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Guerre en Irak :

Le "front du refus" de la guerre en Irak se dit majoritaire

NATIONS UNIES (Reuters) - A la veille de la présentation au Conseil de sécurité de l’Onu d’un rapport crucial des inspecteurs en désarmement, le front du refus d’une guerre en Irak affirme disposer de la majorité au Conseil pour contrer d’éventuelles vélléités américaines en ce sens.

Mais Londres, allié numéro un de Washington, a de son côté fait savoir jeudi que si les informations faisant état de la présence en Irak de missiles dépassant la portée maximale autorisée par l’Onu étaient avérées, Bagdad serait en violation de la résolution 1441 du Conseil de sécurité exigeant son désarmement sous peine de "conséquences graves".

Reste que les positions des membres du Conseil de sécurité sur le sens d’une éventuelle violation de cette résolution divergent.

"L’Allemagne soutient cette résolution et nous avons oeuvré activement en faveur de son application", a déclaré le chancelier Gerhard Schröder au Bundestag, chambre basse du parlement allemand. "Mais il est également clair que cette résolution ne contient rien d’automatique en ce qui concerne le recours à la force militaire".

"Nous pouvons désarmer l’Irak sans lui faire la guerre", a-t-il répété. "On ne peut se tromper en déployant d’importants efforts en faveur de la paix (...). Cette opinion est partagée par une majorité de membres au Conseil de sécurité de l’Onu."

LE BRESIL DANS LE FRONT DU REFUS

L’Allemagne, la Russie et la France ont signé cette semaine une déclaration commune appelant à intensifier et étendre les inspections menées sous l’égide de l’Onu en Irak pour son désarmement. Dans un entretien publié jeudi, le président russe Vladimir Poutine explique que son pays est prêt à utiliser, si nécessaire, son droit de veto à l’Onu.

Membre permanent du Conseil, Pékin a ouvertement soutenu ce texte. Et mercredi soir, le Brésil, poids lourd de l’Amérique latine qui ne siège actuellement pas au Conseil, s’est officiellement rangé derrière ce "front du refus".

D’où le redoublement d’efforts de la part des alliés de Washington, partisan d’une solution plus dure et plus rapide pour en finir avec la "menace" que représente à leurs yeux le régime de Saddam Hussein.

Le Premier ministre britannique Tony Blair a estimé que de récentes découvertes par les experts en désarmement de l’Onu pourraient constituer une violation substantielle de la résolution.

Six spécialistes indépendants ont conclu mercredi que des roquettes de type Al Samoud 2 retrouvées en Irak et produites par Bagdad avaient une portée de plus de 150 km, ce qui lui est strictement interdit, selon les termes de précédentes résolutions de l’Onu.

"Cela ne signifierait pas simplement que (l’Irak) a omis de déclarer et de dévoiler des informations, mais il s’agirait d’une violation de la résolution 1441", a déclaré Blair après des entretiens avec son homologue australien Jon Howard.

L’OTAN PASSE APRES L’ONU

Le dirigeant britannique a ajouté qu’il attendrait la présentation attendue, vendredi, du rapport des chefs des inspecteurs en armement de l’Onu pour émettre un jugement définitif.

Reste que sur ce point précis, l’Allemagne se démarque de nouveau de son voisin européen. Joschka Fisher, chef de la diplomatie allemande a en effet réaffirmé que son pays ne considérait pas, à ce stade, l’Irak en violation substantielle de la résolution.

A en croire le porte-parole de la Maison Blanche Ari Fleicher, Washington a commencé à réfléchir sur le texte d’une seconde résolution de l’Onu, qui donnerait le feu vert à une intervention militaire en Irak. Les Etats-Unis sont, au Conseil, épaulés en ce sens par Londres et Madrid.

Signe de l’importance accordée au rapport de Hans Blix et Mohamed ElBaradeï, le ministre allemand de la Défense Peter Struck a fait savoir que la crise de l’Otan ne serait débloquée qu’après cette réunion du Conseil, à savoir samedi au plus tard.

Paris, Bruxelles et Berlin ont opposé cette semaine leur veto à l’Otan à une requête américaine visant à protéger la Turquie en cas de guerre en Irak. Les trois pays ont estimé qu’accéder à cette demande revenait à approuver tacitement le caractère inéluctable de la guerre.

"Une décision sera prise au plus tard samedi, après la réunion au Conseil de sécurité, à laquelle restent suspendus les intérêts de la Turquie", a déclaré Struck.

Jeudi, les experts en désarmement de l’Onu ont inspecté au moins sept sites suspects dans le centre et le nord de l’Irak.

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