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Lu dans Congonewsbzv le 14 Février 2004

Le général Ngouelondele s’insurge contre le système...

NOS COMPATRIOTES DU NORD BOUGENT (*)

Dans une lettre non datée, mais probablement rédigée en 2003, l’un d’entre eux et non des moindres, le général de brigade, Emmanuel Ngouelondélé-Mongo, s’adresse au président Sassou Nguesso. Quel en est le constat ? Il y expose les raisons qui l’ont fait réagir et retrace les faits ci-après :

  1. Les motivations qui l’ont conduit à rédiger cette lettre ;
  2. Le rappel des faits ;
  3. La traversée du désert de Sassou Nguesso ;
  4. Le tournant post-conflit ;
  5. La dérive militaire ;
  6. La dérive sur le plan de l’administration et de l’autorité de l’Etat ;
  7. La dérive au niveau des conditions de séjour des étrangers ;
  8. La dérive sur le plan économique et social ;
  9. La dérive sur le plan sanitaire ;
  10. L’effondrement du système éducatif.

Toute proportion gardée, le constat est très sévère et sans appel. Mais dans un pays où sévit un régime sans objectivité ni d’esprit de discernement, l’on ne serait nullement étonné que notre compatriote qui
tire la sonnette d’alarme soit accusé de tous les maux. Heureusement qu’il est originaire du Nord-Congo, de la même tribu que Sassou NGuesso et un de ses vieux compagnons depuis le mono. Sinon, il lui serait arrivé les pires ennuis et, comme le régime sait le pratiquer, il ne serait pas surprenant d’apprendre qu’il a été enlevé et porté disparu. Car Sassou Nguesso n’aime pas ceux qui le toisent. Mais l’auteur est Mbochi, il ne lui arrivera donc rien du tout.
Hallucinant ! A croire que le Congo est envahi par des extra-terrestres dont le but est la destruction du pays tout entier. En clair, le général Ngouélondélé-Mongo ne voudrait-il pas dire : "A quoi sert-il d’exterminer des populations entières (génocide) si c’est pour aboutir à un tel résultat
caractérisé par la corruption, l’impunité, la mauvaise gouvernance, plutôt l’incapacité qui repose sur la prise de conscience qui engendre la peur
d’être allé trop loin dans le crime ?"
.

(*) - Cette note est de la rédaction de CONGONEWSBZV - CONGONEWS BRAZZAVILLE, qui demande à tous ceux et celles des organisations, des
Journalistes qui en seront en possession de bien vouloir la publier, la dispatcher aussi loin que possible et, peut-être, de la traduire en anglais
afin que le monde entier le sache. D’après le diffuseur, le document ci-après est authentique. Même à Brazzaville, tout le monde la recherche et
court après pour l’obtenir. Le régime en place fait tout pour le bloquer par tous les moyens. Maintenant c’est à vous toutes et tous de jouer. Merci !

Général de Brigade Emmanuel Ngouélondélé-Mongo
106, rue Yakoumas Brazzaville

A Monsieur le Président de la République du Congo

Monsieur le Président,

La crise que vit notre pays, le Congo, depuis 1993 à nos jours, et plus particulièrement depuis la période de la deuxième transition de 1997 à 2002, m’oblige à sortir de mon devoir d’obligation de réserve. Evidemment je n’accuse pas comme Emile Zola dans l’affaire Dreyfus, mais je lance un cri d’alarme.

En vous adressant cette lettre, j’imagine d’ores et déjà le tollé, les commentaires et les supputations qu’elle va susciter au tour de vous, parmi les protégés et les privilégiés de la République. J’imagine les voix qui vont s’élever ça et là pour s’indigner de ce que j’ai manqué à mon devoir de réserve.

I -LES MOTIVATIONS

Oui, Monsieur le Président, je le fais exceptionnellement parce que, tout en observant mes devoirs d’officier général et d’ancien responsable des
Services Spéciaux, il y a aussi devant la Nation, l’histoire et les générations futures, le sens de la République et de la Patrie qui s’impose à moi, autant qu’à tous ceux qui vous entourent au niveau des Institutions de l’Etat, mais qui n’osent pas, par pure hypocrisie ou pour des intérêts matériels, dire des vérités pourtant tangibles, de peur de perdre les
privilèges acquis auprès de vous.

Oui, en raison des grandes responsabilités que vous m’aviez confiées à la tête des Services Spéciaux, responsabilités que je crois avoir assumées
pleinement à vos côtés pendant douze années sous votre premier mandat à la magistrature suprême, face à l’état de misère que vit notre peuple, de rompre le silence que je m’étais imposé.

Oui, monsieur le Président, si j’ai décidé de m’adresser à vous dans ces circonstances très difficiles et sans précédents que traverse notre pays,
confronté depuis une décennie au cycle infernal des guerres civiles récurrentes, avec le désarroi et les épreuves toujours plus douloureuses pour l’écrasante majorité de nos populations déboussolées, c’est aussi au nom d’une fraternité qu’ensemble nous avons forgée et vécue autour du défunt Commandant Marien Ngouabi. En effet, comment ne pas vous rappeler, en ce moment grave et plein d’émotion, les risques encourus aux côtés de Marien Ngouabi, notre compagnon, pour accomplir notre devoir citoyen face aux multiples périls qui menaçaient déjà les intérêts vitaux de la Nation.

