email

Libre opinion : Sassou et les élections gabonaises

(NDLR - Les opinions ci-après n’engagent que leur auteur.)

 Il y a des impostures, qui sont salvatrices comme il existe des coups d’Etat qui valent la peine. « En politique, il n’y a jamais d’amis ni d’ennemis permanents. Il n’y a que les intérêts qui sont permanents. » Concept du pouvoir.

Abomination ou imposture ?

Oui ce qui s’est passé à Libreville relève de l’abomination et d’une grande imposture pour les démocrates africains. Une fois encore l’Afrique vient de « rater ses débuts » (René Dumont) et a reculé de mille ans. C’est avec une tristesse inconsolable que nous venons d’encaisser un coup de la françafrique. Ce qui est sûr, c’est qu’au Congo dans mon pays, une telle imposture aurait eu du répondant. Inconcevable, inconcevable et inconcevable ! Inacceptable et inacceptable ! C’est ce que l’on peut dire sur le drame que vivent nos frères et sœurs gabonais. Après les années de frustration et de soumission, c’est aussi ça la réponse des esclaves lorsqu’ils s’affranchissent ; ils deviennent plus déterminés et plus exigeants.

« L’ennemi de ton ami est ton ennemi. » ; « l’ennemi de ton ennemi est ton ami » et « l’ami de ton ennemi est ton ennemi »

Voilà un drame politique qui fait tourner la tête à plus d’un démocrate africain ; mais paradoxalement la pantalonnade devrait réjouir les anti Sassou. En effet, le locataire de Mpila aurait voulu que tout le monde devienne Président du Gabon, tout sauf un autre Bongo. Ce beau petit pays situé à l’ouest de notre beau Congo est à l’origine du meilleur et du pire qu’ait connu le Congo du 5 juin 1997 à nos jours. Le défunt Père Bongo Ondimba était un grand acteur politique et militaire à la solde de Sassou Nguesso après être devenu son gendre par un concours de circonstance et de très bons calculs stratégiques C’est en effet de Franceville que partaient : chars d’assaut, hélicoptères, avions de chasse, troupes à terre etc…pour semer la mort au Sud du Congo et particulièrement dans mon Pool natal c’est-à-dire contre les résistants Ninjas, Cocoye, Zoulou et Mamba. Le Gabon a sur les mains du sang de plus de 200.000 congolais tués par Sassou Nguesso.

Le paradoxe politique

Curieusement, et pour les congolais (ces frustrés) pour ne pas choquer personne, nous nous réjouissons de l’imposture malsaine d’Ali Bongo Ondimba car Sassou avait tout fait pour ne plus revoir, quel qu’en soit le prix à payer, un autre Bongo dans cette arrière base comme l’est également la Centrafrique où l’inénarrable homme du 5 juin a imposé le Général Bozizé, son automate. Pour poursuivre ses desseins, Sassou en voulait à tout le clan Bongo et souhaitait un Gabon soumis et dégarni de tout « référentiel Bongo ». Il voulait un véritable pantin à sa solde pour assouvir ses pulsions criminelles et imposer une politique régionale d’assujettissement. Il n’avait pas attendu nos états d’âme pour avoir à ses pieds un des trois candidats arrivés en tête comme partenaire pour que quand, ce dernier aurait remporté la victoire, ils se mettent ensemble et mieux nous imposer leur politique dévastatrice à l’échelon régionale et africaine. Pierre Mamboundou (un ami), je l’avais mis en garde qu’en s’alliant avec mon pire ennemi, je le renierai et m’allierai à mon tour à son adversaire. C’est pour résumer la relation selon laquelle : « l’ennemi de ton ennemi est ton ennemi ».

Pourquoi le maître chanteur en est-il arrivé là avec sa belle famille ?

Il arrive des moments où même les plus beaux amours se désagrègent, se distancient et s’effondrent. Sassou n’avait pas marié sa fille à son homologue de bon cœur, comme l’aurait fait tout parent soucieux de l’avenir des siens. Il y avait trop d’arrières pensées. Sassou rêve, depuis son jeune âge, d’assujettir le peuple congolais et régner sur l’ensemble du territoire national en maître incontesté et incontestable jusqu’à ses derniers jours qui, soit dit en passant, arrivent à échéance car on entend au loin le bruit des pleurs. Car cela fait déjà trois mois que Bongo est mort et six mois depuis la première victime de la guerre larvée et du contrat (Edith ) est partie. Car c’est donc par tranche de trois mois qu’ils se quittent chacun.

En effet comme sous son premier règne, Sassou alla demander au Président Mobutu, le secret de sa longévité au pouvoir. Ssessé Seko lui apprit qu’il fallait beaucoup de sacrifices ; égorger des jeunes tous les matins, se laver avec leur sang tous les matins et le tour est joué. En 1991, la Conférence Nationale Souveraine avait recensé plus de 287 jeunes kidnappés à Moukondo par les services de Sassou. Nous obtinres trois témoignages très solides des rescapés. Fort heureusement, sous la pression inébranlable de ma Coordination des Elèves et Etudiants congolais de France, nous arrachâmes la tenue de la Conférence Nationale Souveraine. Sassou tomba sans coup férir.

En 1997, après son coup d’Etat qui fit plus de 200.000 morts, il voulut régner en maître incontesté et incontestable dans un Congo qui lui était acquis à son corps défendant. Mais bien que son coup d’Etat eut été, malheureusement, un succès (grâce à une coalition des armées et mercenaires) il voulut en découdre avec le peuple congolais.

