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Paris, le 04 février 2004

La réconciliation nationale : exigence urgente pour sauver le Congo Brazzaville

Par Nguila Moungounga-Nkombo (Retranscription, cet article n’engage que son auteur)

La reconnaissance des droits fondamentaux de l’homme, le droit à la paix, à la sécurité et au développement, la nécessaire ouverture au changement dynamique, s’imposent aujourd’hui comme un corps de principes référentiels universels auxquels tout le monde aspire légitimement.

Tout montre, malheureusement, que les organes de pouvoir en place au Congo-Brazzaville ne sont compatibles ni avec une réelle démocratie, ni avec un réel désir de recherche de la Paix, ni avec aucune des valeurs essentielles de la République auxquelles doivent se référer tous les acteurs de la vie politique, économique et sociale du pays.

Le coup d’état sanglant perpetré le 5 juin 1997 qui a abouti le 15 octobre 1997 au renversement de toutes les institutions démocratiques issues du consensus de la conférence nationale souveraine, tout comme la guerre aveugle imposée aux populations des régions du Sud et du Sud Ouest notamment, pour faire accepter un régime de terreur, a confirmé la nature putschiste et antinationale du pouvoir de Brazzaville. Le pays a montré dans son immense majorité, qu’il est resté fortement attaché aux valeurs consensuelles de la démocratie donc totalement opposé au pouvoir dictatorial de Brazzaville dont les élections illégitimes et illégales absolument exclusives ont aggravé le discrédit.

Le pouvoir en voulant absolument interpréter de façon restrictive, unilatérale et partisane, l’accord de cessez-le-feu et de cessation des hostilités du 29 décembre 1999 et l’accord additionnel de mars 2003 s’est englué dans son option volontariste de fuite en avant totalement irréaliste.

Il a voulu s’assurer le contrôle absolu de tous les leviers de commande pour, comme au temps du parti unique, se mettre durablement à l’abri de toute possibilité de construction d’une dynamique alternative forte. Il s’est malheureusement engagé dangereusement dans une voie sans issue : il a érige en loi le désordre qui ne peut que le fragiliser, le mener a sa perte certaine. La génération et l’approfondissement de la paupérisation que le pouvoir utilise comme arme, pour asseoir un régime de corruption à grande échelle et de clientélisme, aggrave le dépérissement des valeurs civiques et républicaines, cultive et approfondit les dissensions.

L’immobilisme et même la régression politique, économique et sociale, augmentent de façon inquiétante les problèmes mal résolus ou laissés en suspens, renforcent le caractère pressant de l’immense demande sociale en termes d’accès à l’emploi, au logement, à l’éducation, à la santé…, ruinent tout espoir de paix et de stabilisation du pays.

Il est aujourd’hui établi, au regard des faits, que les putschistes n’avaient et n’ont toujours aucune ambition louable pour le pays comme le montrent les résultats de sept années de gestion scabreuse marquée par :

 Le climat de terreur savamment entretenu et l’insécurité généralisée ;
 La planification des massacres a grande échelle des populations des régions favorables aux partis de l’opposition ;
 Le déni de droits ;
 la déliquescence de l’Etat ;
 la désintégration du tissu économique et social ;
 la paupérisation aggravée de la société nationale ;
 la dilapidation effrénée des ressources publiques ;
 la résurgence des pandémies ;
 l’exclusion et l’injustice ;
 le refus obstiné de répondre aux appels pressants et répétés de l’ensemble des forces vives du pays pour un vrai dialogue national sans exclusive.

Il est clair que les attributs de puissance coercitive et absolue du pouvoir sont illusoires : ils ne peuvent rien régler de façon durable.

Le dialogue national sans exclusive s’impose donc naturellement comme le seul cadre indispensable de l’organisation de la paix véritable et durable, pour normaliser la vie du pays et des populations lourdement meurtries.

La démarche courageuse et généreuse de l’organisation oecuménique des églises du Congo et des forces nouvelles de la société civile congolaise, jette un regard nouveau sur le besoin urgent de transparence et de bonne gouvernance. C’est un exemple de conscience de responsabilité citoyenne et de patriotisme qui nous interpelle tous.

La constance de la position du CNR, de son président le Pasteur NTOUMI et des forces patriotiques et démocratiques restées fidèles à l’esprit et à la lettre de la conférence nationale souveraine pour la nécessaire réhabilitation de la démocratie, exige le respect de l’accord du 29 décembre 1999 notamment en son article 13 sur le dialogue national sans exclusive. C’est une marque de patriotisme qui rassure et qui mérite tout notre soutien.

La rigueur affichée de cette position patriotique généreuse rappelle au pouvoir de Brazzaville que les forces populaires conscientes n’acceptent plus de voir le pays s’enfoncer dans la désespérance.

Les FDU elles-mêmes sont au bord de l’éclatement : les leaders des partis membres des FDU, notamment Messieurs Jean Marie TASSOUA, Pierre NZE, Gabriel BOKILO et Mathias NZON trouvent aujourd’hui insupportable la dérive patrimoniale dans laquelle s’est engagé dangereusement le clan familial de Mr Sassou. La Communauté Internationale avec surtout le HCR trahi ; les familles des 353 jeunes disparus du beach de Brazzaville, les familles de toutes les autres victimes nombreuses des différents sites mouroirs et tous nos compatriotes exigent le retour à une vie normale et la sécurité pour nos populations.

Nous voulons légitimement une République pour tous. Nous savons que la paix véritable est nécessairement et absolument la conséquence d’un vrai dialogue de réconciliation nationale sans exclusive, devant permettre de redéfinir de façon consensuelle les règles du jeu politique et démocratique qui tiennent compte de l’évolution du monde d’aujourd’hui et des préoccupations essentielles des populations, de leur dignité, de leur devenir. Le peuple Congolais a besoin de la paix et de la réconciliation, pour s’atteler en toute responsabilité à l’immense tâche de reconstruction nationale.

Notre jeunesse aujourd’hui désorientée a besoin d’un vrai espoir. Aucun homme de bon sens ne peut trouver un motif suffisant, pour lui voler indûment cet espoir indispensable pour son avenir.

Fait à Paris, le 04 février 2004

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