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Joe Washington Ebina bête noire du régime de Brazzaville

Denis Sassou-Nguesso dirige les deux Congo : c’est l’hypothèse qu’on est en droit de formuler après une série de faits et après la lecture du récit intitulé "Joe Washington Ebina Boycotté par les Trophées "Mwana Mboka"") lu sur le blog d’Eric Mampouya.

Les faits

En effet, après avoir fait la nique à son homologue de la rive gauche au sujet de l’extradition d’Ondjanini, chef rebelle Enyele, ayant trouvé refuge dans la Likouala et de l’extradition de Faustin Munene, opposant militaire rdécéen exilé à Brazzaville ; enfin après l’attaque de la résidence du Président Joseph Kabila le 27 février par des hommes armées "venus de Brazzaville", Denis Sassou-Nguesso a remis ça en influençant une fondation kinoise qui comptait nominer l’incontournable Joe Washington Ebina pour le trophée "Mwana Mboka".

Ce dernier camouflet prouve à suffisance que le vrai parrain du clan des dictateurs en Afrique Centrale, après Bongo, ce n’est ni Paul Biya, ni Do Santos, mais l’homme fort de Brazzaville, un homme qui, sous des apparences affables, est un redoutable disciple de Machiavel doublé d’un prédateur. Plus de trente ans d’exercice du pouvoir plus ou moins interrompu, ce n’est pas rien. Ca force le respect.

Une fondation consacrant une autre fondation

Le prix « Mwana Mboka » fondé par le philanthrope kinois Paulin Mukendi (philanthrope jusqu’à preuve du contraire) est attribué à toute personne ou institution qui participe à l’élévation du niveau de conscience de l’homme africain, quelle que soit la nationalité de cette personne ou de cette institution.

Passés l’épisode de l’ascenseur du CHU de Brazzaville et celui des fosses septiques du Campus « Impérial », Joe Washington présentait un bon profil pour être consacré par la fondation Mwana Mboka. Lui-même Joe Washington étant à la tête d’une fondation, c’était tout à l’honneur de Paulin Mukendi de distinguer un homologue d’un pays voisin. Vilipendé chez lui, cette reconnaissance outre-fleuve de Joe Washington, n’était pas pour lui déplaire car elle confirme, une fois de plus, que nul n’est prophète chez lui. En effet, de peur qu’il ne fasse de l’ombre aux activistes du Chemin d’avenir, ceux-ci ne ménagent en ce moment aucun moyen pour lui mettre les bâtons dans les roues.

C’est donc en vertu de sa très grande implication dans le social que Paulin Mukendi a estimé que Joe Washington Ebina était digne de figurer parmi les heureux candidats au prix Mwana Mboka.

Hélas, c’était compter sans le sadisme des pharisiens de Brazzaville quant au plaisir qu’ils ressentent de voir les Congolais tirer perpétuellement le diable par la queue.

chantage

En effet, confie un membre de la Fondation Mukendi :
« …le comité d’organisation des trophées "Mwana Mboka" avait reçu des instructions fermes et sans appel venant de Brazzaville pour que Joe Washington Ebina ne soit pas nominé.  »

Qui donc a donné ces « instructions » au caractère nazi indéniable ? Quel type d’argument, si ce n’est celui des espèces sonnantes et trébuchantes, un pays voisin a-t-il pu brandir pour faire reculer Paulin Mukendi, ressortissant kinois ?

Les amis de la Fondation Ebina parlent de « main noire ». Nous dirions plutôt « ntia koko  » (dessous de table), une modalité dans laquelle excellent les agents de Chemin d’Avenir. Les milliards de Sassou « ont parlé  ». Ces sous dont le clan ne sait quoi faire, servent à acheter les bonnes consciences et à réduire au silence les indésirables gêneurs. Avec sa manie de stigmatiser la médiocrité du Pouvoir de Brazzaville, Joe Washington Ebina agace. C’est un empêcheur de tourner en rond, ce qui met dans tous leurs états les partisans du satu quo.

« …le nom de Joe Washington Ebina avait été proposé au comité d’organisation à Kinshasa par plusieurs personnes. Mais, grande fut la surprise de constater l’opposition catégorique et ferme du comité d’organisation à la candidature de Joe Washington Ebina. »

Qui est Paulin Mukendi ?

Paulin Mukendi, selon ses biographes, est quasiment disciple de Saint-Martin, se battant pour la veuve et l’orphelin dominés par la misère dans leur chaumière, oeuvrant pour une moralisation de la société congolaise en proie à une foule incroyables de dérives. Tel est Paulin : un saint vivant, un Jean-Paul II de la détresse nationale.

