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Les temps forts du discours de Denis Sassou-Nguesso

En 1960, nous héritons d’un pays exsangue de 800 000 âmes à 80%
analphabètes.

Le Congo en tant que pays est à reconstruire dans toute sa globalité :
infrastructures, conscience identitaire dépassant le repli ethnique, les
moyens de communication unissant l’espace Congo.

L’indépendance se révèle une farce.

Les compagnies concessionnaires maintiennent sous perfusion l’économie du nouveau Congo dit indépendant.

Les privatisations, la création d’un parti unique dès l’indépendance et la
révolution qui s’en suivra quelques années plus tard étaient historiquement
conformes aux aspirations citoyennes. Il va de même du besoin du
libéralisme et l’instauration du multipartisme des années 90.

« Une période de relative stabilité a pu laisser augurer quelque lueur de
progrès et permettre la restauration du multipartisme et de la démocratie
pluraliste. Par nos turpitudes obstinées, nous avons brisé l’accalmie et
réussi le funeste exploit de plonger le pays dans une guerre civile sans
précédent qui l’a laissé exsangue ».

Le génie du Président Denis Sassou-Nguesso :

Heureusement la paix est de retour dit-il.

Le Président promeneur nous amène dans son exercice favori : le voyage !

Le Congo, le pays des ambassadeurs ministres d’Etat, sera présent dans le
monde entier promet-il dans son discours devant l’assemblée des
parlementaires réunis en congrès.

Le Congo ouvrira des ambassades dans plusieurs capitales et des
représentations auprès des organisations internationales les plus
importantes. De nouvelles ambassades vont être ouvertes bientôt, notamment
auprès des pays du G8 et des pays émergents où notre présence n’est pas
effective. Le drapeau vert jaune rouge flottera désormais dans le monde
entier.

Le tacle du Président Denis Sassou-Nguesso :

« Le système éducatif congolais qui, pendant longtemps, a été un des
meilleurs creusets de pédagogie et de formation d’Afrique, atteignant,
dans son régime de croisière, un taux de scolarisation de 99%, s’est
brutalement effondré des suites de choix souvent inadaptés. Ces mauvais
choix, nous devons le reconnaître, ont engendré de graves
dysfonctionnements que nous nous efforçons de corriger ».

Le Président n’a pas daigné indexer l’auteur de ces dysfonctionnements.
D’aucuns s’en souviendront du passage au sommet de l’Etat congolais du
Président professeur !!!

Cela dit, inconsciemment ou consciemment le Président ouvre enfin le
registre de la fêlure de sa sieste à la tête de l’Etat congolais.

En effet, la faillite de l’éducation nationale est à l’image de la
faillite générale de la société congolaise.

Promesses du Président Denis Sassou-Nguesso et aveu de l’homme des actions concrètes :

« J’ai parlé du social comme # maillon faible de notre action #, parce
qu’une partie considérable de notre population manque du minimum
nécessaire. C’est notre plus grand défi. L’eau, l’électricité et les soins
de santé ne sont pas encore à la portée de tous. L’emploi non plus. Cette
situation est aggravée par le dépeuplement de nos campagnes au profit des
deux principales villes du pays, Brazzaville et Pointe-Noire, qui abritent
à elles seules plus de la moitié de la population nationale ».

=> C’est le point d’ancrage de ce papier et le point fort du discours du
Président le 13 août 2010.

Mais, avait-il besoin de retourner ce canif dans le cœur meurtri des
congolais ?

Monsieur le Président, nous rappelle qu’il a failli en son action à la
tête de l’Etat congolais ; toutefois, il s’obstine à s’y maintenir sans
aucun espoir de changement y compris son gouvernement pléthorique et
incompétent…

Pays sans éducation, dépourvu de système de santé, sans eau potable ni
électricité où le taux de chômage a largement dépassé les limites du
supportable, le Président a été incapable de souligner le pourquoi de
cette incapacité chronique. Cependant, le Président pense que : « les
échecs au plan social sont imputables, pour une large part, aux
contre-performances de notre économie ». Mais diable qu’est ce que
Monsieur le Président entend par contre-performances !

Monsieur le Président, permettez-moi de vous dire que votre bilan
économico-social est calamiteux. Ce n’est pas moi qui le dit, mais
vous-même, cf. votre aveu : le maillon faible de votre action.

Le chemin d’avenir, la nouvelle espérance : les volets de la jouissance de l’homme des masses !

Le 1er volet de jouissance du Président est la paix. Sans eau potable,
sans électricité, sans système de santé et sans éducation, les congolais
s’enivrent en effet dans la paix sous la contrainte des trains convoyés
par des hommes armés de lance-roquettes et kalachnikovs.

Le 2ème volet de jouissance du Président est l’assainissement de
l’environnement économique et financier, qu’il dit « mené avec rigueur et
méthode » avec une équipe ministérielle pléthorique, incompétente et
kleptomane. Aucun de ses ministres n’a ni projet ni programme d’action.
Tout est résumé en palabres (discours, conférences, promesses, arrogance
et mabanga au rythme du ndombolo). Pouâh !

Le 3ème volet de jouissance du Président ce sont les grands travaux
d’infrastructures de base dit-il exécutés à une cadence globalement
satisfaisante. Non Monsieur le Président, globalement Brazzaville est une
ville sans eau potable et sans électricité. En plus, l’aéroport de
Brazzaville est inachevé. Personne ne croit d’ailleurs qu’il ressemblera
un jour à l’aéroport d’Addis-Abeba. Avec quel personnel (corrompu) et
infrastructures (eau & électricité) croyez-vous pouvoir manager les
services d’un aéroport moderne ?

La pilule d’endormissement de l’homme des masses :

« J’ai décidé d’abroger le décret du 28 décembre 1994 portant suspension
des effets financiers à la suite d’un avancement ou de toute autre
promotion dans la fonction publique ». Attention, ça sera en janvier 2011.
Le salaire minimum dans la fonction publique s’envolera alors à plus de
25%. Le président avoue avec insistance comme s’il avait été sous pression
 : « Le revenu de chaque fonctionnaire, dès janvier 2011, sera augmenté
d’une partie des effets financiers de sa titularisation, de son
avancement, de son reclassement ou de sa promotion, naguère suspendus ».

Rappelons que ce chapitre social a été très applaudi exagérément par le
congrès des parlementaires patriotiques et démocrates soucieux et
responsables du devenir de leur pays :

 la gratuité du traitement du paludisme chez la mère enceinte et chez
l’enfant de 0 à 15 ans ;

 la gratuité du traitement du sida pour, notamment, enrayer la
contamination mère-enfant ;

Cependant, le Président feint d’oublier que les rares hôpitaux du Congo
sont gangrénés par la corruption. Aucun soin gratuit ne sera donc
possible. Les infirmiers et les médecins refuseront de soigner les
paludéens et les sidéens. Le chapitre social, pourtant lourdement
applaudi, est une promesse intenable. Le préalable dans ce domaine est la
lutte contre la corruption dont Monsieur le Président tarde à incorporer
dans un de ces nouveaux slogans fétiches, du genre « soins pour tous d’ici
2050 ».

La municipalisation accélérée et enrichissante :

Les festivités du 52e anniversaire de l’indépendance et la
municipalisation accélérée auront lieu dans le département du Pool en
2012. J’espère au moins que les Ninjas ne vont pas gâcher cette occasion
pour la reconstruction, la réhabilitation et le développement du Pool.
Dont acte !

P. Gnoka.

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