email

La non-ingérence à la sauce congolaise

Evacuée la rencontre François Hollande et Denis Sassou Nguesso, les relations franco-congolaises ont viré illico du politico-économique et diplomatique au judiciaire. Au Congo-Brazzaville, le judiciaire est en pleine détresse. Elle est l’une des institutions la plus corrompue de la République. Et, Sassou Nguesso appelle de ses vœux que la justice française fonctionne à l’image de celle du Congo-Brazzaville où l’impunité a été régie en mode de gouvernement. C’est là le cœur du problème. Car le scandale des biens mal acquis avec, en toile de fond, la corruption à grande échelle, n’est que l’une des plaies de ce pays de quatre millions d’habitants.

Le poisson pourrit par la bouche

Ce n’est pas seulement la justice du Congo-Brazzaville qui fait naufrage. Ce sont aussi les éléments de langage qu’utilise Sassou Nguesso pour en parler sur le perron de l’Elysée le 8 mars 2013, en brandissant le principe de non-ingérence comme un chiffon rouge à propos de l’affaire des biens mal acquis (BMA). Non seulement il s’agit d’une langue de bois, mais elle est aussi imprégnée d’une religiosité sermonneuse. Denis Sassou Nguesso, le PCT et les agents du « chemin d’avenir  » devraient guerroyer contre la corruption, le laxisme, la kleptomanie et le clientélisme pour défendre le Congo-Brazzaville gangrené par la culture de l’impunité. C’est tout le contraire qui s’y passe.

Aveu

Ce n’est pas encore un aveu. Mais c’est tout comme. Denis Sassou Nguesso ne nie pas la réalité des faits c’est-à-dire l’existence des biens mal acquis en France par les membres de la famille présidentielle et les agents du « chemin d’avenir  ». Il prône le principe de la non-ingérence. Problème : les faits incriminés par la justice française se situent sur le territoire français. La France serait accusée de recel si aucune action n’était engagée à l’encontre des contrevenants. Le Président congolais Denis Sassou Nguesso, reçu lundi 8 Avril 2013 par François Hollande, a dénié à la justice française « le droit » d’enquêter sur les « biens mal acquis », estimant qu’il s’agissait d’une entorse au principe de non-ingérence.

« Ce que nous voulons rappeler, c’est que le principe auquel nous avons tous souscrit au plan international est celui de la non-ingérence dans les affaires intérieures », a déclaré le chef de l’Etat congolais à l’issue d’un entretien de plus d’une heure avec son homologue français.
Ce principe doit être « respecté pour que la justice en France ne se sente pas le droit de traiter de questions qui intéressent les problèmes intérieurs aux autres Etats », a-t-il insisté (AFP, 8 Avril 2013).

Le Droit saute par la fenêtre

Pourquoi la justice du Congo-Brazzaville ne s’est-elle jamais intéressée aux biens mal acquis du clan Sassou ? Pourquoi n’a-t-elle pas ouverte une information judiciaire sur l’origine des fonds qui ont servi à l’acquisition de ces biens ? La raison en est simple. C’est une justice aux ordres qui obéit au doigt et à l’œil aux injonctions de Mpila. Le procès sans cesse reporté de Marcel Ntsourou en apporte la preuve flagrante. Les différentes instances judiciaires du Congo-Brazzaville se refilent le bébé comme pour se débarrasser d’une patate chaude. Le principe de non-ingérence invoqué par Sassou Nguesso serait-il le permis de voler des deniers publics ?

Sassou Nguesso a passé sous silence le principe de non-ingérence, ne trouvant rien à y redire lorsqu’il s’est s’agi pour lui d’endosser et d’enfiler le costume de médiateur dans la crise centrafricaine. Sassou Nguesso n’a d’ailleurs pas tari d’éloges à l’endroit de François Hollande pour l’intervention militaire de la mère patrie au Mali. C’est, en effet, la France, ancienne puissance colonisatrice, qui a extirpé in extremis le Mali des griffes de la bande d’Ansar Dine qui marchait allègrement vers Bamako. Le Congo-Brazzaville a même financé la logistique des troupes tchadiennes engagées dans la guerre du Mali aux côtés des militaires français. Dans ces deux cas, le principe de non-ingérence aurai-il perdu toute pertinence ? Quid de l’intervention de l’armée angolaise en 1997 au Congo-Brazzaville ? Deux poids, deux mesures ? C’est un doux euphémisme d’affirmer que Denis Sassou Nguesso n’a pas la suite dans les idées.

Lorsque Sassou Nguesso, le PCT et les agents du « chemin d’avenir  » cherchent de bonnes raisons (pour le cas d’espèce de mauvaises) pour voler, piller et dilapider les fonds du Trésor public en s’érigeant en premiers promoteurs immobiliers du Congo-Brazzaville, ils sont rarement à court. De vrais professionnels du crime !

Benjamin BILOMBOT BITADYS

Laissez un commentaire
Les commentaires sont ouverts à tous. Ils font l'objet d'une modération après publication. Ils seront publiés dans leur intégralité ou supprimés s'ils sont jugés non conformes à la charte.

Recevez nos alertes

Recevez chaque matin dans votre boite mail, un condensé de l’actualité pour ne rien manquer.