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La police mise à mal sur le grand marché de Pointe-Noire

Pour avoir cru une fois de trop qu’ils ont tous les droits, des policiers en tenue provoquent une émeute sur le grand marché de Pointe-Noire.

Le nombre des militaires et des représentants de la force publique est toujours inversement proportionnel au niveau de vie d’un pays. En corollaire, plus les gens en uniforme sont nombreux, moins leur action correspond à la tâche qui est sensée leur être la leur. On en arrive bien trop souvent à l’inversion de la fonction, le représentant de l’ordre devenant le pire des voyous et des fauteurs de troubles.

Les garants de la loi sont donc les premiers à la transgresser bénéficiant de l’impunité conférée par leur fonction et leur uniforme. Ils se permettent des exactions qui vaudraient à tout autre arrestation et jugement au mieux, lapidation et lynchage au pire. Les uniformes deviennent un symbole de crainte et de corruption quand ils devraient rassurer et inspirer confiance aux populations.

Le Congo, qui déjà possédait un corps militaro-policier plus que conséquent, a intégré à son armée et à sa police, en absence de toute structure formatrice utile ou industrie en demande de bras, tous les bandits, violeurs, pilleurs et voyous de toute sorte qui constituaient les troupes combattantes miliciennes des seigneurs de la guerre, et qui ont bien voulu déposer les armes.

Utilisant les ressources de la nation à des usages tout autres, le gouvernement n’a pas les moyens de payer régulièrement sa fonction publique, dont les gens en uniforme font partie, ils se payent donc sur la bête, rançonnant tous ceux qui peuvent l’être parce que non protégés. Leurs victimes sont donc les plus faibles et les plus défavorisés, petits marchands de trottoir, pousse pousseurs, prostituées, chauffeurs de taxis…

La semaine passée, au grand marché de Pointe-Noire, un groupe de policiers venus dit-on de Brazzaville a ainsi cru bon d’interpréter les instructions qui leur avaient été données de faire dégager les marchands de trottoir, empêchant la libre circulation sur ceux-ci, en détruisant leurs étalages et en les tabassant à cœur joie et en se servant comme si tout cela leur avait appartenu. Mal leur en prit, la population a commencé alors un semblant d’intifada en lançant divers projectiles sur les flics qui ont du battre en retraite. La BAC appelée en renfort a mis tout le monde d’accord en distribuant horions et bastonnades.

Un policier de la première équipe a été prétendument gravement blessé durant cette quasi émeute. Cette information a été formellement démentie par le commissaire central de la ville lors d’une interview sans équivoque à la télé locale, au cours de laquelle il a affirmé que personne n’a été soigné à la suite de cette altercation.

Il n’en demeure pas moins que très inhabituelle dans le pays, cette réaction populaire s’inscrit comme un sursaut de la population vers le refus de l’arbitraire et de la barbarie. C’est un avertissement aux forces de l’ordre qui désormais devront regarder à deux fois avant d’agir

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