Enfin ma décision est motivée par des raisons d’éthique liées à ma formation de gendarme, c’est-à-dire d’homme de l’ordre et d’équité. Car, pour tant de nobles missions et de devoirs accomplis au nom de la République, je ne pouvais plus me taire et supporter de voir longtemps le Congo, dont vous avez durant douze ans su rehausser l’image hors frontières
nationales, marcher à reculons.

II -RAPPELS

Face à notre jeunesse innocente, mais désespérée, victime du chômage devenu chronique et condamnée à l’exécution des basses besognes des milices privées, comment refuserai-je de témoigner qu’aux côtés de Marien Ngouabi, notre compagnon, jusqu’au moment où vous deveniez Président de la République, Chef de l’Etat en 1979, je vous ai connu comme un homme incarnant l’ordre et respectueux de l’ordre.

Vous avez toujours été un homme d’équité et de droiture, un homme profondément acquis aux valeurs de la République. Hier vous veilliez sur tout et à tout sur l’ensemble du territoire national. Vous étiez ce vrai chef de village qui ne voit jamais le diable.

Quelques faits ci-après, à, priori banals mais pleins de signification illustrent ce que je garde de votre forte personnalité et qui vous caractérisait à l’époque.

En douze ans de 1979 à 1992, aux fonctions de Président de la République, Chef de l’Etat, je vous ai vu vous investir personnellement pour la propreté de Brazzaville ; je vous ai vu réagir parce qu’à certains endroits de la capitale, le gazon n’était pas tondu ; je vous ai vu réagir énergiquement parce qu’en passant en escorte présidentielle, vous aviez
aperçu des militaires mal habillés se balader en plein centre ville ; je vous ai vu allergique aux ordures ménagères qui traînaient ici et là dans Brazzaville ; je vous ai vu rentrant d’un voyage officiel interpeller le Maire de la ville de l’époque Gabriel Emouengue, parce que la haie séparant les deux voies du boulevard de Maya-Maya n’était pas tondue ; je vous ai vu rentrant d’un voyage de l’étranger interpeller l’ancien Maire Jules
Okabando pour lui faire remarquer que la ville capitale était sale.

Depuis votre retour à la tête de l’Etat, du fait de la guerre, « BRAZZA LA VERTE » est devenue « BRAZZA LA POUBELLE » exception faites des périodes éphémères du FESPAM. 

Sur la Corniche, ce magnifique don de la coopération franco-congolaise, derrière l’ancien Etat Major Général des Forces Armées Congolaises, non loin de la Mairie Centrale, une énorme poubelle s’est constituée au fil du temps. Elle s’est développée durant toute l’année 2002 sans déranger personne. Plus loin, en face du Palais de Justice, au pied du panneau « Auberge de la Justice », à côté de l’ancien immeuble Air-France, une autre poubelle de grande envergure a été érigée. Là aussi, elle ne dérange personne, surtout pas les magistrats.

En douze ans, je vous ai vu, le bâton et la carotte à la main, sanctionnant les mauvais, récompensant les bons. Beaucoup de Congolais se souviendront avec moi de vos slogans de l’époque et qui n’étaient pas de la pure publicité. Vous disiez, je vous cite : « il nous faut vivre durement aujourd’hui pour mieux vivre demain ». Vous disiez aussi, je vous cite encore : « il ne faut pas que pendant qu’on serre la ceinture ici, là, on soit en train de la desserrer parce que l’on a trop mangé ». Il n’y avait à cette poque ni arrogance, ni gaspillage autour de vous, vous étiez vous-même un exemple permanent.

Pendant douze ans sous votre direction, je n’ai pas vu des ministres de la République défiler au Trésor et attendre des quart d’heures avant d’être reçus par le Trésorier Payeur Général ; je n’ai pas non plus vu certains officiers supérieurs et généraux se confondre aux civils dans les couloirs du Trésor. Qu’allaient-ils y faire ?

Oui, sous votre direction pendant la transition flexible, certains dirigeants nous ont offert ce spectacle curieux et désolant.

Hier pendant le mono, les cadres du Parti Congolais du Travail (PCT) et les autres citoyens avaient plus de crainte qu’aujourd’hui en démocratie, alors que ce devrait être tout le contraire. Les cadres du PCT qui se mettaient à construire une ou deux villas étaient interpellés en pleine session du Comité Central par la Commission de Contrôle et de Vérification pour justifier leur « embourgeoisement ». Pour de tels motifs, les autres citoyens étaient quant à eux interpellés par la Sécurité d’Etat. Mais aujourd’hui, où le pouvoir est censé être exercé par le peuple et pour le peuple, plus personne n’a peur. Pire, les protégés et privilégiés de la République agissant au nom du pouvoir, narguent le peuple par l’édification par-ci et par-là de véritables îlots (…), un océan de misère.