Seulement voila : le gentil Paulin Mukendi a des étranges us et coutumes. Après examen du dossier, nous l’avons un peu trop vite appelé « philanthrope ». Figurez-vous qu’il faut casquer quand on veut être couronné par sa Fondation. Bizarre non ?

"…les nominés aux trophées déboursent chacun la somme de 1.500.000 F CFA  »

Etrange. Quand on aide on ne demande pas rémunération à celui qu’on veut aider ! C’est ce qui s’appelle reprendre de la main gauche ce que la main droite donne ou alors déshabiller Pierre pour habiller Paul. C’est franchement moche.

Que se passerait-il si Joe Ebina aligne néanmoins son million ?

« …même si Joe Washington Ebina payait 10.000.000 F CFA, il ne sera jamais nominé, car les autorités de Brazzaville avaient imposées leur veto à la candidature de ce brave congolais qui chaque jour se bat pour améliorer les conditions de vie des populations en dénonçant haut et fort les injustices et l’incapacité des pouvoirs publics à assurer leur rôle  »
Commentaire : on ne supporte pas que Joe soit récompensé, ni au Congo ni en RDC.

Bande de voyous

Qu’en pense l’intéressé ?

« Interrogé à ce sujet, Joe Washington Ebina a juste fait (…) remarquer que pour ce qui concerne les autorités de Brazzaville "la reconnaissance émane du peuple et non d’une bande de voyous corrompus en col blanc, insensible aux douleurs de leurs contemporains, sans ambition aucune pour leur pays et pour les populations qu’ils sont censés représentés…  »

Bien dit. On est d’accord pour le qualificatif de « voyou  ». Seuls les gens de la pègre vivent de chantage, d’ultimatum, de racket, de trafic d’influence et autres actes délictuels qui alimentent les palais de justice.

Quel est son avis sur Mwana Mboka  ?

Joe Washington Ebina est catégorique : "La reconnaissance ne s’achète pas avec des trophées (…) fussent-ils prestigieux ; mais se gagne tous les jours par le travail ; nous n’attendons pas les trophées et la reconnaissance pour essayer de soulager les douleurs de nos populations et sauver notre pays…".

Que Paulin Mukendi entende bien : « L’altruisme n’est ni un alibi ni un moyen pour se fabriquer une certaine notoriété ou même une célébrité ; c’est tout simplement une manière d’Être parfaitement honnête qui repose sur le fait qu’il est inconfortable d’avoir des gens malheureux autour de soi. On a le sourire quand on aide les aide les autres.  »

Les misérables

"La pauvreté autour de nous nous rend tous pauvres ; la misère autour de nous nous rend tous misérables…"

Il existe une philosophie de la misère et une misère de la philosophie. De Marx à Alfred Sauvy en passant par St-Simon et Victor Hugo, on se trompe de perspective.

Victor Hugo : « Vous voulez la misère secourue, moi, je la veux supprimée »

Qui faut-il combattre ? Que faut-il supprimer ? La misère où les misérables qui produisent la misère ? Regardez le problème qui se pose au sein du clan Nguesso au Congo-Brazzaville. L’argent abonde, la corruption surabonde.

« Que faire du magot ? La question agite avec désolation les cercles du pouvoir. Peut-être par manque de place dans les coffres forts et dans le sous-sol des jardins, il a fallu faire preuve d’imagination, dans un monde où les peuples se révoltent, pour essayer de redistribuer. Redistribuer oui mais à qui et comment ? Au peuple, par exemple par la réparation de l’ascenseur du CHU ? Une dépense pour rien, à somme nulle, a-t-on jugé dans les officines de Mpila, puisqu’on n’a pas besoin du peuple pour se faire élire.  » ( Mwinda mercredi 27 avril)

Les misérables c’est moins les laissés pour compte des faubourgs de Brazzaville et Kinshasa que ceux qui dirigent le pays en faisant mourir les populations de faim et de maladie.

Philosophie de l’aide

L’aide aux pauvres n’aide personne.

Le démographe Alfred Sauvy estime que l’aide renforce la pauvreté. Dans le même temps elle augmente la pression de celui qui aide sur celui qui est aidé.

