email

Le Congo, les femmes et la politique

Aucune loi, au Congo, n’empêche les femmes de jouer un rôle politique de premier plan ni même d’accéder au sommet de l’Etat. Aujourd’hui, elles ne supportent plus de se cantonner à des tâches ménagères et de potiches suivant leur mâle d’époux.

La gent féminine se découvre des appétits politiques. Au fil des ateliers et séminaires le logos politique prend corps : « Mobilisation, conscientisation ».
Cantate solennelle pour l’admission de la femme dans la sphère politique. A croire que l’initiation à la vie publique bonifie. D’ailleurs, une lecture exégète de la vie publique congolaise butte sur une icône : Tchimpa Vita. Mais très vite cet univers est accaparé par le sexe dit fort, les femmes n’y jouent qu’un rôle décoratif et accessoire dans les gouvernements successifs de Brazzaville.

Au gré de l’histoire et de l’actualité, à l’instar du Libéria où madame Johnson est élue chef de l’Etat, et au Chili au vu des résultats du premier tour des élections présidentielles où Michelle Bachelet arrive très en tête du scrutin, les politiciennes congolaises n’entendent plus jouer les seconds rôles.

Ordalie, aux pages noires du Congo, à l’évidence de par l’échec économique, les guerres fratricides, la précarité sociale, bref, la mauvaise gouvernance, elles ont les arguments pour une confrontation rude lors des échéances électorales à venir. 2007 pourrait être l’année de l’anti-féodalisme, pour cela, elles mettent tous les moyens dans la bataille.

Le 10 décembre 2006 au centre social du rond point le Gorille à Pointe-Noire, 40 femmes du Kouilou (sénatrice, ministre, maire d’arrondissement, conseillères municipales, cadres, enseignantes et ménagères) se sont réunies pour affronter les rudiments de la démocratie en élisant les membres du bureau des Femmes Politiques du Kouilou. Deux d’entre elles se sont excusées et ont quitté l’assemblée avant le scrutin. L’expérience de vox populi a régné, campagne intra murale et vote secret ont balisé les travaux. A l’issue de ceux-ci, madame Dekambi Fernande, actuelle administrateur maire de l’arrondissement 4, Loandjili, est élue présidente des Femmes Politiques du Kouilou par 24 voix contre 14 à madame Nombo Mavoungou, secrétaire générale de la chambre de commerce, d’industrie, d’agriculture et des métiers de Pointe-Noire, cette dernière à été cependant élue à la vice-présidence par 19 voix contre 18 et une abstention face à madame Tchitchellé, élue deuxième vice présidente. Madame Ngimbi est élue au secrétariat et madame Lekouma Suzanne obtient le mandat de trésorière. Ce bureau est élu pour une durée de 4 ans. Il est chargé d’étudier le profil des candidates et les stratégies politiques en vue des échéances futures.
Madame la présidente à déclaré : « Les femmes m’ont faite dans le milieu associatif ». Médecin de carrière, membre du Lions Club, Administrateur Maire de Loandjili, Fernande Dekambi est mariée et mère de cinq enfants. Lasse en raison de la durée marathon de la réunion, elle s’est livrée à Congopage :

« Depuis ce matin, nous avons planché sur notre rapport d’activités des années 2002 à 2005. Nous avons ensuite examiné et adopté le projet de programme d’activités 2006, et enfin le projet de budget 2006. L’essentiel des activités de la cellule politique féminine du Kouilou sera axée sur trois registres :
  La préparation des femmes à leur candidature aux élections
  La formation des futures candidates
  L’incitation des femmes à faire de la politique, c’est à dire leur démontrer qu’elles peuvent sans complexe participer à la vie publique, car les textes de notre pays ne nous en empêchent pas. »

Elle nous déclare encore : « Il est évident aujourd’hui que le Congo politique est macho. Le constat après les élections de 2002 en témoigne. Le résultat est que malgré le fait que nous ayons pu placer quelques femmes à certains postes législatifs, sénatoriaux et même ministériels, le cercle demeure très étroit. Les scrutins de 2007 devront accroître le nombre des femmes aux postes de responsabilités. Mais la tâche est ardue, le pouvoir s’arrache, il ne s’offre pas sur un plateau d’argent. »

En filigrane une réelle volonté de rupture sociale et culturelle se profile à l’horizon. Les naufragées de rives associatives à l’instar de la Fondation Congo Assistance, Femmes SIDA Santé, etc. gagent maintenant vers une évolution vers des responsabilités politiques effectives tout en cherchant à préserver leurs acquis.

Antoinette Sassou Nguesso a dit : « Le 1 mai 1984, à la suite des engagements pris lors de L’Assemblée générale des femmes responsables, tenue à Mexico en 1919, nous portions sur les fonts baptis¬maux la Fondation Congo Assistance.
La philosophie, qui guidait notre action, était la promotion de l’action sociale en République du Congo, dans les domaines de la santé, du développement, de la nutrition, de l’éducation et de la formation professionnelle, en faveur du couple mère-enfant et des personnes du troisième âge...

