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Le réseau micro finance « GRAF » de Lyon à la rescousse des petits commerçants congolais : Paliers de crédits 30.000 à 800.000 CFA.

S’il y a déjà longtemps que le cinéma français annonçait "Pour 100 briques t’as plus rien", les économistes de notre ex "Mère Patrie" s’imaginent qu’avec 30 000 balles CFA on peut monter une entreprise. En vérité je vous le dis : Ils continuent à nous prendre pour des cons.

Les initiatives visant à repositionner les commerçants dans un secteur accaparé par les étrangers se multiplient :
  La loi n° 19-2005 du 24 Novembre 2005, réglementant l’exercice de la profession de commerçant en République du Congo (article 11) : Les personnes physiques, constituant la catégorie A, sont des commerçants qui exercent leurs activités en marge des formes juridiques prévues pour les sociétés, au moyes des boutiques et des échoppes ou à l’étalage. Les commerces de détail à l’étalage, de fabrique de pains et de transport urbain ou routier sont réservés aux commerçants de nationalité congolaise.
  L’obtention de la carte de commerçant : Fixée à 60.000 CFA, pour les nationaux, alors que les étrangers sont soumis à plus de contraintes.
  Quatorze caisses féminines d’épargne et de crédits : Initiées par le ministère de la promotion et de l’intégration des femmes.
  La facilitation des procédures administratives : Guichet unique du centre de formalité des entreprises (CFE).

En dépit de ces passerelles, l’inculture commerciale des congolais est un écueil à la prise en main du secteur tertiaire. Monsieur Didier Mavouezela, président de la Chambre de Commerce d’Industrie, d’Artisanat et des Métiers de Pointe-Noire et madame Danièle Brunerie, du réseau micro finance « GRAF » de Lyon tentent d’impulser une dynamique bienfaitrice à cette catégorie de commerçants congolais dépassée par l’expérience commerciale des Ouest africains, libanais, indiens, et recensement des chinois qui caporalisent le commerce en détail. Identifiés comme opérateurs économiques à statut particulier : Ni informel ni formel, évoluant en entreprise unipersonnelle, ne possédant guère de statut d’entreprise, ni garantie d’hypothèque, le financement bancaire leur est fermé. Reste alors l’auto financement et la micro finance adaptée aux commerçants nationaux, vivier d’un pan économique non négligeable, pourvoyeur d’emplois.

Ce 19 Août 2006, dans la salle de conférence de la Chambre de Commerce, Danièle Brunerie, experte en micro finance a effectué une mission d’écoute près des petits commerçants congolais. Elle présenté une communication école sur l’ABC de la gestion : Stock, recette et bénéfice :

« Je suis venue de France pour vous écouter, vous comprendre, et rencontrer les intervenants, pour rencontrer les institutions, les femmes et les hommes. Les problèmes sont humains, donc je crois qu’il faut traiter à l’échelle humaine. C’est très difficile quand on ne connaît pas un pays de comprendre et de prendre les initiatives si on n’a pas de bons accompagnateurs. Et là, j’ai des très bons accompagnateurs et je suis persuadée d’être bien encadrée.

Donc l’idée que nous avons eu avec notre réseau, c’est de venir au Congo, puisque c’est un pays en plein développement, un pays qui a une force vive où beaucoup de choses restent à faire et à construire. Il existe déjà de grandes industries. Dans cette optique la population à un rôle important, c’est vraiment le levain pour pouvoir démarrer une économie rassurante et permettre à chacun de vivre, de s’épanouir, et d’arriver à se trouver heureux dans son pays. Parce qu’il y a de grosses difficultés. Aussi, lorsqu’un pays ne peut pas nourrir toute sa population, il y a le danger de l’immigration. Evidemment, lorsque ces personnes émigrent dans d’autres pays elles ont des conditions de vie parfois désagréables, extrêmement pénibles. Tout cela parce qu’elles n’ont pas pu avoir ce qu’elles attendaient. Donc elles arrivent en France.

Donc, le micro crédit que nous pensons mettre en place, aura plusieurs applications, mais ça s’applique surtout aux toutes petites entreprises, aux entreprises créées par une personne, par une femme, par un homme, par un jeune. C’est dans ces structures que nous souhaitons intervenir.

En discutant avec d’autres associations de femmes, d’autres interlocuteurs, nous nous sommes rendus compte, qu’il était très difficile d’aider à un développement quand il n’y a pas une base d’éducation. Pour le développement il faut créer les bases de l’entreprise. Parce que lorsqu’on a deux produits à vendre, on est déjà chef d’entreprise. Et jusqu’à présent je me rends compte que la notion de stock, qui est la propriété de l’entreprise est confondue à la propriété du commerçant. Bien que ce soit lui qui a investi, il doit faire la différence entre la recette et le bénéfice... »

On se rappelle qu’à Brazzaville, en 1977, les boutiques des étrangers reconduits à la frontière, et léguées aux congolais, baptisées (boutique Comité Militaire du Parti), à l’avènement de Joachin Yombi Opango aux affaires, n’ont duré que le temps d’une fleur. Il n’y a point offense à douter de la capacité des congolais à conquérir le commerce de détail.