Je rends cependant hommage à votre attitude pendant le tournant historique du pays qui marque la rupture entre l’époque du Parti unique et celle du multipartisme. Cet événement ne vous a pas fait départir de votre calme habituel et de votre sens du devoir national. En effet, malgré les injures de toutes sortes à la Conférence Nationale Souveraine, et une transition qui vous a dépouillé de tous les pouvoirs de Chef de l’Exécutif, vous avez laissé le processus démocratique aller jusqu’à son terme, c’est-à-dire jusqu’à l’élection de votre successeur, le Président Pascal Lissouba, à la magistrature suprême. Mieux, vous avez contribué à son élection en soutenant sa candidature au deuxième tour.

III - LA TRAVERSEE DU DESERT

Cinq années durant après l’élection du président Lissouba en 1992, vous avez connu la traversée du désert. A ce sujet, le président Houphouët Boigny disait que la défaite est toujours orpheline. Et cela s’est vérifié de 1992 à 1997, où, dans votre caravane, il n’y avait plus beaucoup d’amis ni de copains. On les comptait sur le bout des doigts, il n’y avait plus de griots, plus de courtisans. Il n’y avait plus que Madame Antoinette Sassou Nguesso, votre épouse, vos enfants, vos neveux, vos deux frères aînés Valentin et Maurice et vos fidèles collaborateurs Pierre Oba et Ngouya Tsenzele. Tous les courtisans et les griots avaient pris le large. Dans le ciel au-dessus de la caravane, il n’y avait plus un seul vautour pour assurer ne fusse que la sécurité de la traversée du désert.

Et voici que depuis le 15 octobre 1997, date de la fin de la guerre du 5 juin et de votre retour aux affaires, ils sont revenus, vautours, griots et courtisans, pour vous dire tous, qu’ils avaient prédit votre retour aux affaires et ils ont repris de chanter vos louanges.

Et pourtant, Monsieur le Président, votre retour aux affaires a été accueilli favorablement tant au plan national qu’international. Les propos du Président de la République française Jacques Chirac à Luanda en 1998, quand il affirme que le général Sassou Nguesso était le seul homme capable de ramener l’ordre au Congo, après l’échec du président Lissouba, confirme bien l’approbation de votre retour à la tête du pays par la communauté internationale.

Même les partisans de vos adversaires vaincus, Bernard Kolélas et Pascal Lissouba, avaient pourtant accueilli votre retour aux affaires avec un préjugé favorable. Beaucoup d’observateurs avaient cru comme moi, que votre retour à la tête de notre pays allait apporter un mieux être au peuple congolais compte tenu de votre expérience de treize ans au pouvoir et des cinq années de traversée du désert.

IV - LE TOURNANT POST-CONFLIT

Malheureusement, monsieur le Président, après avoir servi la République sous votre autorité et apprécié vos qualités de grand homme d’Etat et de bon chef de village jusqu’à l’élection en 1992 du président Pascal
Lissouba, je suis aujourd’hui amené à m’interroger sur celui que la presse internationale appelle SASSOU II ou SASSOU III. Que s’est-il donc passé pour qu’aujourd’hui nous assistions à autant de désolation ?

Oui, je m’interroge parce que je ne vous reconnais plus.

La guerre du 5 juin, certes très cruelle pour vous-même et votre famille qui a compté ses victimes, vous a-t-elle tant changé ? Où est donc passée votre rigueur habituelle pour laisser brûler tous les atouts et tout le capital de crédit que vous avez accumulés en permettant à notre pays d’entrer sans effusion de sang dans le multipartisme et la démocratie ?

A propos de la guerre du 5 juin 1997, le président Pascal Lissouba est certes le premier responsable, mais il n’est certainement pas le plus grand vaincu, le véritable vaincu étant le peuple congolais meurtri qui continue à en faire les frais jusqu’à ce jour.

De cette guerre, le peuple congolais n’a récolté que la pire des désolations caractérisées par tant de dégâts humains, matériels, physiques et moraux. Pour des milliers de Congolais, le fruit de plusieurs années de travail perdu, pour d’autres, des familles entières décimées, sans compter les conséquences multiformes de l’après-guerre, faites de traumatismes, de frustrations et d’humiliations de toutes sortes.

Sous votre autorité, la période post-conflit du 15 octobre 1997, caractérisée par l’impunité, a vu se développer et croître les comportements les plus pervers, tel l’engouement pour l’argent facile, l’acharnement pour l’acquisition frauduleuse des biens matériels, la culture du pillage, l’arrogance et le mépris du peuple.

V - DE LA DERIVE MILITAIRE

La victoire militaire du 15 octobre 1997, monsieur le Président, au lieu de redonner à notre force publique ses lettres de noblesse a plutôt vu un certain nombre d’officiers généraux et supérieurs être condamnés au chômage pour n’avoir pas « choisi explicitement le camp politico-militaire qu’il fallait ». Ils continuent de payer jusqu’à ce jour pour n’avoir pas fait le bon choix, alors que la réconciliation nationale est proclamée dans tous vos discours comme un fait accompli.