Les amis de Joe Washington Ebina constatent judicieusement : « En obéissant aveuglément (et peut-être contre argent) aux injonctions du pouvoir dictatorial, corrompus et inique de Brazzaville Monsieur Paulin Mukendi et son comité d’organisation se décrédibilisent. Ils piétinent eux-mêmes les objectifs de ce trophée ainsi que le symbole et les valeurs qu’ils étaient censés défendre lors de la création du trophée "Mwana Mboka". »

Il ne demeure pas moins que les pouvoirs dictatoriaux développeront toujours à leur périphérie des hospices, des ONG, des fondations qui jouent le jeu de la misère.

Depuis que les pays pauvres reçoivent de l’aide de l’Occident, ils sont encore plus pauvres. Jamais la misère n’a été aussi profonde en Afrique que depuis que l’aide est montée en puissance.

C’est formidable de monter au créneau pour stigmatiser. Quant à procéder à une étiologie, il y a lieu de dire que l’ascenseur du CHU est le symptôme, le mal est ailleurs. Il est à Mpila. En s’acharnant sur cet ascenseur, la Fondation Ebina s’attaque à l’ombre pour la proie. Elle panse une jambe de bois. C’est tout le système de santé qui est malade. Le CHU de Brazzaville est l’épiphénomène.
La Fondation Ebina n’a d’ailleurs jamais caché ses ambitions politiques. Il faut être né de la dernière pluie pour croire que les actions humanitaires des Fondations philanthropiques sont gratuites. Le bénéfice est politique. Ce n’est pas nous qui leur jetterons la pierre.

Idem pour Paulin Mukendi, chantre de la charité. Il a fait sien le proverbe : « charité bien ordonnée commence par soi-même  ». Ce bienfaiteur ne nomine que ceux qui peuvent assurer sa renommée. De même on ne prête qu’aux riches, Paul Mukendi ne donne ses prix qu’à ceux qui lui donnent du fric.

« Pauvre Monsieur Paulin Mukendi, si jeune, si brillant et déjà corrompu… ; votre idée géniale de faire la promotion des meilleures éléments de notre société pour les faire connaître et les montrer en exemple auprès de nos populations qui manquent d’exemplarités et de leaders dignes serait-elle devenue une simple affaire commerciale loin de vos idéaux d’antan ? »

Mukendi wa Mukendi s’est donné au plus offrant.
« ..même si Joe Washington Ebina payait 10.000.000 F CFA, il ne sera jamais nominé, car les autorités de Brazzaville avaient imposées leur veto à la candidature de ce brave congolai. »
Les autorités de Brazzaville qui ne savent plus que faire de leur pognon lui ont offert le double, voire le triple. Exit Ebina.

Petit mais fort

« Très cher Paulin Mukendi, le trophée "Mwana Mboka" est intimement lié à votre nom parce que vous en êtes le créateur, vous pouvez encore revenir sur la décision du comité d’organisation avant le 19 mai 2011 pour montrer que vous défendez encore les valeurs universelles de notre génération et que vous n’êtes pas devenu complétement pourri comme ces bandits insensibles sans foi ni loi qui grouillent à Brazzaville…  »

Inutile de ramener Mukendi à des bons sentiments. Il ne lui viendrait pas à l’idée de revenir sur la promesse faite à Sassou de boycotter Joe Washington Ebina. Là où Kabila s’écrase, que pourrait faire un simple citoyen ? Mukendi n’est pas assez stupide pour ne pas le comprendre.

L’affaire Ebina est révélatrice des rapports politiques entre Denis Sassou-Nguesso et Joseph Kabila. Le premier domine le second. Le petit Congo n’a de cesse d’en imposer au grand Congo ces temps-ci. Asile donnée par Sassou aux putschistes anti-Kabila, ressortissants de l’autre rive malmenés quotidiennement à Brazzaville, on ne compte plus les couleuvres que le jeune Joseph Kabila avale chaque fois qu’il y a litige entre les deux Congo. La géopolitique nous a appris que la puissance d’un pays n’est pas fonction de sa taille. On l’a compris dans le binôme Ruanda/RDC. On en est convaincu avec la manière dont Sassou en impose ces temps-ci à Kabila à la tête d’un pays 99 fois plus grand que la Belgique, peuplé de près de 50 millions d’habitants.

Et si Joe Ebina créait son propre prix ? C’est non seulement à ce prix qu’il peut monnayer sa respectabilité dans le coeur du peuple, détenteur du vrai pouvoir ; mais aussi ce serait le meilleur moyen de trier, dans le champ congolais (véritable panier de crabes), le bon grain de l’ivraie.

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