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Mathurin Oboukangongo : le secteur de la pêche doit revenir aux congolais

Quand nos jeunes ingénieurs reviennent au pays pour y investir, ce sont avant tout leurs idées qui profitent à la nation. Mathurin Oboukangongo illustre avec brio cet axiome.

Mathurin Oboukangongo, est un jeune congolais ayant étudié dans les instituts canadiens. Il a frotté sa cervelle 20ans durant a celle du peuple de ce pays. Entrepreneur en bâtiment, il est rentré au pays il ya quelques années afin de mettre son intelligence et l’expérience acquise au service de son pays. Il est à la tête d’une société appelée STCA (Société Technologie Canadienne pour l’Afrique) qui emploie 13 ouvriers dans le bâtiment. Mais plus impressionnant encore, ce pasteur entrepreneur vient de construire, sur fonds propres, un bateau de pêche de plus de 2 tonnes. C’est le premier chalutier construit à Pointe-Noire par un congolais sans aide extérieure notamment en matière grise et apport financier. Dans cette interview qu’il a bien voulu accordé à Blanche Simona, il nous parle de ce chef d’œuvre, des obstacles rencontrés dans l’aboutissement du projet, et de ses ambitions. Mathurin Oboukangongo est déterminé à reprendre le secteur de la pêche des mains des étrangers. Il espère bénéficier pour ce faire du soutien du gouvernement.

Blanche Simona : Comment ce projet vous est-il venu ?
Mathurin Oboukangongo : A mon retour du Canada, la réalité sur la situation de mes jeunes compatriotes m’a frappée de plein fouet. Quel taux élevé de chômage ! J’ai passé 20 ans dans mon pays d’accueil. J’y ai appris à ne pas dépendre de l’Etat. Il fallait créer des conditions pour me prendre en charge et prendre en charge certains de mes compatriotes. Essayer, tant que faire se peu, de résorber le chômage. J’ai donc monté cette société dont les activités on commencé dans le bâtiment où j’ai en charge, pour le moment, 13 jeunes ouvriers. Ensuite je me suis dit que la pêche offrait d’autres opportunités. Nanti de mes connaissances en technologie canadienne, la construction d’un bateau de pêche n’a pas de secret pour moi. Il était temps que je mette en exergue mes connaissances dans ce domaine. J’ai donc construit ce bateau de pêche de 6 mètres et d’une capacité de 2,5 tonnes.

BS : Avec quel genre de matériau avez vous construit ce chalutier ?
MO : C’est un bateau construit avec du produit local. Du bois, notamment un mélange de l’iroko et de l’essence. Il est recouvert de fibre de verre et de résine, un produit plastique rendant le bateau plus solide, résistant et plus durable. Le bateau est bien équipé techniquement. Nous avons installé un châssis, un sondeur, un GPS, un sonar qui va nous permettre de repérer le poisson. Mais l’insolite dans cette construction se trouve au niveau du moteur qui n’est pas un moteur marine mais un BJ c’est à dire un moteur de voiture. C’est une stratégie pour nous épargner à la longue d’être confrontés aux problèmes de pièces en cas de panne. Il sera pour nous plus facile de trouver les pièces au niveau local.

BS : Vue la taille de ce bateau, pensez vous qu’il va longtemps résister à la furie de l’océan ?
MO : C’est un bateau qui doit naviguer dans les zones côtières. Il a été conçu pour naviguer dans les zones de 6 à 8 miles marins. Bien sûr que de temps en temps nous pourrions nous aventurer en haute mer.

BS : Pensez vous un jour en construire qui seront destinés à la vente ?
MO : Pas du tout ! Mon combat, si combat il ya, c’est de récupérer la pêche maritime des mains des étrangers qui s’approvisionnent sans penser à nos générations futures. Pour que j’atteigne ces objectifs, il me faut l’aide de l’Etat. Le secteur de la pêche doit revenir aux congolais. Si l’Etat me tend la main, je pourrai construire des navires de 6 tonnes, 20 tonnes pourquoi pas.

BS : A combien peut on évaluer ce chalutier ?
MO : Un bateau de ce genre coûte autour de 10 millions. Ce qui est important ici c’est la stabilité, la sécurité du navire. Il ya des gens qui achètent leurs bateaux à l’étranger sans tenir compte des réalités sur le terrain. Les bateaux de pêche construits en contre plaqué et recouvert de fibre de verre par exemple, sont propres aux milieux marins européens. L’Afrique a d’autres réalités. Je n’ai pas voulu prendre ce projet à la légère. Il m’a fallu un investissement de 14millions car les appareils adaptés sont très sophistiqués. Nous pouvons être prévenu d’un obstacle 30min avant l’impact, tout le temps qu’il faut pour changer de direction.

BS : Quels sont les obstacles que vous avez rencontrés dans l’aboutissement de ce projet ?
MO : Les choses n’ont pas été faciles. Les banques, les grandes sociétés auprès desquelles j’ai sollicité une aide, un crédit m’ont toutes fermé leurs portes. N’est ce pas qu’on ne prête qu’aux riches ? J’ai même eu des moments de découragement. Il ya certainement au milieu de cette jeunesse, ceux qui ont des projets mais qui ne peuvent pas les réaliser car confrontés à des difficultés similaires, difficultés d’ordre financières. Je les exhorte à plus de courage et de ténacité. Ne jamais céder au découragement et avoir foi en ce qu’on entreprend.

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