les professeurs, privés de ces supports qui contenaient les éléments référentiels sur les notes des élèves ont peiné pour remplir les bulletins de fin d’année ; « Je n’ai jamais rempli les bulletins de mes élèves, nous confie un vacataire en histoire dans cet établissement, le directeur des études a dû le faire à ma place, il a certainement attribué des notes imaginaires sans aucune référence si bien qu’il ne serait pas étonnant qu’un élève qui avait de bonnes notes se retrouve avec de mauvaises et vice versa », annonce-t-il .

Pour de nombreux enseignants, le système d’appelés volontaires (formule trouvée en 1985 par le gouvernement de Sassou I pour contourner le programme d’ajustements structurels imposé par le FMI qui interdisait les recrutements dans la fonction publique) est un véritable sabotage de l’enseignement. « L’appelé volontaire perd sa vraie valeur d’enseignant, sa dignité devant les élèves qui le considèrent comme un sous enseignant malgré ses diplômes, ses compétences et ses aptitudes », souligne le professeur certifié des lycées qui lui aussi a connu les tracasseries et les difficultés liées à ce statut d’appelé volontaire. « L’école congolaise, poursuit-il, déjà minée par beaucoup de problèmes d’infrastructures, manque d’enseignant, l’Etat non seulement forme moins, mais encore, le peu d’enseignants formés ne sont pas utilisés et mis en valeur comme il se devrait. ». Pour le syndicaliste l’Etat doit prendre ces responsabilités. « Une gestion scientifique du système éducatif doit être une exigence que l’Etat doit s’imposer, évaluer les besoins sur le terrain, il faut une adéquation formation/emploi sinon l’Etat fera mieux de fermer certaines écoles s’il n’est pas capable de former assez. ».
Certains de ces appelés volontaires et vacataires ont entre 40 et 45ans. Ils ont effectué 10 à 15ans de volontariat. Les appelés volontaires et les vacataires de l’enseignement technique et professionnel en ont assez d’être « exploités », « Nous abattons le même travail que les enseignants fonctionnaires, pourtant nous ne bénéficions pas du même traitement, des même avantages parce que nos statut sont différents. Il est temps que notre statut soit revu car à travail égal salaire égal. ». Lance un appelé volontaire rencontré dans les rues de Pointe-Noire.

Ces deux catégories de l’enseignement menacent ainsi d’aller en grève dès l’ouverture des classes prochaines si leur situation n’est pas régularisée. La rentrée scolaire prévue pour le 8 octobre prochain s’annonce tumultueuse et incertaine, comme celles que nous avons déjà connues par le passé. Surtout si ceux de l’enseignement général prennent le relais. Que les dieux de l’enseignement nous en préservent, pour le bien de nos petits, nous les laissés pour compte qui n’avons pas une bourse acceptable pour nous permettre une inscription de notre progéniture dans les écoles privées ou à l’étranger.

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