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Monaco : Le prince Rainier est mort

Le prince Rainier était entre la vie et la mort depuis plusieurs jours. Portrait d’un monarque qui fut également un homme d’affaires.

Altesse sérénissime, duc de Valentinois, marquis des Beaux, baron du Buis, sire de Matignon, comte de Carladès, de Belfort, de Thann et de Rosemont... L’homme le plus titré de la planète régnait aussi sur le plus minuscule des empires. Deux kilomètres carrés qui n’ont plus rien avoir avec le royaume d’opérette trouvé à la mort de son grand-père en 1949.

Un rocher devenu véritable principauté à la force du poignet. Une constitution en 1962, un strapontin à l’ONU obtenu de François Mitterrand, ou encore il y a deux ans un nouveau traité signé avec Jacques Chirac élargissant la souveraineté de ce « grand petit État » comme aimait à l’appeler Rainier.

Sous son apparence bonhomme, ce prince aux pouvoirs bien plus étendus que la reine d’Angleterre a su résister à toute les tempêtes : La mort de son épouse Grace Kelly, icône d’Hollywood devenue princesse en 1956. Les scandales financiers, les séisme médiatique. « Quand Caroline s’enrhume, Le monde éternue », écrivait encore récemment un chroniqueur mondain. Des uniformes des gardiens de prison, aux numéros du Festival international du cirque qu’il a créé en 1974. À Monaco, Rainier III avait vu sur tout, contrôlait tout. Seul maître à bord « avec l’aide de Dieu ». « Deo juvante », le nom de son bateau et la devise des Grimaldi

Un monarque-patron

Si officiellement tout le monde l’appelait « le souverain », officieusement, c’était plutôt « le patron » En un peu plus d’un demi siècle de règne sans partage, Rainier III a su faire de Monaco une entreprise prospère. Sans chômeur, et avec un nombre de comptes bancaires au mètre carré qui dépasse l’entendement : 360 000, soit un peu plus de 10 par habitant !

Dès son arrivée au pouvoir en 1949, le Prince devient homme d’affaires. Il fait de l’État monégasque le principal actionnaire de la très lucrative Société des Bains de Mer... Casinos, hôtels et restaurants dont voulait s’emparer le milliardaire grec Onassis.

Hong-Kong de la Méditerranée, le petit rocher pelé devenu machine à sous attire dès lors les capitaux du monde entier. Epinglé en 2000 par le rapport Montebourg-Peillon qui accuse la Principauté de blanchir l’argent sale. Rainier se fâche et contre-attaque. « Monaco ne peut se laisser traiter comme Paris vient de le faire », affirme alors le Prince qui obtient un dépoussiérage des traités franco-monégasque à son avantage.

« Monaco est le seul pays dont les frontières sont des fleurs », disait pourtant l’écrivain Colette. C’est aussi devenu le royaume du béton. L’œuvre d’un prince-bâtisseur qui a fait passer son territoire de 150 à 200 hectares, dont 40 gagnés sur la mer.

Stéphane Lagarde

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