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Me Malonga : Un homme normal ne rentre pas dans une maison où il y a un serpent

Me Ngoma et Me Irénée Malonga, parties civiles, plaident

"Une pièce dans laquelle se trouve un serpent, personne n’y entre. Comment passer la nuit dans cette pièce si le reptile n’en est pas délogé ?" C’est fort de cette métaphore vénimeuse que Me Irénée Malonga a ouvert et fermé sa plaidoierie dans un procès où les Cobras ont causé plein de deuils et de mortifications.

Acte 15. Brazzaville. Le 8 août 2005. Cour criminelle.
Scène 4.

Plaidoirie du Me Marcel Ngoma (19h10-19h35)

Dans ses observations, Me Ngoma relève le fait que certaines parties civiles ne soient pas auditionnées, alors que le procès tend vers sa fin. Il souligne que ce procès n’est pas un procès contre les forces de l’ordre. Sur ces termes, il continue : « ce procès a été organisé par le ministère public et que les parties civiles s’y sont jointes pour seulement s’informer du sort des réfugiés arrêtés au Beach par les forces de l’ordre » Il ajoute qu’en vertu de l’obligation de la justice, les accusés devraient répondre au faits qui leur sont reprochés. Il appelle le ministère public à aider la cour à renforcer ses convictions intimes des faits.

Me Ngoma engage la responsabilité civile de l’Etat congolais en arguant que tous les moyens utilisés par les forces de l’ordre pour perpétrer ces crimes ont été mis à leur disposition par l’Etat. Il invite la cour à faire jaillir la vérité historique dans le secret de son délibéré. Aussi invite t-il les juges dans la délibération à tenir compte du message du chef de l’Etat, adressé quelques heures plus tôt et qui a appelé tous les Congolais à célébrer dans la joie la fête du 15 août 2005.

Plaidoierie de Me Irénée Malonga

Le 8 août 2005. (16h45min-18h30min)

A son habitude, Me Irénée Malonga attaque par un proverbe : « Un homme normal ne rentre pas dans une maison où il y a un serpent. Tant que l’animal n’a pas été décelé et mis au dehors, personne ne dormira dans cette maison. »

Il rappelle que le rôle du juge est de départager impartialement les parties en conflits. Dans l’expression jamais deux sans trois, la troisième position reflète celle de la collégialité de la cour, à laquelle il appelle à ne pas durcir son cœur dans le jugement. Car menace t-il, le juge sera jugé par les Congolais qui suivent pas à pas ce procès.

Il assure que l’enquête sur la personnalité des accusés, qui tous ne touchent pas aux boissons alcoolisées, a permis à la cour de se faire une idée sur leur comportement et leur arrogance affichée. La cour ne devrait pas oublier que les accusés ont adopté le système de la dénégation systématique des faits, poursuit t-il. Il flatte le juge en stipulant que ce dernier est guidé par la notion du bon sens qui conduit à l’intime conviction.

Il ajoute que ce procès n’est pas celui de l’affaire des disparus du Beach, mais celui des martyrs du Beach. Il appelle le juge à ne pas se laisser influencer par la stratégie des avocats de la défense qui sera basée sur des expressions tels que « le bénéfice du doute, le droit c’est pas la pitié, les faits sont amnistiés,.... » Car attaque t-il ce n’est pas le président de la République qui a demandé de tuer les réfugiés. C’est pour des intérêts personnels que ces crimes ont été commis. Donc les accusés sont exclus des lois de l’armistice.

L’affaire des disparus du Beach, annonce Me Malonga, qui au départ était un film fiction s’est transformé en un film d’actions par la lumières des témoignages et de riches dépositions. L’avocat taxe Marcel Ntsourou de menteur quand celui-ci affirme que les geôles de la DCRM n’étaient pleines que de Ninjas. Les Ninjas capturés ou arrêtés au front étaient exécutés séance tenante. Seuls les réfugiés en provenance de la R.D. Congo étaient emmenés à la DCRM.

Il rappelle que l’acquittement au bénéfice du doute est différent de l’intime conviction. Même si les accusés sont acquittés, il faudrait dédommager les parents des disparus en utilisant la jurisprudence à l’image des naufragés du Djola au Sénégal et de l’accident du DC10 de l’UTA au désert du Ténéré.

Il conclut en ces termes : « si le serpent n’est pas sorti, on ne peut pas dormir dans la maison »

L’audience est suspendue à 20h15min pour reprendre le 9 août à 14h30m.

Keila Samuel,
Brazzaville, le 9 août 2005

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