Et pourtant au mois d’août 1992, lorsque vous quittiez le pouvoir, vous aviez laissé au pays et à votre successeur, le président Pascal Lissouba, une armée nationale unie, digne de ce nom et qui avait jusque là fait la fierté et l’orgueil de notre nation. Je me souviens et je me rappelle encore ce gigantesque défilé militaire organisé à l’occasion du 25ème anniversaire de la révolution des 13, 14 et 15 août 1963. Quelle fierté nationale de regarder passer notre aviation, notre artillerie lourde, nos blindés et nos troupes à pieds défiler devant plusieurs chefs d’Etats africains venus partager avec nous la Fête Nationale.

Aujourd’hui, ce type d’armée disciplinée n’est plus qu’un souvenir, parce que, quatre ans après votre départ, le président Lissouba qui s’est toujours méfié des militaires ayant pourtant assuré la sécurité de son élection au suffrage universel en 1992, désorganisa l’Armée en créant une milice privée, une milice qu’il a fortement armée, non seulement pour rivaliser l’Armée Nationale, mais pour mieux assurer sa propre défense et sa sécurité.

L’armée angolaise, de très loin cadette à la nôtre, avec les pires difficultés d’une guerre de trente ans, plus atroce que celle du Congo, est devenue une force militaire indéniable pour la sous région. Chez nous, pendant cinq ans, malgré tous les moyens financiers qui ont été mis à la disposition de la hiérarchie militaire, nous avons été hélas, incapables de réaliser une simple reprise en mains de la troupe, au plan de la discipline et de trouver des solutions tant soit peu aux problèmes du logement qui se posent globalement à notre Armée. Dans son ensemble, notre Armée connaît de nombreux problèmes de commandement, d’éthique des cadres et de morale sans que cela préoccupe prioritairement le gouvernement de la République.

La sécurisation des personnes et des biens est réduite aujourd’hui à un simple slogan parmi tant d’autres. Les commissariats de police sur le territoire national sont transformés en tribunaux de justice sans avocats... L’argent faisant office d’avocat pour les corrupteurs qui règlent tout en leur faveur souvent contre de pauvres innocents. La Gendarmerie Nationale réhabilitée par la Conférence Nationale Souveraine et qui devait être l’espoir du monde rural et du peuple congolais tout entier se présente aujourd’hui comme un mort-né.

A Brazzaville, excepté l’ancienne brigade de recherche située en face du lycée Savorgan de Brazza, héritage colonial, toutes les autres brigades ressemblent à des kiosques, le cas le plus caractéristique est celui de la brigade sur la Nationale 2, avant d’atteindre le cimetière d’Itatolo. Comment comprendre qu’une brigade de gendarmerie puisse manquer de chambre de sûreté ?

Comment comprendre de façon générale que nos combattants, nos gendarmes habitent hélas à la cité où ils sont locataires. Imaginons qu’une alerte soit donnée, réalisons-nous le temps et les risques pour le soldat locataire ou vivant dans une famille de rejoindre la caserne à pied ! Il peut bien être abattu par l’ennemi puisqu’il ne peut savoir depuis sa maison de quel côté vient le danger.

A l’Armée comme à la Police et à la Gendarmerie la vocation n’existe plus, le recrutement est subjectif. On rejoint actuellement les rangs de l’Armée simplement pour avoir un emploi comme si on allait dans n’importe quelle entreprise. La condition sociale du soldat et du policier en particulier
s’est considérablement dégradée. Il n’est pas rare aujourd’hui, de constater que beaucoup d’entre eux sont contraints d’assurer le gardiennage des boutiques/résidences des étrangers pour joindre les bouts du mois.

L’ordre d’appel a été remplacé par la radiotrottoir. Les visites médicales sont bâclées voire complaisantes. Ainsi c’est tout un ramassis de supplétifs qui vient remplir les rangs de notre armée et de notre police nationale.

A la gendarmerie, les recrutements ne font plus l’objet d’annonce publique, tout se dit de bouche à oreille. Le système d’enquête de moralité n’existe plus. On imagine dès lors la qualité des nouveaux gendarmes. C’est à mon avis une catastrophe pour notre pays.

Dans une armée, on ne peut pas prendre à la légère les problèmes de l’ordre et de la discipline qui font la force et l’efficacité de toutes les grandes armées du monde, pourtant depuis la législature du président Pascal Lissouba, et même pendant la période de transition, on n’a plus respecté les normes de l’avancement, on a instauré l’avancement à saute-mouton, bien souvent facilité par le système des pots de vin.

VI.- DE LA DERIVE AU PLAN DE L’ADMINISTRATION ET DE L’AUTORITE DE L’ETAT

C’est aussi le cas de la Fonction Publique pendant la période de Transition.

Les recrutements y ont été du domaine des initiés. Ils ont été faits sur des bases subjectives et politiciennes. L’admission aux différents concours et examens d’Etat n’a plus obéi au critère du mérite mais à la loi de l’argent et donc de la corruption. Vous avez dû oublier les différentes cérémonies d’émulation scolaires des années 80 que vous faisiez organiser sur tout le territoire national pour encourager et stimuler le mérite. Avez-vous donc oublié cette année là, ce jour là, où un gendarme français, commandant la brigade de gendarmerie de Fort-Rousset vint à Edou, votre village pour vous annoncer votre admission au concours d’entrée au collège de Mbounda à Dolisie. Aujourd’hui, tel que le pays fonctionne, fils de paysan comme moi, perdu dans votre terroir d’Oyo, vous ne seriez jamais admis. Même si vous l’étiez, qui se serait préoccupé de votre « cas » jusqu’à se déplacer dans un village pour vous dénicher ?

