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Le PCT face à l’histoire

Il ne faudrait rien attendre d’exceptionnel du congrès du PCT, qui s’est tenu du 21 au 25 Juillet 2011 à Brazzaville, pour tenter de sauver de nouveau le Congo-Brazzaville du marasme social et économique, après la grand’messe de la conférence nationale souveraine(CNS). La tragédie du Congo-Brazzaville a trop duré. La crise n’est plus une crise du PCT, c’est une crise de la morale, de la gouvernance du Congo-Brazzaville, de la société congolaise, tout simplement.

Les membres du PCT, bouchon épinglé sur le reevers de la veste, exaltés et divisés, peuvent continuer, comme ils le font depuis 1969 à la grande époque de Noumazalay, Ndalla Graille, Diawara, Moungounga et Ngouabi à coller des rustines à un pneu trop usé. Cela permet peut-être de prolonger provisoirement le voyage. Toutefois, cela ne règle pas le problème du Congo-Brazzaville rongé par l’ethnocentrisme, la gabégie, la malversation financière, le clientélisme, la concussion, la corruption, le favoritisme etc...

Statu quo des statuts

Les négociations en cours entre les grands barons du PCT dont les conciliabules se sont tenus sur les bords de l’Alima, sous le haut patronage de Sassou Nguesso, le chef du clan, ne sont plus à la hauteur des enjeux, cela même si, les partis satellites ont fini par accepter de rejoindre le PCT à l’exception notable de Willy Nguesso. D’ores et déjà, le Parti Congolais du Travail (PCT, au pouvoir), a exclu de traiter la question de la révision de la Constitution du 20 janvier 2002 lors de son 6ème congrès extraordinaire. Idem pour la question de la limite d’âge. Le PCT évite les questions qui fâchent et qui préoccupent au premier chef les populations du Congo-Brazzaville. Le premier rapporteur du comité préparatoire de ce congrès, Pierre Ngolo, a fait cette annonce mercredi 20 Juillet 2011 à Brazzaville, ajoutant que la question relative à la désignation du successeur du président du Comité Central de ce parti ne sera non plus abordée à cette occasion.

On comprend facilement cette façon de renvoyer aux calendes grecques cette question car à ce jour la présidence du Comité Central du PCT est assurée par le chef de l’Etat congolais, Denis Sassou Nguesso. Sassou y est, Sassou y reste.

Intervenant au cours d’un point de presse, Pierre Ngolo a indiqué que ces questions ne figurent pas au centre des préoccupations du PCT. Diable ! On se demande quel genre de question peut préoccuper les congressistes si ce n’est celle du renouvellement ou de la reconduction. On pourrait croire que les militants de ce parti qui contrôlent tout le pays vont débattre du sort des populations. En réalité, non. Le vénérable Jean-Pierre Nonault, ancien ambassadeur du Congo en France, a pourtant mis en garde (avec une rare démagogie bien sûr) en disant : « Chers camarades, le peuple nous regarde. L’enjeu est historique. Nous n’avons pas le droit à l’échec »(Congo-Site, 21 Juillet 2011).

Nonault dont l’expression démagogique n’a échappé à personne l’a dit pour faire croire que le sort de la nation les intéresse, eux qui sont depuis longtemps coupés du Congo réel. Personne, en effet, n’est dupe de la fourberie. Car jusqu’à preuve du contraire, le PCT élude soigneusement les sujets brûlants comme le pouvoir d’achat des Congolais, le chômage des jeunes, la diversification de l’économie, le renforcement du rôle des PME/PMI, le Congo-Brazzaville dans la mondialisation, la réduction de la dépendance de l’économie vis-à-vis du pétrole, l’usage des matières premieres dans le financement du développement, l’éducation, la santé, la salubrité des villes, l’approvisionnement en eau et électricité préférant débattre du sexe des anges.

« Le peuple nous regarde » ! La bonne blague. A qui le camarade Nonault veut-il faire croire que le PCT est sous le contrôle du peuple, lui (Le PCT) qui n’a jamais rendu compte à personne ! Dans ce vieux « machin », chacun cherche à défendre son bout de gras sans se soucier de l’intérêt collectif, une notion qui, du reste, a perdu sa quintessence au Congo-Brazzaville. Le spectacle est affligeant. Il ne faudra pas s’étonner que cette cocotte minute qu’est devenu le Congo-Brazzaville explose un de ces quatre.

