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Les évèques du Congo appellent à l’unité du Pool

Le problème du Pool reste préoccupant. Déjà sur l’échelle de sécurité des Nations unies, ce département du sud du Congo a atteint le niveau 4. Le dossier de cette région a été une nouvelle fois mis sur le tapis ce 15 février à Brazzaville, au Centre interdiocésains des œuvres.

A cette occasion, les députés et les cadres d’administration et autres acteurs de la scène politique et de la société civile, tous originaires du Pool, se sont associés aux responsables de l’Ecclésiastique pour s’astreindre les uns et les autres à agir promptement afin de mettre fin aux souffrances qu’endurent les populations de ce département du Congo.

L’ampleur des problèmes qui règnent actuellement dans Pool a été dépeinte par Mgr Louis Portela-Mbuyu, évêque de Kinkala, chef-lieu du département. Le tableau présenté était marqué par des traits sombres, caractéristiques du désespoir des populations et révélateurs de la misère de celles-ci. Pour le prélat : « On ne peut pas, on ne doit pas laisser une population souffrir de cette manière. Tel que c’est parti, c’est une situation qui risque de durer 2, 15, voire 20 ans. » Il a rappelé que c’est depuis le 7 novembre 2002 à Oyo, dans le département de la Cuvette, qu’un accord en 10 points a été établi par le président de la République, M. Denis Sassou Nguesso et une délégation constituée des cadres du Pool. L’application de cette feuille de route a t-il poursuivi n’a jamais été concrétisée sur le terrain.

L’évêque a estimé que les difficultés dans le Pool, secret de Polichinelle, sont étroitement liées au problème des ex combattants toujours détenteurs d’armes de guerre. En guise de proposition à cette crise qui dure depuis 1998, l’évêque a postulé que seule la réinsertion économique des miliciens ninjas pourrait ramener la paix dans la région où il exerce son apostolat. Et de laisser entendre : « Les problèmes aujourd’hui n’est pas d’accuser qui que ce soit, mais plutôt d’étouffer les rancoeurs, de s’unir et de proposer de vraies solutions de sortie de crise (...) »

Dans un discours teinté de syncrétisme à peine voilé, Monseigneur Ernest Kombo a quant à lui convié les sages du Pool à protéger leur département car a t-il argué un étranger ne peut ensorceler dans une famille que grâce à la bénédiction d’un membre de cette lignée. « Même si il se plait à nuire à sa propre famille, le sorcier doit se donner aux siens un temps de répit pour que Bibuchi bi butanga bia buta [1] (...). Après il pourra continuer ses pratiques maléfiques. » Tel était l’expression du cri de cœur lancé par le président du présidium de la Conférence nationale souveraine aux ressortissants du Pool. En revanche, l’évêque d’Owando a déclaré, toujours aussi ésotérique, que lorsque le sorcier ne permet pas le renouvellement de sa famille, ni n’autorise aux jeunes membres de la famille de travailler, ses pratiques n’ont plus raison d’être.

L’ancien président du Conseil national de transition en 1991 a ajouté : « Ainsi le temps est arrivé pour que tous les sages du Pool - y compris lui-même - censés être sorciers s’organisent pour que la famille soit protégée ne serait-ce que pour un temps ». L’ecclésiastique a exhorté les uns et les autres de se départir du complexe de supériorité ou du complexe de leadership pour que le Pool sorte de la spirale de la violence.

Tout récemment, Médecins Sans Frontières a arrêté ses opérations dans le département du Pool. Cette défection, motivée par une insécurité récurrente dans cette partie du Congo, est intervenue après l’arrêt temporaire des activités dans le Pool du Programme des Nations Unies pour le Développement et du Comité International du Cristal Rouge, au grand dam des populations bénéficiaires de l’assistance et de l’aide apportées par ces organismes humanitaires.

Keila Samuel,
Brazzaville, ce 16 février 2006

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