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Economie

La C E E A C face à l’intégration économique régionale : échec et mat

Economie bloquée

La CEEAC (Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale)pourrait faire partie de ce que de Gaulle (pensant à l’ONU) appelait ironiquement "machin", c’est-à-dire toutes ces organisations internationales budgétivores à souhait et incapables de régler un seul problème de ce monde. Coquille vide, aucun objectif avoué de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEA) n’a été atteint en près de vingt ans d’existence. Les populations des pays concernés continuent de tirer le diable par la queue et, surtout, de se regarder en chien de faïence comme le montre (cf. article) le dur traitement que le Gabon a récemment réservé aux réfugiés congolais.

La CEEAC et l’intégration régionale en Afrique centrale

La Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC) : voilà un concept autour duquel beaucoup de bruit a été fait, brouhaha alimenté par les cris des onze (11) pays de l’Afrique centrale, notamment l’Angola, le Burundi, le Cameroun, la RCA, le Congo, la RDC, le Gabon, la Guinée Equatoriale, le Tchad, le Rwanda, et la Sao Tomé et Principe en 1998. Créé en 1983 pour appuyer la création d’un marché commun du continent africain et une union douanière, elle a été paralysée dès 1992 par des crises socio-politiques et des conflits armés. Relancée en 1998 pour accélérer la croissance et lutter contre la pauvreté, on en attend encore les résultats.

On a cru que la CEEAC, partenaire de premier choix du Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD), devrait renaître de ses cendres le 07 juin 2005, lors du sommet annuel des chefs d’Etats de cette institution - qui depuis sa restructuration ne disposerait pas encore d’un document de stratégie globale - à Brazzaville, au Congo. C’était sans compter avec la léthargie qui caractérise nos Etats.

Sassou, l’un des hommes par qui la CEEAC a vu le jour
L’homme de l’échec

Force est de constater qu’à part l’augmentation de son budget de fonctionnement (5.39 milliards de F CFA) et quelque remaniement de son secrétariat, aucune résolution sérieuse n’a été prise lors du sommet de Brazzaville. Les pays membres ne sont pas jusqu’alors en mesure de mettre en place une synergie pour leurs intérêts communs. Tout laisse à croire que le plomb accroché sur les ailes de cette institution d’intégration régionale pèse de plus en plus lourd, réduisant ainsi, d’année en année, son élan. A cette allure, l’intégration de la sous région ne pourrait rattraper l’écart qu’elle accuse face à sa rivale, la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

Zone de faible capacité institutionnelle, l’Afrique centrale ne dispose pas d’un mécanisme de convergence des politiques macroéconomiques et de surveillance multilatérale, contrairement à la zone CEMAC qui constitue une union monétaire. L’écart très limité entre les pays et les moyens humains et financiers ( pour exécuter et suivre les programmes de travail) n’est pas de nature à encourager cette cohésion régionale.

Dans son rapport synthétique sur les stratégies d’assistance à l’intégration régionale pour l’Afrique centrale (avril 2005), la Banque Africaine de Développement continue à affirmer son soutien aux efforts des pays de la CEEAC au plan régional et national, notamment le renforcement des communautés économiques régionales.

La CEEAC, confrontée à des contraintes d’ordre institutionnel, économique et social qui l’empêchent de faire face aux défis et opportunités qu’offre le nouveau contexte de mondialisation, trouverait peut-être un nouvel élan en 2006, au début du deuxième semestre à Ndjaména, avec l’estompement des foyers de conflits régionaux. Son programme de relance s’insère dans le cadre du NEPAD autour de la paix, la sécurité et la stabilité sous régionale, du développement humain, des capacités d’analyse, d’action, d’initiative, d’intervention, de communication et de négociation collective et de l’intégration physique, économique et monétaire.

Mais, pour l’instant, aucun indice ne montre que cette Institution inter-étatique est en train d’emprunter cette voie salutaire.

Keila Samuel
Brazzaville, juin 2005

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