L’un des problèmes majeurs de notre pays aujourd’hui est la détresse de l’autorité de l’Etat. L’impunité s’est installée et tout naturellement le désordre règne.

Comment donc restaurer l’autorité de l’Etat si rien n’est entrepris pour sévir contre l’impunité qu’incarne la fameuse phrase : « est-ce que tu as fait la guerre ? ». Cette phrase tristement célèbre était devenue d’octobre 1997 à août 2002 un laissez-passer voire un brevet d’impunité qui pouvait accorder tous les droits, même celui de donner la mort à autrui. Pendant les cinq ans de transition, ceux des Congolais qui ont eu à aller à la maison d’arrêt, l’on été soit parce qu’ils étaient particulièrement malchanceux ou pauvres, soit parce qu’ils n’avaient pas de parrains dans le système, comme si dans notre pays, il y avait deux justices, celle des intouchables et celles des pauvres.

Ceux qui volent, qui fraudent, qui s’enrichissent illégalement et qui devraient être punis sont ceux là qui chantent : « les chiens aboient, la caravane passe » ou « tant pis le ciel ne tombera pas ».

Depuis plus de deux décennies, notre pays n’a plus de véritables services de casiers judiciaires. Tous les Congolais sont aujourd’hui propres et sains. Même ceux qui ont fait plusieurs fois la maison d’arrêt se
retrouvent avec des casiers judiciaires vierges.

Voici plus de deux décennies que notre état-civil, complètement usé par le faux et usage de faux, poursuit son chemin sans que les gouvernements de la République qui se sont succédés aient pris des dispositions pour faire cesser ce spectacle indigne.

Voici plus de deux décennies que le pays fonctionne dangereusement à coup d’attestations d’identité tenant lieu de Cartes nationales d’identité sans que cela ne préoccupe les autorités nationales. La carte nationale d’identité étant pourtant une sécurité pour chaque citoyen en particulier et pour notre démocratie. Il est plus qu’urgent que le gouvernement de la République mette tout en œuvre afin qu’au titre du budget 2003-2004 des dispositions soient prises par l’adoption d’une nouvelle carte nationale d’identité informatisée.

Comment restaurer l’autorité de l’Etat si, ici et là, pendant cinq ans de transition, on a pu observer des hommes d’Etat se livrer sans gêne à un affairisme crapuleux dont le financement est clairement issu des caisses de l’Etat, comme si le pays n’était pas régi par des lois sur l’éthique des agents de l’Etat ?

Comment restaurer l’autorité de l’Etat si, les préfets et sous-préfets qui sont l’expression et l’incarnation de l’Etat, sont choisis et nommés sur des bases de courtisanerie, de copinage, ou de simple appartenance à un parti politique. Garants de la pureté et de l’impartialité de l’Etat, ils devraient pourtant être choisis et nommés parce qu’expérimentés et compétents au sein des grands corps de l’Etat. Aujourd’hui, certains d’entre les préfets et sous-préfets, ignorent tout des obligations de leurs fonctions, d’autres sinon beaucoup d’entre eux ignorent tout de ce qu’est l’ordre, le maintien de l’ordre, les problèmes de défense, les droits les plus élémentaires de leurs administrés. Ils oublient que leur mission première est d’incarner l’autorité de l’Etat par une éthique républicaine, par la droiture et l’équité. Un préfet, un sous-préfet doit mensuellement, trimestriellement, annuellement établir des rapports sur l’état d’esprit des populations, l’état des routes et des ponts, le fonctionnement des formations sanitaires, des écoles primaires, des collèges, des lycées, etc.
Combien ont le courage, au nom de la République, de rendre honnêtement compte de ce qui se passe et se dit à l’intérieur du pays, sans déformation des faits au profit des intérêts partisans ?

Comment restaurer l’autorité de l’Etat si les notions de Chef intègre et modèle n’existent plus, si quotidiennement on assiste à l’arrogance des dirigeants avec l’argent pris impunément à l’Etat au vu et au su de tous, si on assiste à la pratique éhontée des injustices dans notre administration, si les hommes d’Etat, hauts fonctionnaires, agents du secteur public et para-public, se sentent contraints de faire n’importe quoi pour garantir autrement leur retraite.

Comment restaurer l’autorité de l’Etat, si au niveau de la gestion des affaires publiques dans notre pays, les valeurs morales républicaines, le mérite et la compétence ne sont plus des vertus.

