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Les droits des femmes en Afrique ? Un "chiffon de papier"

ADDIS ABEBA (Reuters) Tue July 6, 2004

Un an après son adoption par l’Union africaine, le Protocole relatif aux droits des femmes n’est qu’un chiffon de papier sans force ni portée, dénonce un collectif d’organisations féministes à Addis Abeba où l’UA est réunie en sommet.

Dans un communiqué diffusé lundi, le Réseau des femmes africaines pour le développement et la communication (FEMNET) souligne que les femmes sont toujours des citoyennes de seconde classe à travers le continent en dépit des promesses prises en juillet 2003.

Adopté voici un an au sommet de l’Union africaine de Maputo, au Mozambique, le Protocole relatif aux droits des femmes exige notamment des gouvernements africains l’élimination de toutes les formes de discrimination et de violence à l’égard des femmes.

A l’époque, Amnesty International avait salué un "pas important dans le cadre des efforts faits pour promouvoir et assurer le respect des droits des femmes africaines".
L’organisation de défense des droits de l’homme appelait les gouvernements africains à "faire en sorte qu’une ratification pleine et entière intervienne très vite (...) afin de permettre la mise en application effective de cet instrument".

Un an après, les Comores sont le seul des 53 Etats membres de l’Union africaine à l’avoir ratifié quand il en faudrait quatorze de plus pour permettre son entrée en vigueur.
"Ce Protocole n’est qu’un chiffon de papier sans force", dénonce l’activiste féministe Faiza Jama Mohamed.

"Dans l’Afrique des guerres et de la pauvreté, ajoute la Guinéenne Morissanda Kouate, il y a une place pour les droits des femmes, parce que des femmes jouissant de leurs droits joueraient un rôle de maintien de la paix."

L’entrée en application du protocole, poursuit-elle, permettrait "à des filles d’échapper à la circoncision, d’aller à l’école, de recevoir un enseignement, de se marier légitimement à un âge convenable, d’échapper aux violences, de participer pleinement aux décisions".

90% DE LA PRODUCTION ALIMENTAIRE, 10% DES REVENUS

Le protocole adopté à Maputo prévoit notamment le droit à l’intégrité physique des femmes, leur protection contre les pratiques traditionnelles dangereuses (comme la circoncision) et le droit à l’avortement dans le cas de grossesses dues à des viols et des actes d’inceste ou mettant en danger la vie de la femme enceinte.

Le réseau FEMNET estime à plus de 90 millions le nombre d’Africaines victimes de circoncision ou d’autres formes de mutilations génitales (l’Afrique compte 830 millions d’habitants).

Le texte établit également une égalité des droits entre hommes et femmes face à la scolarisation, au mariage, au divorce, à l’héritage et à la propriété.

D’après certaines associations luttant pour l’amélioration de la condition féminine en Afrique, les femmes représentent 60% de l’activité informelle, 70% de la main d’oeuvre agricole et produisent quelque 90% des denrées alimentaires en Afrique sub-saharienne. En regard, elles ne perçoivent que 10% des revenus.

"La violence physique, la vulnérabilité face aux maladies mortelles, plus principalement le vih/sida, les faibles chances de scolarisation et les barrières légales contre le droit à la propriété se mêlent pour faire des femmes africaines des citoyennes de seconde classe", accuse le réseau FEMNET.

A Addis Abeba, on estime que seuls le Mali et la Namibie seraient sur le point de ratifier le protocole. L’Afrique du Sud a annoncé elle qu’elle ne le ferait pas, au prétexte que sa législation offrirait davantage de protection aux femmes.

par William Maclean

http://www.reuters.fr/

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