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La Cuvette-Ouest en quarantaine à cause d’une fièvre probablement causée par le virus Ebola

NAIROBI, 14 février (IRIN) - Le Gouvernement de la République du Congo a décidé, jeudi, de placer en quarantaine la région de la Cuvette-Ouest, au nord du pays, en raison d’une fièvre hémorragique aiguë ayant déjà fait 51 victimes, fièvre dont le virus Ebola est la cause présumée.

"Nous attendons encore la confirmation des tests de laboratoire, mais il semble presque certain qu’il s’agit de cas de (fièvre) Ebola", a déclaré à IRIN Iain Simpson, responsable des relations de presse et de la communication au Programme de lutte contre les maladies transmissibles, à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), vendredi à Genève. "Nous allons de l’avant comme si cela était confirmé, en réunissant une équipe composée d’experts de la gestion des cas et des épidémies, pour qu’ils se rendent au Congo dès que ce sera réalisable".

Cette épidémie a déjà causé 51 décès, a confirmé le ministre de la Santé et de la Population, Alain Moka, lors d’un point de presse tenu jeudi dans la capitale, Brazzaville.

Les districts de Mbomo et Kelle ont été les plus durement touchés. Le village d’Ebelangoy, où 38 décès ont été enregistrés, a été presque complètement abandonné par ses habitants, qui se sont enfuis vers Kelle et d’autres villages des environs.

"Les conditions objectives et subjectives d’une propagation rapide et à grande échelle de la maladie sont réunies, et le pire est à craindre", a averti le ministre.

Une série de mesures d’urgence ont été prises par le Gouvernement pour éviter que la situation ne s’aggrave. Les équipes de santé sont actuellement renforcées dans les zones les plus touchées. Des stations de radio mobiles ont été installées, pour informer la population sur cette fièvre hémorragique. On fait appel à des parlementaires et à d’autres Congolais influents pour sensibiliser la population. Toutes les écoles des zones touchées ont été fermées. De petits appareils de radio sont remis aux familles pour assurer qu’elles puissent entendre les directives des autorités concernant l’épidémie. On a interdit les rassemblements publics et la circulation des personnes d’un village à l’autre. En outre, une somme de 40 millions de francs CFA (68 161 dollars des É.-U.) a été injectée pour permettre le déploiement sur le terrain d’équipes médicales supplémentaires.

Le ministre Moka a souligné que des mesures d’accompagnement seraient également prises. "La situation réelle de l’épidémie est loin d’être maîtrisée, car personne ne veut que l’on dise que son parent ou son village est atteint (par la fièvre) Ebola", a-t-il admis.

Un employé de l’OMS à Brazzaville a dit regretter "le mauvais sort" qui s’est abattu sur le district de Mbomo, qui subit sa seconde épidémie de fièvre hémorragique en moins d’un an.

Il a tenu à souligner les risques inhérents au fait de travailler après de populations terrorisées.

"Avec le refus de la population de coopérer, il est difficile de travailler normalement et d’obtenir de bons résultats", dit-il. Il a rappelé qu’un membre de la mission d’enquête sur l’épidémie de fièvre Ebola effectuée en juin dernier, avait été molesté, à Olloba, par des villageois surexcités et mécontents de leur présence sur les lieux. Ce dernier n’avait eu la vie sauve que grâce à l’intervention d’un responsable de la Croix-Rouge locale.

Les autorités ont d’abord été alertées de la présence possible de la fièvre Ebola lorsque des gorilles d’un clan de la région ont commencé à mourir. Des tests effectués sur leurs cadavres ont confirmé que ces grands singes étaient morts à cause du virus Ebola, et que ce dernier avait infecté plus de 80 pour cent des gorilles du clan. On croit que l’épidémie parmi les gens de la région tire sa source du fait que des villageois avaient consommé de la viande de singe infectée par le virus.

La fièvre hémorragique à virus Ebola est l’une des maladies virales humaines les plus virulentes que l’on connaisse, entraînant la mort chez 50 à 90 pour cent des malades. Le virus se transmet par contact direct avec les fluides corporels de personnes ou d’autres primates infectés.

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