VII - DE LA DERIVE AU NIVEAU DES CONDITIONS DE SEJOUR DES ETRANGER

Monsieur le Président, je me demande si vous vous êtes interrogé pourquoi de nombreux officiers et sous-officiers des services de renseignement formés dans de grandes écoles européennes désertent les services de renseignement pour ceux de l’immigration. C’est tout simplement parce que le Congo notre pays est devenu aujourd’hui, plus qu’hier un eldorado, une passoire où les individus de toutes les nationalités du monde entrent et sortent comme dans un moulin, où les visas de séjour sont devenus de vulgaires marchandises au mépris des impératifs de sécurité.

Le contrôle des étrangers est presque devenu inexistant dans notre pays... La corruption qui a gagné certains hauts dignitaires civils et militaires a permis d’offrir, sur un plateau en or, tout le commerce général à une catégorie d’étrangers véreux.

Sans être xénophobe, je ne citerai pour illustrer l’emprise des étrangers sur le fonctionnement de notre administration, que le cas du terrain abritant le bâtiment de la Gendarmerie au marché de Poto-Poto dont une partie a été vendue à des ressortissants ouest africains pour y construire des boutiques et une mosquée. La grande escroquerie financière de l’affaire SALU HUMBERTO BRADA où des milliers de Congolais ont été spoliés et ruinés en est un autre exemple.

Comment expliquer que les domaines militaires qui sont les plus protégés dans d’autres pays soient chez nous, cédés avec autant de facilité, à des ressortissants étrangers ? C’est un scandale Monsieur le Président.

Outre le commerce général et les domaines fonciers urbains, notre pays et particulièrement ses deux capitales politique et économique, sont littéralement envahies par une multitude d’églises dites « de réveil » dont on ignore les véritables enjeux. Il est à craindre qu’un jour la prolifération de ces églises et les réseaux mafieux qui tiennent le grand commerce surprennent les Congolais.

C’est sur le droit fil du constat ci-dessus sur la place et le rôle des étrangers au Congo que je me permets d’attirer votre attention, monsieur le Président sur le phénomène du terrorisme international qui devient un danger planétaire, capable de frapper n’importe où et n’importe quand.

Est-il besoin de vous rappeler qu’en septembre 1989, Brazzaville, notre capitale politique a déjà servi de base opérationnelle au terrorisme international pour poser la bombe qui a fait sauter le DC 10 d’UTA dans le désert du Ténéré ? Cet antécédent tristement célèbre pour notre pays, est suffisamment grave pour que soient dénoncées :
 les facilités accordées aux étrangers au Congo ;
 l’extrême perméabilité et vulnérabilité de nos frontières ;
 la non maîtrise de la situation des exilés ex-militaires ou miliciens disséminés sur une importante partie de notre territoire.

La légèreté avec laquelle notre administration traite le séjour des étrangers au Congo, jusqu’à ce jour, prouve que nos différents gouvernements n’ont pas du tout tiré les enseignements de l’attentat contre le DC 10 d’UTA perpétré depuis l’Aéroport International de Maya-Maya où le laisser-aller poursuit son bout de chamin.

VIII.- DE LA DERIVE AU PLAN ECONOMIQUE ET SOCIAL

L’effondrement de l’autorité de l’Etat et la désorganisation de la force publique ont pour corollaire la débâcle économique et le naufrage social. Pendant cinq ans de transition, notre pays a été financièrement dépouillé et socialement ruiné. Les fiances publiques, les richesses nationales, les patrimoines immobiliers et fonciers, etc., ont été honteusement gérés comme on ne l’a jamais vu depuis l’indépendance de notre pays.

Pendant cinq ans la République a fonctionné à coup de devis fallacieux et de paiements par anticipation (PPA) sans que l’on tienne compte des règles élémentaires de bonne gestion des finances publiques et de tenue d’une comptabilité publique digne de ce nom. Des bureaux et résidences de certains commis de l’Etat étaient devenus à cette époque-là, des mini Trésors publics où des hommes d’Etat et des hauts fonctionnaires y allaient percevoir des frais de missions et autres privilèges.

Pendant cinq ans le Trésor Public et la Caisse Congolaise d’Amortissement ont été transformés en deux abreuvoirs publics où la plupart des escrocs de la République devenus soi-disant opérateurs économiques, au nom de la guerre, allaient et venaient, narguant les vrais entrepreneurs qui se comptent sur le bout des doigts.

La gestion des finances de la République a ressemblé à un plat de « TIEBU-DJEN » où chaque invité pouvait se servir selon la grandeur de sa paume.

Dans un pays où le gouvernement de la République seul pourvoyeur de l’argent prétendu même pour payer les salaires des fonctionnaires, pour verser les pensions de retraite des agents, où le crédit bancaire est limité sinon inexistant, un pays où les banques sont devenus de simples agences de paiement des salaires des fonctionnaires et des agents du secteur privé, un pays où l’économie est paralysée, comment donc expliquer le rythme soutenu de constructions des somptueuses résidences privées tant à Pointe-Noire qu’à Brazzaville voire à l’intérieur du pays ; comment expliquer le rythme effréné d’acquisition de nouvelles voitures de luxe de toutes marques confondues par une poignée de privilégiés ?