Que faire, alors que la guerre gagnée, le pays n’était pas stabilisé et la paix, jamais revenue pour autant ? La tranquillité d’esprit et la paix de l’âme n’y étaient pas. Le seul endroit d’où devrait venir tout cela était le Gabon où il avait judicieusement placé sa fille. Mais comme je l’avais dit au Président Bongo qui avait fini par me croire : « Edith ne s’était pas mariée avec lui pour son argent ni pour ses beaux yeux. Elle était une monnaie d’échange. Elle était en service commandé pour dérober la formule de longévité au pouvoir ». Au bout du compte Edith est morte prématurément, en échouant à moitié dans sa mission spéciale. Sa mort ne s’est pas passée dans un beau lit d’Hôpital parisien, londonien, Barcelonais ou américain mais dans un pauvre hangar marocain. Sacrilège ! Alors que tous les oiseaux se cachant, viennent toujours mourir à Paris au Val de Grâce, à l’Hôpital américain etc... Edith est morte à un jet de sable de la tombe de Mobutu.

Que s’est il passé pour la fille ? Pourquoi mourir comme ça, comme une « makaya » disent les Gabonais. Seul son père, Sassou sait. Quant à moi, Feu Président Odimba avait commencé à m’esquisser quelques bribes de réponses qu’il fallait déchiffrer en proses et en paraboles. Je vous apprends en passant que j’étais devenu un grand ami et Conseiller spécial du défunt Président à cause de mes excellentes compétences et services rendus et dont il bénéficia loyalement et logiquement et dont même Sassou apprécia la portée.

Un contentieux né du « contrat » mal interprété et exécuté par ignorance du terrain miné

La fille et l’épouse morte ; il fallait arrêter le lieu où celle-ci devrait être enterrée. Normalement, c’était au mari de décider. Car le mariage reste un acquis. Sassou ne trouva pas mieux que de faire un « coup d’Etat » à la hussarde comme il sait bien les faire. Même sur les morts, il montra ses grands talents en arrachant sa fille des mains de son bien cher et tendre époux qui souhaitait enterrer son épouse dans sa Bongoville où ses propres cendres reposeront trois mois plus tard. La guerre était rude. Sassou ne voulut pas lâcher un seul millimètre de terrain au Président Bongo très offusqué, étranglé, peiné et frustré. Ce combat le terrassa moralement au point d’y laisser sa vie.

« Il avait gagné la bataille mais pas la guerre », me dira un matin, le Président Omar Bongo au bord d’une crise de nerfs. En effet il y avait le problème des milliards que Sassou cachait sous le nom de sa fille, tout comme la Villa du Vésinet qu’il fit passer pour la propriété de son frère aîné, un pécheur venu de s bords de l’Alima, sans le moindre sou.

Sassou a beaucoup utilisé Edith Bongo comme prête-nom, notamment dans les comptes de Monaco, « biens mal acquis » dont nous avons les relevés. La mort de sa fille le prit de court. Ses sous étaient devenus un sujet litigieux entre lui et l’héritier Bongo puisque madame morte, c’est l’époux qui en devient l’héritier. Donc devenus litigieux, ces milliards pour les avoir, il fallait la bonne grâce du Président Bongo qui trouvera là le moyen de se venger sur les frustrations subies. J’étais là pour convaincre le Président Bongo de ne pas céder sous aucun prétexte.

La mort du Président Bongo Ondimba

Le Président Bongo mort, il revenait aux enfants Bongo : de Pascaline à la dernière née de pouvoir en jouir. Car à la mort d’Edith, Sassou exigea qu’il amène ses petits enfants au Congo et là aussi les Bongo regroupés autour du patriarche opposèrent un niet cinglant à l’imposteur qui resta sans voix car il ne s’attendait pas à une telle coalition familiale. Et il ne peut régner en maître au Gabon, sur ses 264.000 km2 comme il le fait au Congo. Pour cela, aucune concession ne lui sera faite. Et nous sommes là Conseillers pour veiller.

Les frustrations sont une arme révolutionnaire et terrible quand on vous les retourne

Il ne faut pas faire à autrui, ce que tu ne veux pas qu’on te fasse. Voilà le contentieux entre les Bongo et les Sassou et un contentieux qui risque de provoquer une guerre mondiale car il y a beaucoup d’enjeux. Aujourd’hui, Ali sait combien Sassou lui a rendu la vie difficile pour sa campagne et pour son imposture. Combien de milliards a-t- il misés pour le faire perdre. Et cet ami d’hier, devenu mon ennemi par transitivité pour s’être allié à mon bourreau, sait de quoi je parle. Et c’est la guerre déclarée. Et voila « l’ennemi de mon ami devenu ennemi d’après la théorie de la science politique ».
Question : Le Gabon sera-t-il notre base arrière pour chasser l’imposteur ou la sienne ? Qui vivra verra !

Fait à Paris le 5 septembre 2009.

Maître Tony Gilbert MOUDILOU

Président l’A.E.D.R.A. Militant de la conscience africaine ;
Membre du MCDDI.

Laissez un commentaire
Les commentaires sont ouverts à tous. Ils font l'objet d'une modération après publication. Ils seront publiés dans leur intégralité ou supprimés s'ils sont jugés non conformes à la charte.