Le débat a rapidement tourné au « coup de gueule » des petits commerçants se plaignant des tracasseries imposées à ceux qui désirent se livrer à l’exercice du petit commerce au Congo. par Les pratiques mafieuses de ses agents assermentés (impôt, douanes, commerce, ...) seraient elles l’illustration que l’Etat congolais est devenu voyou ? « Ils nous rackettent à longueur de journée ! » a-t-on beaucoup entendu.

Selon Madame Malalou, de la société GPL et commerçante en détail de gaz domestique : Le petit commerçant, c’est le congolais qui pour arrondir ses fins de mois, ou encore pour se faire une activité parce qu’il n’en na pas, s’évertue par ses propres moyens à se frayer un chemin dans le commerce, ce n’est pas un opérateur économique.

Dès que vous démarrez, vous êtes confrontés à de nombreux problèmes : Un matin c’est la police qui se pointe pour vous dire que vous ne pouvez pas exercer comme ça, car il vous faut tel et tel autre papier de la police administrative. Le lendemain c’est quelqu’un de l’environnement qui arrive, pour vous dire que le produit que vous vendez présente un danger environnemental. Donc il vous faut tel et tel autre papier. Le surlendemain ce sont les impôts qui arrivent, malheureusement pas pour toujours vous conseiller mais pour vous frapper. On vous pousse vers la faute pour vous frapper. L’on vous taxe sur le chiffre d’affaires plutôt que sur le bénéfice, alors que le chiffre d’affaires doit servir à l’approvisionnement de la matière première. Donc il y a un problème de la législation. Quand vous voulez vous enregistrer en tant que commerçant vous ne savez pas d’emblée quelles seront les taxes auxquelles vous serez assujetti.

D’autre part, lorsqu’on veut faire une extension, on est confronté aux problèmes de financement. Vers les micro finances, les tracasseries d’autres genres (différents papiers, avaliseur, statut de la société, condition d’accès au crédit,...). En somme il manque un cadre incitatif qui va permettre aux petits commerçants de créer les emplois dans ce secteur. Au regard de ces incongruités, le petit commerce au Congo ne repose sur aucune organisation... euh..Organisée.

Le principe de la couverture intégrale de crédit institué par la COBAC, auxquels sont soumis les banques et les entreprises de micro finances interdisent aux institutions financières de maximiser les risques de non remboursement. A cet effet, les petits commerçants congolais devraient se constituer en Groupement d’Intérêt Economique (GIE), aux fins de bénéficier des produits bancaires et d’asseoir les conditions de garantie.

Monsieur Mboungou Joseph, président de « MICRO-FINANCE.COM » a contribué au débat en ces termes : « ...En tant qu’institution de micro finance nous avons des moyens de mobiliser de l’argent car notre encours de crédit s’élève à cent cinquante millions CFA. Nous avons des demandes que nous ne pouvons pas satisfaire pour cause de garantie. Il faut que l’Etat initie un cadre juridique pour garantir le crédit.
Du côté des agents de l’Etat, dès que vous avancez, ils avancent. Par ailleurs les taux des notaires et comptable agrées sont très élevés... »

Pour Danièle Brunerie, experte en micro finance de réseau GRAF, l’action bienfaitrice viserait à endiguer l’émigration d’une catégorie des congolais en offrant des opportunités d’affaires par des crédits allant de 30.000 à 800.000 CFA. Ceci qui a fait jaser plusieurs participants dont la surface financière des affaires est largement au dessus de cette offre. L’un d’eux a posé la question : 30.000/800.000 en CFA ou en EURO ? En outre les fonds devront être déposés dans une institution bancaire de la place, ce qui fait redouter des taux de préfinancement élevés par rapport au statut de la cible. De vrais faux petits commerçants congolais, car on peut s’imaginer qu’une entreprise ayant un fonds de roulement de cent cinquante millions de francs CFA, n’est pas une petite entreprise.

Au risque de nous tromper, les lois et la pression fiscale au Congo ne visent pas les congolais qui s’en trouvent remorqués. Le Congo gagnerait à défiscaliser à seule fin d’attirer les capitaux étrangers et d’induire les congolais aux rudiments de commerce par l’expérience des autres, tout en freinant la fuite des capitaux. Pour la coopération réseau micro finance/Chambre de Commerce « ... les artisans ou petits commerçants cibles peuvent être mieux regroupés, identifiés, et initiés en fonction des secteurs visés à conquérir, pour un préfinancement éventuel... »

Là encore improvisation et amateurisme ont montré leurs limites.

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