L’Etat lui-même, en violation flagrante des textes qui réglementent le renouvellement du parc roulant des administrations publiques et parapubliques, a battu le record d’achat des voitures en cinq ans de transition. Certaines de ces voitures flambant neuves ont été, soit prématurément accidentées par des chauffards, soit purement et simplement maquillées et soustraites du patrimoine de l’Etat à la fin de la transition. C’est un gâchis qui dépasse de loin l’ensemble du parc automobile importé tout au long du plan quinquennal 1982-1986 où notre pays a connu un réel essor aux plans économique et social.

Que dire du patrimoine immobilier et foncier de l’Etat et de toutes les entreprises publiques en liquidation ou en cours de privatisation ?

Que dire précisément des patrimoines immobiliers et fonciers de l’Office National des Postes et Télécommunications (ONPT), d’HYDRO-CONGO, de l’Office Congolais de l’Entretien Routier (OCER), de la MAB et de l’UCB scandaleusement bradés et pris d’assaut par les initiés du système à la suite de leur privatisation ou liquidation, et demain de l’ATC, la SNE, la SNDE, etc., subiront à coup sûr le même sort. Pendant ce temps, l’Etat lui-même est malheureusement obligé d’héberger dans des hôtels particuliers des ministres, des hauts dignitaires et hôtes de marque.

Je mets au défi le Parlement de commettre une enquête parlementaire sur la braderie du patrimoine immobilier et foncier de toutes ces sociétés liquidées ou privatisées. Pendant les cinq ans de transition, la corruption et l’affairisme, deux maux dénoncés régulièrement par vous-même dans vos discours, ont pris des proportions inimaginables. Tous les corps d’Etat ont été gagnés par ce fléau visible et invisible sans qu’aucune disposition effective ne soit prise par le gouvernement de la République pour tenter réellement de l’enrayer.

Sous votre premier mandat à la magistrature suprême, au lendemain du 5 février 1979, vous auriez réagi immédiatement et fermement.

Aujourd’hui, la sanction contre tous ceux qui commettent des actes délictueux dans l’administration consiste à relever un fonctionnaire d’un poste pour l’affecter à un autre qui peut lui offrir quelquefois plus d’avantages que le premier.

Ainsi, on prend les mêmes et on recommence dans un pourrissement total sans perspectives de solution.

Le pays est comme livré aux vautours, et à une meute de chacals qui ne quitteront jamais le lieu du festin tant qu’ils n’auront pas fini d’avaler le dernier morceau du gibier constitué ici par le patrimoine de l’Etat et les richesses nationales. Ici encore, le peuple est surpris par votre manque de réaction.

Dans les Constitutions d’avant et d’après guerre du 12 mars 1992 et du 20 janvier 2002, la déclaration du patrimoine est rendue obligatoire pour tout citoyen congolais qui accède à une fonction d’Etat. Or curieusement, que ce soit sous la législature du président Pascal Lissouba, en passant par la transition de 1997, au début de votre septennat, aucun de ceux qui ont accédé aux responsabilités d’Etat n’a fourni sa déclaration de patrimoine. Et je suis convaincu que le premier septennat va se terminer sans que personne n’aura déposé sa déclaration de patrimoine. Ainsi l’accumulation illicite des biens sociaux peut se poursuivre en toute liberté.

Monsieur le Président,

Si au niveau de la Caisse de Retraite des Fonctionnaires, il y a tant soit peu une amélioration des conditions et du rythme de paiement des pensions, au niveau de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale, c’est un calvaire que vivent nos retraités. La plupart d’entre eux quittent les quartiers périphériques de Brazzaville, parcourant des kilomètres à pied dans l’espoir toujours déçu de percevoir une pension dérisoire de quinze à quarante mille francs CFA. Il est inacceptable que la dépréciation des pensions de retraite à la CNSS ne soit supportée que par les usagers sous l’indifférence totale de l’Etat, pourtant garant de la solidarité nationale. Pire, entre deux pensions que l’on touche hypothétiquement, il se passe quelquefois trois à quatre trimestres de silence, voire plus sans que l’Etat se soucie de savoir comment font les retraités pour subsister.

La gestion financière et sociale de la CNSS mérite du Gouvernement et de votre part, une attention toute particulière.
Le chômage et le désoeuvrement des jeunes qui font l’objet de tant de discours mais jamais d’une tentative concrète de recherche de solutions,
risquent, d’imploser de la façon la plus imprévue dans un pays où personne n’ignore que certains jeunes chômeurs ou désoeuvrés savent manier les armes.

La misère qui sévit à Brazzaville, à Pointe-Noire et à l’intérieur du pays et qui rend aléatoire et précaire les conditions de satisfaction des besoins primaires comme l’eau, l’électricité, le logement et l’alimentation, risque à la longue de menacer sérieusement la paix sociale dans notre pays si au niveau du gouvernement des dispositions ne sont pas prises.

IX - LA DERIVE AU PLAN SANITAIRE

Notre C.H.U. qui regorge d’éminents professeurs de médecine et de brillants spécialistes n’a plus de réputation que son nom. On est à se demander si pendant les cinq ans de transition, il y a été mis un seul sou. Tous les ascenseurs sont en panne et l’on imagine assurément le calvaire des malades qui vont en consultation aux différents étages, surtout lorsqu’il s’agit des personnes âgées. Le transport des malades à dos est devenu une pratique courante. Je dois ici féliciter le nouveau directeur du C.H.U. qui, en l’espace de quelques mois, a pu réhabiliter quelques deux ou trois ascenseurs.

