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La gestion du pétrole mise en cause à l’assemblée nationale congolaise

BRAZZAVILLE, 13 fév (AFP) - 11h31 - Le pétrole a été l’objet d’un débat à l’assemblée nationale congolaise, au cours duquel le président du Congo Denis Sassou Nguesso a été accusé de gérer seul l’or noir et les groupes pétroliers occidentaux de ne pas respecter les intérêts du pays.
"L’opacité dans la gestion des ressources pétrolières est très criarde dans notre pays", a lancé mercredi Abel Massengo, député de l’opposition.

"Elf agit en sous mains en distribuant de l’argent à certains milieux, pendant que les jeunes comptent sur le pétrole pour avoir du travail", a souligné M. Massengo, membre de l’Union pour la démocratie et la république (UDR), le principal parti d’opposition à l’assemblée nationale.

L’or noir est le premier produit d’exportation du Congo avec 80% des parts de recettes. Il contribue pour près de 70% aux ressources budgétaires annuelles du Congo. Elf-Congo, filiale du groupe TotalFinaElf, assure les deux-tiers de la production.

Joseph Kignoumbi Kia-Mboungou, député de l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (UPADS-opposition), a accusé ouvertement le président Denis Sassou Nguesso de gérer seul le pétrole avec sa famille.

"La gestion du pétrole, c’est l’affaire d’un clan familial. C’est une affaire qu’on gère en famille", a lancé M. Kignoumbi Kia-MBoungou, en citant la Société nationale des pétroles du Congo (SNPC) qui constitue, d’après lui, une "partie du clan familial".

La SNPC commercialise 20% du pétrole sur le marché international, les 80% étant vendus par les compagnies occidentales présentes au Congo.

Excédé par ces propos, le ministre des Finances, Rigobert Roger Andely, a réagi : "S’il y a un clan qui gère le pétrole, c’est le clan national. C’est ce clan que je connais".

Retransmis en direct à la télévision, le débat a eu lieu à la faveur de l’examen de deux projets de loi pétroliers soumis par le gouvernement congolais à la demande de TotalFinaElf. Les députés ont rejeté les deux textes parce qu’ils violent, selon eux, les intérêts du Congo.

Le premier projet de loi était relatif à l’approbation de l’accord d’application d’un avenant à la convention d’établissement au Congo d’octobre 1968 de l’ancienne Elf-Aquitaine devenue membre de TotalFinaElf. Le second portait approbation d’un avenant au contrat de partage de production sur le permis Haute mer conclu en avril 1994 entre le gouvernement congolais et le groupe.

Ces deux textes devaient permettre à TotalFinaElf de bénéficier de facilités fiscales et d’avantages financiers destinés à couvrir les coûts de production du gisement Moho-Bilondo découvert sur le même permis au large des côtes congolaises. Leur approbation devait se traduire par une prorogation du permis Haute mer qui a expiré en décembre 2002.

La production de Moho-Bilondo doit commencer en 2005 et son développement d’ici 2004.

Pour les députés congolais, les projets de loi réduisent à 25% la part du profit dû au Congo alors que parallèlement, celle de TotalFinaElf et ses partenaires impliqués dans la production de Moho-Bilondo doit passer à 75%.

De plus, ajoutent les députés, les textes suppriment la provision pour investissement diversifié (PID) apportée par les compagnies pétrolières pour financer des projets sociaux.

Les députés ont recommandé au gouvernement de "renégocier" avec TotalFinaElf pour mieux garantir les intérêts du Congo.

Gabriel Bokoumaka, député de la majorité présidentielle, a relevé le "caractère cabalistique des deux textes de loi", destiné, selon lui, à cacher la vérité aux députés.

"Le pétrole, c’est notre propriété. Nous ne devrions pas en souffrir. Nous pouvons faire appel à d’autres partenaires qui sont plus soucieux de nos intérêts", a estimé Mbossa Okandzé, lui aussi de la majorité présidentielle.

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