Isidore Mvouba : la rançon d’une alliance

Yoka versus Mvouba

Rodolphe Adada, originaire de l’axe Olombo-Oyo-Boundji, avait les faveurs du chef pour hériter du poste de Secrétaire général du PCT. Isidore Mvouba, redoutable homme d’affaires à l’instar des dignitaires du pouvoir, natif de Kindamba dans la région du Pool, se bat comme un diable dans un bénitier en vue de conserver son beefsteak pécétiste. Tribun hors pair formaté à l’école du marxisme et piétre politique, la justification d’Isidore Mvouba sur les bombardements des populations du Pool (C’était, plaida-t-il, les gens du Pool qui avaient imploré que Sassou leur largue des bombes sur la tête, pour déloger Ntoumi) lui colle à la peau comme la tunique de Nessus. Par conséquent, le sort d’Isidore Mvouba(tout comme celui de Prosper Nkonta, originaire de Mbanza Mpoudi dans la région du Pool) n’ interesse personne en dehors de ses amis politiques et courtisans à l’image du député Claude Abraham Milandou. Aucune larme versée pour cette canaille. Par ailleurs la bataille entre Yoka et Mvouba (deux bana Ouénzé) fait rage. Ils se regardent en chiens de faïence. Aimé Emmanuel Yoka, qui voue une haine viscérale envers Isidore Mvouba, sapologue au teint "jaune papaye » (bien que ce dernier cause parfaitement mbochi) a dû se frotter les mains.

Malheureusement, la langue mbochi que pratique Mvouba avec maestria, n’a pas été un élément suffisant pour que ses compagnons de la révolution marxiste le reconduisent à un poste qui, de toute façon, n’a jamais été que décoratif. Mvouba entrera dans l’histoire comme le Brutus qui aura trahi tous les César du Pool. Les habitants du Pool bombardés avec son aval ont toujours eu à son égard la formule d’Auguste César : " Même toi notre fils !" . Au bout du compte, comme Juda Iscariote, les Pharisiens de la Cuvette l’ont payé en monnaie de singe. A sa mort (c’est une façon de parler) ses tripes comme celles d’Iscariote seront dévorées par des charognes après s’être pendu dans un champ qui portera les malédictions de la trahison.

Pierre Ngolo l’outsider

Contre toute attente, déjouant ainsi tous les pronostics, c’est finalement Pierre Ngolo qui a été élu secrétaire général du PCT. Battant à plate couture Rodolphe Adadaa et Isidore Mvouba. Pierre Ngolo succède ainsi à l’ancien secrétaire général du PCT Edouard Ambroise Noumazalay décédé en 2007. Christel Sassou Nguesso, le fiston, a été nommé au bureau politique du PCT. La succession de Denis Sassou Nguesso est en marche. Aimé Emmanuel Yoka qui taille un procès en incompétence à l’égard d’Isidore Mvouba doit roucouler de joie. Que dire de Mvouba sinon : Molinga akomi civil  !

Pierre Ngolo, un parfait inconnu, a été placé à ce poste de commandement pour obéir au chef réel du Parti, Sassou-Nguesso, l’homme qui depuis trente ans a coutume d’exercer le pouvoir de façon exclusive et, notamment sans partage. Si Pierre Ngolo n’a pas compris qu’il occupe un poste honorifique, c’est que ce camarade a intérêt à faire un effort pour relire le florentin Machiavel, le maître de la gestion paradoxale de la politique. Ceux qui obéissent portent parfois des titres ronflants, mais ce ne sont que des apparences. Mvouba, l’intérimaire sortant, en sait quelque chose.

Un parti vorace

A quoi donc sert un congrès au budget colossal de 20 milliards de francs CFA ? A rien, si ce n’est engraisser les « camarades membres  » , connus pour leur paresse et leur incapacité de présenter des motions pour susciter le débat d’idées. Le drame du PCT c’est de n’être jamais entré dans l’Histoire du Congo-Brazzaville en remportant démocratiquement les élections libres et transparentes. Il fit un médiocre 17 % aux dernières et seules élections transparentes jamais organisées au Congo-Brazzaville en 1992. Au pays du « chemin d’avenir  », entre la franc-maçonnerie et l’axe Olombo-Oyo-Boundji, le PCT aura du mal à se frayer, à l’avenir, un chemin.

Benjamin BILOMBOT BITADYS

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