Depuis plus de dix ans les malades hospitalisés dans toutes nos formations sanitaires n’ont plus reçu gratuitement ni aspirine, ni nivaquine. Les malades devant subir une intervention chirurgicale doivent tout acheter eux-mêmes, de la compresse à l’alcool à 90°.

Le service des urgences de cette institution médicale n’a de positif que la présence du personnel. Les médecins de garde n’ont plus que la foi de leur serment, de leur blouse blanche et quelques rares appareils.

Entre la consultation, la délivrance de l’ordonnance, le temps pour les parents de courir chercher les médicaments en pharmacie, encore faut-il avoir l’argent, les malades qui y sont évacués ont tout le temps de trépasser. Il n’y a absolument aucun produit pour les premiers soins.

Aujourd’hui, face à la dégradation du système de santé publique dans notre pays, à la pauvreté et à la précarité généralisée, une écrasante majorité de congolais n’a plus accès au minimum de soins de santé, et certaines catégories au bas de l’échelle sont contraintes de recourir à la pharmacie ambulante dans la rue avec tous les dangers que cela comporte.

X - DE L’EFFONDREMENT DU SYSTEME EDUCATIF

Que dire de ces cinq ans de transition au cours desquels, on n’a enregistré aucun changement notable pour notre système éducatif au bord du chaos ? Quelques milliards ont été décaissés d’octobre 1997 à août 2002 dans ce système, mais pour quels résultats ?

En réalité notre Université qui était l’une des meilleures d’Afrique Noire est aujourd’hui en queue de peloton. Voici bientôt six ans que personne ne sait plus quand commence et quand se termine une année académique. C’est à peine si chaque Faculté ou Institut ne s’est pas élaboré son propre calendrier annuel. L’école primaire et secondaire est devenue un lieu où les parents s’adonnent à une corruption bien organisée faisant des études une simple formalité, étant donné d’ailleurs que le bas niveau de tout le système n’inquiète pas l’Etat qui, demain, pour recruter dans la fonction publique ou accorder des bourses pour l’université, n’appliquera aucune sélection sur des critères objectifs.

La situation la plus paradoxale, celle connue par tous les gouvernements qui se succèdent au Congo, est celle de nos enfants assis, dans certaines écoles, à même le sol, alors que notre pays est producteur de bois. De nombreux enseignants, déçus par leurs conditions de travail, se battent pour obtenir leur affectation ou leur détachement vers d’autres administrations offrant de meilleurs avantages (cas des régies financières).

Quelquefois confinée dans des structures inadéquates, l’école privée qui devait normalement relever le niveau de la compétition face à l’école a, de son côté, versé dans la facilité en recrutant son personnel parmi les diplômés sans emploi n’ayant aucune formation pédagogique. On imagine dès lors le niveau et les conditions d’apprentissages des enseignés.

Monsieur le Président,

Tout cela me donne l’impression ou plutôt conforte l’idée que vous avez laissé faire, pour des raisons que ni l’histoire, ni les générations futures ne comprendront jamais, parce que l’effondrement actuel de l’Etat et de la Nation compromet pour longtemps l’avenir de nos enfants, de nos petits-enfants et nos arrières petits-enfants.

Ce que les Congolais attendent de vous, ce ne sont ni les discours ni les déclarations de bonnes intentions, ni la mise en place des commissions, colloques ou séminaires de réflexion sur ceci ou cela, encore moins l’adoption par le Parlement de lois supplémentaires.

Les maux étant connus et amplifiés chaque jour, les Congolais attendent de vous-même et de votre gouvernement des décisions suivies d’actes qui permettent de restaurer l’autorité de l’Etat, de créer les conditions d’un minimum de justice sociale et d’arrêter net l’impunité. Votre longue expérience à la tête de notre pays (19 ans) et votre connaissance des problèmes et des hommes vous donne une forte capacité de discernement entre ce qui est mauvais et ce qui est bon pour ce Congo meurtri.

Notre pays, plongé dans une crise profonde, multiforme et complexe, a besoin d’un véritable sursaut national. Votre légitimité de sept ans à la tête de notre pays, vous donne les moyens de créer les conditions de ce sursaut. Vouloir, c’est pouvoir, c’est pourquoi je suis persuadé que si vous le voulez, vous pouvez créer les conditions d’un véritable sursaut national nécessaire pour sauver le Congo.

En conclusion, je crois avoir attiré votre attention, Monsieur le Président, sur quelques faits devenus très banals au Congo, mais considérés comme très graves ailleurs où le sens de l’Etat est en réalité.

La dureté de mon message devrait être prise ici non pas comme de l’aigreur, mais comme un désarroi et un cri de cœur, car votre réussite serait bénéfique pour le peuple congolais et vous ferait entrer positivement dans l’histoire de notre pays.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma très haute considération.

Emmanuel NGOUELONDELE-MONGO
Général de Brigade en retraite

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