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LA SOCIETE DU SPECTACLE

Carnaval

Du "5 Juin" à la "Nouvelle Espérance", tout ce qui se fait sous le mandat de Sassou n’est que spectacle, c’est-à-dire poudre aux yeux. Et, ça semble marcher, malgré les nombreux couacs. Le dernier numéro spectaculaire s’intitule "Route de l’Equateur". Rien de tel que l’océan pour jouer une comédie dont l’écho se fera entendre aux quatre coins du monde. Chapeau bas Otchombé : comment ne pas dire, dans ce cas, "bravo l’artiste" ?

ILLUSIONNISME

Depuis la fin de la guerre dite "du 5 juin", arbre qui cache la forêt. le Congo mérite la palme d’or de la prestidigitation. On savait Sassou franc-maçon, désormais on se rend compte qu’il est également magicien. Ce qui, soit dit en passant, revient au même. Ses tours de passe-passe sont d’une efficacité impressionnante. L’opinion internationale, d’habitude si critique sur les dictateurs que comptent le monde en général et l’Afrique en particulier, n’y voit que du feu. Maître Sassou est un jongleur ahurissant. Toutes les occasions sont bonnes pour faire un numéro de charme, devant un public médusé par son talent appris on ne sait où. Flanqué d’assistants de choix, ses numéros sont du plus bel effet. Il faut dire aussi qu’une bonne partie du public est naturellement acquise à la cause de l’illusionniste, notamment celle qui occupe le côté cour de la scène (entendez Talangaï). L’autre partie (la plus grande), faute d’autres spectacles à l’affiche, n’a pas le choix. Elle subit, bon gré, mal gré, ces mises en scène de série B.

On, veut amuser la galerie. Et, on y arrive. Les thèmes de l’amuseur public sont basiques : le sport et la culture. Ca se vend bien comme marchandise, à plus forte raison quand on ne dispose que de ça dans sa boutique. Les premières représentations ont été, pêle-mêle, les jeux africains et le meeting d’athlétisme que Brazzaville a abrités en 2004 et 2005. Quelle mise en scène ! Ensuite il y a eu le Fespam : un numéro assez bien rôdé en dépit des ratés.

Des hommes à la mer. Cette fois-ci, le clou du spectacle a été la "Route de l’Equateur" ; numéro mené de main de maître par les deux assistants les plus chevronnés de la troupe "Magicus Circus" : Maurice Nguesso et Isidore Mvouba. Le Paris/Dakar nautique est, tout de même, un numéro de haute voltige. L’artiste a couru le risque de se casser la gueule comme c’est souvent le cas pour une première. D’ailleurs à l’heure où nous mettons sous presse, le prestidigitateur est encore sur scène en train de faire son impressionnant numéro. Le public est perplexe. Selon les mauvaises langues, le clown a toutes les chances de rater son numéro.

Ya ofélé . Mais, il arrive que le public, blasé, refuse de jouer le jeu. Même lorsque le spectacle est gratuit (ofélé). Tenez par exemple, pendant le meeting d’athlétisme, les Brazzavillois ont boudé la représentation. Faisant preuve d’une rare générosité, l’imprésario/maison avait opté pour un spectacle à guichet ouvert. Les transports étaient gratuits. Peine perdue : les gradins furent désespérément vides, même la tribune des fans (suivez mon regard). Le ministère de la propagande qui comptait sur l’affluence pour montrer à la face du monde qu’au Congo les gens s’éclatent, dut déchanter. Parfois on se demande pourquoi le public est si difficile quand le spectacle est gratuit !

Autre exemple de funambulisme politique. Les états généraux sur la drépanocytose qui se sont tenus à Brazzaville du 14 au 17 juin 2005. Exception confirmant la règle, ici, la mise en scène fut appréciée. C’est que le sujet, la drépanocytose, concerne un grand pourcentage de la population. Ce forum a eu le mérite de ranger l’anémie falciforme dans le nombre des objectifs de santé publique des pays à taux de prévalence élevée.

Le Congo est donc devenu un société de spectacle et, Brazzaville, l’Olympia de l’illusionnisme.

Lé noua. Toutefois, avec la course maritime des pirogues, la scène où se joue cette comédie humaine semble se déplacer petit de Brazza la capitale politique à Pointe-Noire la capitale économique, avant de faire un immense saut de puce à Impfondo (le 15 août 2005) pour un spectacle grandeur nature dans la forêt vierge. Ca n’arrête pas. Le "Magicien de l’enfer" a décidé de mettre son mandat sous le signe du loisir absolu. L’an passé, cela va sans dire, c’est Ponton-la belle qui reçut l’insigne honneur d’offrir le spectacle commémoratif du 15 août aux Congolais. Gageons qu’en 2006, si Dieu prête vie au l’illusionniste, ça sera Oyo qui servira de théâtre à la fête anniversaire de notre "Indépendance". Puis, sûrement Kinkala en 2007, avec un autre enchanteur...Prosper Voula Nsi.

Public hagar au village d’accueil
En attendant les deux ou trois skippers du Paris/Dakar aquatique

Si tu vas à Rio. La capitale économique du Congo, comme chacun sait, était censée accueillir les protagonistes engagés dans la route de l’Equateur ce 27 juin, car, bien sûr ne soyons pas catégoriques mais hypothétiques, tout cela est tributaire des conditions météorologiques. Les skippers, aux dernières nouvelles, ont posé un superbe lapin aux "villageois" venus nombreux assister à ce joli "poème de la mer" qu’escompte déclamer l’Lomme des Masses (des "Nasses" ?). De toute façon il s’agit là d’une une aubaine pour les inconditionnels de la frénésie boulimique et autres flambeurs qui aiment se la couler douce aux frais de la République. Comme il fallait s’y attendre, les caisses du Trésor Public ont été nettoyées avec un rare soin. Prévue pour épancher un mois d’arriérés de salaire des fonctionnaires de l’Etat, cette masse monétaire, contre toute attente, a été orientée au financement du séjour du président Sassou Nguesso au Brésil. Car, tout de même là-bas, au pays de Pelé ne se tient-il pas le plus grand spectacle de magie noire jamais organisé dans la diaspora ? Non il ne s’agit pas du vaudou ou du candomblé. Je veux simplement parler, de la samba

Keila Samuel,
Brazzaville, ce 25 juin 2005

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