...Aujourd’hui et demain, nous essaierons de mériter un peu plus de la confiance que nos partenaires extérieurs nous font et de l’attente que les plus faibles placent en nous.
Partageons ensemble cette espérance. »
Les femmes politiques congolaises ne se reconnaissent plus dans ce schéma de « dames patronnesses » elles veulent tenir des rênes afin de contrebalancer l’hégémonie masculine.

L’élite féminine tend à toucher les fondements de la République, de la Paix et de la Démocratie. On peut certainement leur accorder plus de confiance qu’aux hommes pour réduire les disparités sociales, en tout cas elles sont sans nul doute davantage au courrant des difficultés inhérentes à la fonction parentale et sociale tant leurs compagnons ne semblent concernés que par les honneurs et le lucre. Certes, il reste à démontrer que dans les hautes fonctions elles ne prendront pas le même chemin que ces messieurs, mais le jeu en vaut la chandelle.

Madame Fouti-Nsoungou

Madame Philomène Fouti Nsoungou à répondu à quelques questions de Congopage

Daniel Lobé Diboto : Madame, voudriez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Philomène Fouti Nsoungou : Je suis sénatrice, première secrétaire du sénat conseillère municipale de l’arrondissement III Tié-Tié et présidente de l’association Femmes SIDA Santé.

DLD : Vénérable, vous possédez une grande expérience de la vie publique. Aujourd’hui les femmes se battent pour obtenir une place plus importante dans la vie publique, qu’en dites-vous ?

PFN : C’est une très bonne chose, c’est tout ce que nous attendons. Si vous avez suivi les travaux de la conférence que nous avons tenue à Suéco, nous avons fait l’autopsie du retard qui freine la participation de la femme à la vie publique. Parmi les activités nous devions redynamiser le Centre de Promotion des Femmes en Politique au niveau de Pointe-Noire. Je pense que cette structure va pouvoir faire un travail de sensibilisation, de conscientisation pour accroître le nombre d’adhérentes aux postes de décision de la vie publique. Vous pouvez remarquer que lorsque les femmes sont nombreuses dans une structure, et surtout des femmes qualifiées, les choses ont tendance à mieux se passer que lorsque les hommes sont en surnombre. Pour cela je lance un appel aux femmes qui possèdent des compétences : ne reculez pas, tendez toujours vers l’avenir, n’hésitez jamais à occuper des postes de responsabilité quand l’occasion s’en présente.

DLD : Nous aimerions connaître les rapports existant entre les femmes et les hommes de la deuxième chambre parlementaire.

PFN : En tant que première secrétaire du bureau du Sénat, je pense que les rapports sont bons. J’essaie de me mettre à la hauteur des tâches qui me sont confiées, tout en ménageant mes rapports. Je ne m’y considère pas comme une femmes dans le sens que je défends mes avis sur des décisions qui engagent le pays. Je ^pense aussi que je suis en face d’hommes qui savent reconnaître la valeur des femmes. Je suuis fière de pouvoir travailler dans ce milieu où les hommes sont compréhesifs, je m’y plais et je n’ai rien à reprocher aux hommes avec lesquels je travaille.

DLD : Quel appel lancez vous aux hommes qui ont « faussé » la vie politique du Congo ?

PFN : Vous savez... faussé, on il faut mettre cela entre guillemets. Il faut connaître leurs motivations, il faut savoir quelles ont été leurs ambitions. Quand on a des ambitions démesurées, on pense que l’on peut refaire le monde d’un revers de la main, c’est sûr, dans ce cas on fonce tête baissée dans le mur. Mais, s’ils sont matures, je pense qu’ils peuvent faire leur mea culpa et même servir de conseil, car après leur expérience, ils pourraient être utiles aux jeunes, dire : Voilà, parce que j’ai agi ainsi, je suis parvenu à telle défaite, dorénavant, vous qui êtes jeune, évitez de commettre les erreurs que nous avons commises quand nous étions aux affaires.

DLD : Quel avenir voyez-vous pour le Congo ?

PFN : Je suis optimiste, surtout, vous les jeunes, vous les médias, vous devez organiser les plages d’information, d’éducation et de communication. Essayez de vraiment ouvrir les débats en consultant toutes les couches : jeunes, femmes, vieux, sans emploi, en somme tout ceux qui constituent la population de ce pays pour faire l’autopsie de problèmes qui minent notre société. Les raisons qui font que nous vivons en vase clos. Dans un même quartier, les gens en provenance de différents départements se considèrent comme ennemis. Il est impératif de briser le spectre de la division de l’ethnocentrisme que nous ne connaissions pas par le passé. Nous devons favoriser les échanges entre tribus, traditions et coutumes. Ce sont ces échanges qui nous grandiront et nous permettront d’aller de l’avant pour que le Congo soit uni et prospère.

Laissez un commentaire
Les commentaires sont ouverts à tous. Ils font l'objet d'une modération après publication. Ils seront publiés dans leur intégralité ou supprimés s'ils sont jugés non conformes à la charte.

Recevez nos alertes

Recevez chaque matin dans votre boite mail, un condensé de l’actualité pour ne rien manquer.